Homélies du Père Jacques Pineault

C 33 LUC 21, 05-19 (17)

Chimay : 16.11.2025


C33 2025Frères et sœurs, nous approchons de la fin de l’année liturgique. Chaque année, les évangiles de la messe nous annoncent le basculement vers le monde nouveau. Le prophète Malachie (Ml 3,19-20a) que nous avons entendu en première lecture s’adresse à des croyants qui ne savent plus très bien où ils en sont. Les hommes ont longtemps cru pouvoir espérer une rétribution de leur vivant. Mais il a bien fallu se rendre à l’évidence : les justes qui restent fidèles au Seigneur sont souvent persécutés. Par contre, les impies et les partisans du mal prospèrent.

Mais d’après Malachie, le Seigneur a une bonne nouvelle pour nous : le mal n’aura pas le dernier mot. Les croyants ne doivent pas désespérer. Un jour, Dieu manifestera qu’il sait faire la différence : il l’emportera sur les forces de destruction qui agitent les hommes et le monde. Ce sera l’établissement tant espéré de la justice de Dieu. Elle marquera sa victoire sur les ténèbres, sur le mal et sur la mort. « Tous les arrogants, tous ceux qui commettent l’impiété, seront de la paille » (Ml 3,19). Plus tard, Jésus annoncera que ce salut n’est pas que pour les fidèles ; il est offert à tous les hommes. Entre temps, le Seigneur attend patiemment que tous se convertissent à l’amour.

C DÉDICACE DU LATRAN JEAN 02,13-22 (3)

Chimay : 09.11.2025 

LatranFrères et sœurs, nous célébrons aujourd’hui la fête de la dédicace ou consécration de l’église-mère de Rome, la basilique du Latran, la cathédrale du pape, à l’origine dédiée au Sauveur puis à saint Jean le Baptiste et à saint Jean l’évangéliste. Que représente pour la liturgie d’aujourd’hui et pour la spiritualité chrétienne la dédicace d’une église et l’existence même de l’église comme lieu de culte ? Jésus enseigne que le temple de Dieu est tout d’abord le cœur de l’homme qui a accueilli sa Parole. En parlant de lui et du Père, Jésus dit : « Si quelqu’un m’aime, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui » (Jn 14,23) et saint Paul écrit ceci aux chrétiens de Corinthe : « N’oubliez pas que vous êtes le temple de Dieu » (1 Co 3,16). Le croyant est donc le nouveau temple de Dieu : « L’heure vient – et c’est maintenant nous confirme Jésus – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père » (Jn 4,23). Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité partout où ils se trouvent, car l’adoration n’est pas limitée à un lieu physique mais se fait par une attitude de vie intérieure qui vient du cœur. Cela signifie être en communion avec Dieu par l’Esprit Saint et vivre en conformité avec sa vérité, à travers une vie de foi, de consécration, de comportement et d’attitudes qui honorent Dieu. 

C TOUSSAINT MATTHIEU 05,01-12a (10)

Chimay : 01.11.2025

C Toussaint 2025Frères et sœurs, c’est aujourd’hui la fête de tous ceux et celles qui sont dans la joie auprès de Dieu. Dans la première lecture, l’auteur de l’Apocalypse (Ap 7,2-14) nous en fait un tableau enthousiasmant, extraordinaire. Il nous montre que la sainteté n’est pas réservée à quelques privilégiés. C’est une grâce que Dieu prépare pour une multitude innombrable. Dieu la propose à tous ; nous sommes tous appelés à la sainteté. Malheureusement, certains résistent et n’accueillent que péniblement cette grâce très précieuse de Dieu.  

L’auteur de l’Apocalypse (Ap 7,2-14) nous parle de 144 000 personnes qui proviennent de toutes les tribus d’Israël. Ce chiffre représente le très grand nombre de croyants qui forment le nouveau peuple de Dieu. Cette foule immense que nul ne peut dénombrer vient de tous les horizons, du monde juif aussi bien que du monde païen. Au-delà des épreuves et des persécutions, ils découvrent le Christ, « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29). Avec lui, le mal n’aura pas le dernier mot car l’Amour est plus fort que tout. Cette phrase exprime l’idée que l’amour peut aider à surmonter la peur, les difficultés et même la perte, comme le montre l’affirmation « l’amour est plus fort que tout » face à la mort. Elle peut s’appliquer à l’amour romantique, mais aussi à l’amour familial et amical, comme l’amour qu’un parent porte à son enfant ou le soutien inconditionnel entre amis.

La victoire de cette foule immense dont nous parle l’Apocalypse est déjà la nôtre. Cette foule immense est déjà près de Dieu et du Christ. Unis à cette foule par la communion des saints, nous chantons notre espérance en participant à cette fête. Nous attendons le triomphe définitif du Christ sur le mal.

Cet amour de Dieu pour chacun de nous, c’est quelque chose d’extraordinaire. C’est saint Jean qui nous le dit dans la deuxième lecture (1 Jn 3,1-3). Dieu « a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu et nous le sommes » (1 Jn 3,1). Mais la sainteté n’est pas quelque chose que nous pouvons acquérir par nos seules forces ni en accomplissant des performances spirituelles ; c’est Dieu qui nous la communique, même à nous pauvres pécheurs. Ce qui nous est simplement demandé, c’est d’avoir les mains et le cœur ouverts pour accueillir cet amour qui est en Dieu. C’est ainsi que nous pourrons vivre notre condition de fils et de filles de Dieu. Nous vivons des situations difficiles, mais si nous nous attachons au Christ, rien ne peut nous séparer de son amour.

Aujourd’hui, l’Église nous invite donc à fêter tous ceux et celles qui ont réussi leur vie, ici-bas et dans l’autre monde. Dans l’Évangile, Jésus nous présente le chemin qui les a conduits au bonheur. Ce bonheur n’a rien à voir avec celui que le monde nous donne pour modèle. Comme l’exprimait l’abbé Denis Sonnet : « Beaucoup ne pensent qu’à celui des personnes riches, belles, intelligentes, diplômées, pistonnées »[1]. Au contraire, Jésus nous dit : « Heureux les pauvres de cœur… ceux qui pleurent… ceux qui sont persécutés pour la justice… les cœurs purs… les miséricordieux… » Ce message du Christ est proclamé aujourd’hui dans toutes les églises du monde entier. Il nous rejoint tous, nous qui sommes rassemblés en son nom.

Pour beaucoup, le vrai bonheur c’est d’être riche et en bonne santé plutôt que pauvre et malade. Et pourtant, nous voyons bien que les richesses du monde ne suffisent pas à nous combler. Car il vaut mieux être pauvre et en santé que riche et malade. Les gens de ma génération se souviennent certainement de cette citation d’Yvon Deschamps provenant du monologue « L’argent ». L’idée est un dicton populaire qui souligne que la santé est une priorité fondamentale, mais il est important de noter que les inégalités sociales ont un impact direct sur la santé. Des études montrent que les personnes pauvres sont plus vulnérables aux maladies et ont une espérance de vie plus courte. On pourrait même dire que l’adage populaire est faux, car il ne prend pas en compte la difficulté d’être en bonne santé quand on vit dans la pauvreté. Il est plus juste d’affirmer que mieux vaut être riche et en bonne santé que pauvre et malade.  Toutefois le seul qui peut vraiment nous combler et nous rendre heureux, c’est le Seigneur. En allant à lui et en le suivant, nous choisissons « la meilleure part » (Lc 10,42). Mais ce ne sera possible que si nous ne sommes pas accaparés par nos richesses. Ainsi, nous serons entièrement disponibles pour accueillir le salut de Dieu. Car lui seul peut nous combler pleinement.

C’est ce chemin qui a été suivi par les saints que nous fêtons en ce jour. L’Église est fière de nous montrer tous ceux qui ont vécu au mieux l’Évangile des béatitudes. Nous pensons à tous ceux et celles qui ont marqué l’histoire humaine et chrétienne, les apôtres, les martyrs, ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui. Mais la sainteté n’est pas offerte seulement à quelques élites. Elle est pour tous. Pour y parvenir, il suffit d’accueillir le Seigneur et de le laisser agir en nous, de s’abandonner à lui. « Il est le Chemin, la Vérité et la Vie ; c’est par lui que nous allons au Père » (Jn 14,6). Pour les chrétiens, cela signifie que Jésus est le seul moyen d’accéder à Dieu, qu’il est la révélation de la vérité divine et qu’il offre la vie spirituelle et éternelle. 

La tentation est grande de dire que “ce n’est pas pour moi pauvre pécheur”. Cette réplique est une variation de la prière catholique « Priez pour nous, pauvres pécheurs » qui se trouve dans le « Je vous salue Marie ». Elle exprime l’humilité et le sentiment d’indignité, comme si le priant pensait que les bénédictions, la grâce ou les faveurs ne lui sont pas destinées en raison de sa condition de pécheur.  Il faut le dire et le redire, elle est pour chacun de nous ; au ciel, il n’y a que des saints et des saintes. Certains ont été de grands pécheurs, mais ils ont accueilli le pardon de Dieu : pensons à Pierre qui avait renié le Christ, à Paul qui avait persécuté les chrétiens, à saint Augustin qui avait passé toute une partie de sa vie dans la débauche, à François d’Assise et à bien d’autres… Leur rencontre avec le Christ a complètement bouleversé leur vie. C’est ce qu’il veut aussi pour chacun de nous : il est capable de venir nous chercher très loin et très bas.

Alors en communion les uns avec les autres et avec tous les chrétiens du monde entier, nous pouvons chanter : « Dieu, nous te louons, Seigneur, nous t’acclamons dans l’immense cortège de tous les saints » (Jean Fallaix et R. Marthouret CNA 646 – W 1).

[1] Denis Sonet, né le 3 avril 1926 à Plancher-les-Mines et mort le 23 septembre 2015 à Saint-André-les-Vergers, est un prêtre catholique, aumônier puis formateur de conseillers conjugaux et d’éducateurs au Centre de liaison des équipes de recherche (Cler) depuis 1969 et auteur de nombreuses conférences où il reprend les thèmes de ses ouvrages sur la vie sexuelle et affective.

C DÉDICACE DU LATRAN JEAN 02,13-22 (3)

Chimay : 09.11.2025 

LatranFrères et sœurs, nous célébrons aujourd’hui la fête de la dédicace ou consécration de l’église-mère de Rome, la basilique du Latran, la cathédrale du pape, à l’origine dédiée au Sauveur puis à saint Jean le Baptiste et à saint Jean l’évangéliste. Que représente pour la liturgie d’aujourd’hui et pour la spiritualité chrétienne la dédicace d’une église et l’existence même de l’église comme lieu de culte ? Jésus enseigne que le temple de Dieu est tout d’abord le cœur de l’homme qui a accueilli sa Parole. En parlant de lui et du Père, Jésus dit : « Si quelqu’un m’aime, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui » (Jn 14,23) et saint Paul écrit ceci aux chrétiens de Corinthe : « N’oubliez pas que vous êtes le temple de Dieu » (1 Co 3,16). Le croyant est donc le nouveau temple de Dieu : « L’heure vient – et c’est maintenant nous confirme Jésus – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père » (Jn 4,23). Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité partout où ils se trouvent, car l’adoration n’est pas limitée à un lieu physique mais se fait par une attitude de vie intérieure qui vient du cœur. Cela signifie être en communion avec Dieu par l’Esprit Saint et vivre en conformité avec sa vérité, à travers une vie de foi, de consécration, de comportement et d’attitudes qui honorent Dieu. 

C30 2025

C 30 LUC 18, 09-14 (19) Chimay : 26.10.2025

Frères et sœurs, en ce mois d’octobre, mois du Rosaire, on nous rappelle souvent le rôle missionnaire de l’Église. Nous, chrétiens baptisés et confirmés, nous sommes tous envoyés en mission. Notre pensée et notre prière vont vers ces prêtres, religieux et laïcs qui ont quitté leur famille et leur pays pour porter l’Évangile sur d’autres continents, souvent au péril de leur vie. Et nous n’oublions pas ceux qui viennent chez nous pour nous évangéliser. Notre mission à tous, c’est d’annoncer la miséricorde. C’est Jésus lui-même qui nous envoie. Pour mieux répondre à cette mission, nous nous mettons à l’école du Seigneur et à l’écoute de la Parole de Dieu.

Le livre de Ben Sira le Sage (Si 35,15b-22a) nous invite à rectifier l’image que nous nous faisons de Dieu. Il vient nous rappeler que “le Seigneur ne fait pas de différence entre les hommes” (Ac 15,9). L’expression “le Seigneur ne fait pas de différence entre les hommes” signifie que Dieu est un juge impartial qui regarde l’attitude du cœur et non les apparences ou les origines sociales. Il aime tous les hommes et offre le salut à tous ceux qui l’invoquent, sans privilégier une race, une classe sociale ou une religion en particulier. Le cœur de l’homme est ce qui importe, et l’amour, le service et la prière sont les qualités que Dieu valorise.  Il entend la prière et la plainte du pauvre, de l’opprimé, de la veuve et de l’orphelin. Nous pensons à toutes les victimes des guerres en Ukraine, en Afrique et ailleurs. Nous ne pouvons pas rester indifférents face à tant de souffrances. Plus tard, Jésus proclamera que l’Évangile, c’est la Bonne Nouvelle annoncée aux pauvres. « La Bonne Nouvelle annoncée aux pauvres » est une expression clé du message de Jésus, tirée de l’Évangile de Luc (Lc 4,18-19), où Jésus proclame sa mission : libérer les pauvres et apporter un temps de grâce. Ce message est à la fois une promesse de justice divine, une libération face à l’oppression des riches et une restauration de l’ordre des choses brisé par la malédiction.  Et il précisera qu’il se reconnaît à travers celui qui a faim, celui qui est sans vêtement, celui qui est étranger ou prisonnier (Mt 25,31-46). À travers eux, c’est lui que nous accueillons ou que nous refusons.

À moment où il écrit sa lettre à Timothée (2 Tm 4,6-18), l’apôtre Paul se trouve lui aussi en situation de détresse. Il est en prison et il sait que bientôt, il va être exécuté. Toute sa vie a été un combat, mais il est resté fidèle jusqu’au bout. Il s’est totalement impliqué dans sa mission qui était d’annoncer l’Évangile aux nations païennes. Il attend maintenant la récompense promise au “serviteur fidèle”, rencontrer le Seigneur et être avec lui dans son Royaume. C’est là son espérance et sa force. Sa prière est entièrement tournée vers Dieu.

L’Évangile est précisément là aujourd’hui pour mettre en valeur la prière du pauvre. Jésus nous raconte une parabole pour faire passer un message de la plus haute importance. Il nous présente un pharisien et un publicain. Tous deux montent au temple pour prier. Ils pratiquent la même religion, mais ils ne sont pas ensemble. L’un priait pour demander à Dieu de reconnaître ses mérites ; l’autre pour obtenir sa miséricorde. Le pharisien présente à Dieu un bilan impressionnant : il n’a commis aucune faute, il jeûne, il fait l’aumône. Tout ce dont il est fier est sans doute vrai. D’ailleurs, ce n’est pas cela que Jésus lui reproche.

Le problème de cet homme c’est son orgueil. Il est convaincu d’être juste mais il n’a que mépris pour les autres. Il ne se contente pas de se donner des coups d’encensoir. II fait en même temps l’examen de conscience du publicain. Il n’a pas compris que pour être exaucé, il nous faut être plein de bonté et de compréhension pour les autres, même s’ils sont pécheurs. Dieu veut le salut de tous les hommes.

Bien à distance, nous avons le publicain. C’est un homme méprisé et même détesté de tous. Il a pactisé avec l’occupant romain. De plus, il a rançonné la population. Il s’avoue pécheur et se reconnaît coupable. Il est au fond du gouffre. La seule chose qu’il peut faire c’est d’implorer le pardon de Dieu à son égard : « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis » (Lc 18,13).

En nous racontant cette parabole le Christ vient nous annoncer une Bonne Nouvelle : il nous dit que Dieu est Amour. Et cet amour va jusqu’au pardon. Tout cela nous est offert gratuitement et sans mérite de notre part. Celui qui se croit supérieur aux autres n’a rien compris. Comment pouvons-nous nous adresser à Dieu si nous n’avons que du mépris pour ceux qui sont autour de nous ? Si nous réalisons quelque chose de bien, ce n’est pas dû à nos mérites, mais à l’action du Seigneur en nous. Il attend de nous que nous venions à lui les mains vides pour les remplir de son amour. N’oublions pas qu’il a donné sa vie et versé son sang pour nous et pour la multitude, y compris pour les publicains. Il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus (Lc 19,10). Il compte sur nous pour les aimer et les porter dans notre prière.

S’il y avait un secret, ce serait celui-là : « Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé » (Lc 18,14). Les mots sont ceux de Jésus s’adressant à ses disciples. On ne peut pas être plus clair, ni plus explicite pour décrire cette mystérieuse dynamique à l’œuvre dans la Création, dynamique qui brouille nos repères sociaux et perturbe notre instinct de compétition. Cette réalité est d’une telle centralité que la Bible s’échine à en parler, la divulgue, la répète, la serine, la crie sur tous les toits et à toutes les occasions, la déclare à temps et à contre-temps. Ce secret – le moins gardé du monde – décrit le processus qui permet d’entrer dans le royaume de Dieu en passant par le chas de l’aiguille (Mc 10,24-25). Il raconte à qui veut bien l’entendre que le chemin le plus court pour aller à Dieu passe par le point le plus bas, la situation a priori la moins enviable. L’affirmation selon laquelle le chemin le plus court vers Dieu passe par le point le plus bas est une idée théologique et spirituelle qui suggère que l’humilité, la repentance et l’abaissement de soi sont des étapes clés pour se rapprocher du divin. Cette perspective est souvent liée à la croyance que la voie vers Dieu n’est pas celle des conquêtes terrestres ou du statut social élevé, mais plutôt d’un chemin de vulnérabilité et de dépendance envers Dieu. 

Le Dieu de la Bible est le Dieu des exclus, de ceux qui, pour une raison ou pour une autre, sont privés de quelque chose d’essentiel : pauvres, opprimés, orphelins, isolés, abandonnés, ainsi que de tous ceux qui pensent que leur vie n’est pas à la hauteur. Il y a de la place pour beaucoup de situations, et pour toute personne qui consent à se reconnaître dépassée par sa situation. Dieu invite chacun d’entre nous à venir comme nous sommes pour, à partir de là, renouer avec ses bienfaits à notre égard.

En célébrant cette Eucharistie, nous venons nous nourrir de la Parole de Dieu et de son Corps. Le Seigneur se donne à nous pour nous, il vient nous remplir de force pour annoncer l’Évangile. Cette force, c’est la grâce du baptême sans cesse vivifiée par l’Eucharistie. Nous le prions pour que tous les hommes puissent entendre et accueillir cette Bonne Nouvelle qu’il est venu apporter au monde.

C COMMÉRATION DES DÉFUNTS JEAN 06, 51-58

2Nov 2025Frères et sœurs, chacun de nous, nous préférerions que la vie en plénitude se présente à nous sans obstacle ni épreuve. Nous aimerions ne jamais avoir à marcher à l’ombre de la mort, ni à cheminer sur des chemins de croix, ni à descendre dans l’impasse des tombeaux. Nous aimerions ne jamais perdre les proches que nous aimons. Il faut avoir vécu un peu pour comprendre qu’une vie humaine est le lieu de rencontre de ces moments de mort et de défaite. Pourtant Jésus nous dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi ne mourra jamais » (Jn 11,25-26).

En présentant la façon dont Jésus a vécu ces expériences, l’Évangile nous invite à changer de regard sur ces morts. Tout, dans son enseignement donne à voir que ces lieux ne se réduisent pas à des impasses. L’Évangile assure que, dans ces lieux, Dieu parle, et qu’il est possible de l’entendre. La Parole qui s’y murmure est parole de vie. Ces lieux de mort que nous craignons tant ne sont pas exclus de la présence de Dieu. Saint Paul nous le dit : « Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ » (1 Co 15,57).

C 29 LUC 18, 01-08 (23)

Chimay : 19.10.2025

C29 2025Frères et sœurs, dans l’évangile de ce jour, « Jésus dit une parabole pour montrer qu’il faut prier sans se lasser » (Lc 18,1). Voilà un message qu’il veut faire passer en nos cœurs. C’est ce qu’on veut nous faire comprendre dans l’extrait du livre de l’Exode que nous avons entendu (Ex 17,8-13). Il nous montre Moïse suppliant le Seigneur pendant que Josué combat victorieusement les Amalécites. Cette lecture est une réponse à la question que se posaient les hébreux : « Le Seigneur est-il au milieu de nous ou pas ? »

Cette question a été posée par le peuple d’Israël à Moïse alors qu’ils étaient éprouvés et frustrés dans le désert, parce qu’ils manquaient d’eau et craignaient de mourir de soif. Il peut arriver que les circonstances de notre vie nous amènent à la même question car nous sommes nous aussi éprouvés et incertains pour notre avenir. Alors il ne faut pas tomber dans le piège qui nous ferait croire que le Seigneur nous a abandonnés et que par conséquent, nous ne voulons plus croire en ce Dieu qui nous a déjà témoigné son assistance. Il nous a peut-être même secourus plus d’une fois dans le passé !