Homélies du Père Jacques Pineault

A RAMEAUX MATTHIEU 26, 14-27.66 (12)

Chimay : 02.04.2023

 

Frères et sœurs, la liturgie de cette Semaine Sainte nous invite à relire et surtout revivre le récit de la Passion de Jésus. Cette année, nous le faisons dans l’Évangile de saint Matthieu le jour des Rameaux et celui de saint Jean le Vendredi Saint.

A CARÊME 05 JEAN 11,01-45 (16)

Chimay : 26.03.2023

 

Frères et sœurs, avec l’histoire de Lazare, la vérité de la condition humaine nous rattrape : Lazare, l’ami de Jésus, le frère de Marthe et de Marie, est malade, et Jésus n’arrive pas à temps. Devant la mort de Lazare, larmes et chagrin : Lazare est au tombeau, ses sœurs et Jésus lui-même le pleurent. La vie qui est enlevée à Lazare, la peine de ses proches, la mobilisation du voisinage pour apporter du réconfort ne sont en rien anecdotiques. C’est ce que nous appellerions « la vraie vie », celle qui nous arrive chaque jours et sur laquelle nous peinons à mettre du sens : nos parents et nos amis décèdent, nous connaissons le deuil et la tristesse, des proches sont mortellement malades... il n’y pas ici de complaisance au malheur, mais il y a réellement à considérer que l’annonce de la résurrection ne peut être détachée de la réalité de « nos corps mortels ».

A CARÊME 02 MATTHIEU 17,01-09 (13)

Chimay : 05.03.2023

Frères et sœurs, en ce 2e dimanche du Carême, l’Évangile nous recommande moins un effort de jeûne qu’un effort de marche. Quand nous lisons la Bible, nous trouvons beaucoup de gens qui se mettent en marche. Mais à chaque fois, c’est vers un but bien précis. C’est ce qui s’est passé pour Abraham (Gn 12,1-4) : il a dû quitter son pays, sa parenté et la maison de son père ; il s’est mis en marche vers le pays que Dieu lui destinait, sans savoir où il allait ; c’est un défi extraordinaire pour nous qui sommes si souvent attachés à nos sécurités, à notre confort, à nos certitudes, à nos biens, à nos souvenirs. Abraham nous est présenté comme le modèle des croyants qui met toute sa confiance en Dieu et qui accepte de répondre à son appel. « Abraham s’en alla, comme le Seigneur le lui avait dit » (Gn 12,4). L’aventure de la foi d’Abraham rejaillit en bénédiction pour toutes les familles de la terre (Gn 12,3).

A CARÊME 04 JEAN 09, 01-41 (12)

Frères et sœurs, en ce 4e dimanche du Carême, l’Église nous invite à la joie. C’est la joie de ceux qui se préparent au baptême la nuit de Pâques. Pour les premiers chrétiens, ce sacrement était le point de départ d’une rupture avec l’existence qu’ils avaient connue jusque-là. Ils venaient d’un monde sans Dieu dont la vie n’avait pas de sens. Ils avaient le sentiment que c’est seulement par le baptême qu’ils commenceraient à vivre vraiment. Le baptême les arrachait à une vie sans issue. Il leur offrait de participer à la vie divine. Nous avons tous besoin de retrouver cette force et cette joie des premiers chrétiens.

A CARÊME 01 MATTHIEU 04,01-11 (13) Chimay :

26.02.2023

 

Frères et sœurs, depuis mercredi dernier, nous sommes entrés en Carême. Ils sont nombreux ceux et celles qui ne savent plus très bien ce que c’est. Beaucoup pensent d’abord aux privations : on jeûne… surtout entre les repas… on ne mange pas de viande… Les enfants ajouteraient qu’on ne mange pas de bonbons… Oui, bien sûr, tout cela peut faire partie du Carême. Mais ces privations ne sont que des moyens. Notre véritable priorité, c’est le Christ et son message. Quand on a compris cela, tout le reste est accessoire. Nous sommes invités à nous éloigner des bruits superficiels et à nous libérer des bagages qui encombrent. Le Carême n’est pas une période de manque et de privation, mais un temps de retrouvailles avec le Seigneur qui n’a jamais cessé de nous aimer.

La Parole de Dieu de ce dimanche nous apporte un éclairage. Le récit de la Genèse (2,7-9; 3,1-7) nous dit que l’homme a été créé pour devenir un être vivant. Dieu veut notre bien et celui de notre monde. Mais le tentateur cherche à nous détourner de Dieu. Il veut nous faire croire que Dieu a de mauvaises intentions sur nous. Ce n’est là que mensonge bien-entendu. Cependant le soupçon porté sur Dieu est un poison mortel qui empoisonne nos vies.

Aujourd’hui comme autrefois, le Seigneur nous voit nous détourner de lui. Le péché, en langage plus contemporain « la conscience de faire le mal », manifeste toujours une défiance vis-à-vis de Dieu : par l’orgueil – i.e. vouloir se mettre à la place de Dieu ; ou par l’égoïsme – se passer de Dieu et des autres. Ce sont les deux pieds du diable. La stratégie du diable est de nous inciter à nous regarder nous-mêmes, nous et nos besoins, plus que de regarder Dieu, sa bienveillance et les besoins des autres.

En ce début du Carême, le Seigneur nous adresse un appel solennel : « Revenez à moi de tout votre cœur… » (Jl 2,12). C’est une supplication pressante de sa part. Dieu ne veut que notre bonheur. Toute la bible nous dit qu’il est « tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment » (Jl 2,13). Dieu n’est pas là pour nous punir mais pour nous sauver et nous combler de ses bienfaits. C’est avec lui que nous trouvons la joie d’être réconciliés. Et du coup, nous retrouvons l’intimité avec notre Dieu.

Le Carême, non pas quarante jours de pénitence, mais quarante jours de retour vers Dieu. D’où le mercredi des Cendres, premier jour du chemin du Carême, pour que les quarante jours soient un temps de maîtrise des désirs de notre corps (le jeûne), d’attention à nos frères dans le besoin (le partage) et de relation approfondie avec le Seigneur (la prière) : trois domaines décisifs de la vie de tout chrétien et même de toute personne.

Voilà ce chemin qui nous est proposé. Mais sur ce chemin, nous rencontrons la tentation. L’Évangile de ce jour nous dit que Jésus y a été affronté. Derrière ces tentations, il y a quelqu’un : la bible le nomme « le diable ». Il est celui qui cherche à faire tomber. Il est présent dans toutes les luttes de notre vie et n’en démord pas. Jésus a été tenaillé par la faim. Mais il a refusé de céder à la tentation de posséder et de consommer. À la tromperie du démon il répond par un rappel de la Parole de Dieu : « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu… » (Mt 4,4).

Jésus sait très bien qu’avec Satan, on ne peut pas dialoguer. Il choisit de se réfugier dans la Parole de Dieu. Nous l’avons entendu : ce n’est pas seulement de pain que vit l’homme. Manger, c’est vital ; être en accord avec Dieu est encore plus vital : « Tu ne tenteras pas le Seigneur » (Mt 4,7). Ne te prosterne pas devant les idoles, devant les personnes qui cherchent à te faire miroiter de faux biens et encore moins devant le diable. Ces tentations sont aussi appétissantes que le fruit défendu de la Genèse. À nous de choisir si nous voulons vivre en enfants de Dieu et être en relation de fraternité entre nous. Si nous choisissons de marcher à la suite du Christ, nous vivrons ; sinon ce sera la jungle. Et elle existe.

Jésus a résisté au tentateur et celui-ci a fini par le quitter. Le Seigneur nous montre comment faire face à toutes ses attaques. Il nous invite à nous réfugier, comme lui, dans la Parole de Dieu ; les Écritures nous ouvrent le cœur de Dieu. Leur méditation, leur mise en pratique auprès de nos frères, nous rapprochent de Dieu. C’est avec lui que nous trouverons force et courage dans notre lutte contre le mal. Avec le Christ, nous apprendrons à rejeter toutes les publicités mensongères qui courent à travers le monde et nous détournent de l’Évangile. La Lumière de la Parole de Dieu nous est offerte pour éclairer notre vie.

À la fin du Notre Père, nous disons : « Délivre-nous du Mal » (c’est-à-dire du Malin). Satan distille le mal sous toutes sortes de formes. Par exemple : ces égoïsmes qui nous ramènent implacablement au même point et nous donnent l’impression de piétiner ; ou encore ces brouilles, ces séparations, ces jalousies, qui deviennent de véritables prisons qui nous enchaînent et nous asphyxient... Voici le Carême qui nous fait demander au Seigneur de toute grâce de venir guérir notre cœur des handicaps dont il souffre pour que nous devenions libres du mal, pleinement, joyeusement. Grâce au jeûne, au partage et, par-dessus tout, à la prière avec ces instants de cœur à cœur avec le Seigneur où nous reprenons les mots du psalmiste : « Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. Ne me chasse pas loin de ta face, ne me reprends pas ton esprit saint. Rends-moi la joie d’être sauvé » (Ps 50,12-14).

Si nous approfondissons un peu plus les Évangiles, nous découvrirons une bonne nouvelle : qui nous offre la vraie vie : celle qui ne se laisse pas aliéner par le mal. Cependant, nous sommes faibles et nous considérons facilement que la satisfaction de nos besoins matériels justifie de nous écarter de la volonté de Dieu. Si nous ne suivons pas le conseil du Christ, la fatigue devient une raison suffisante pour ne pas prier ; la mauvaise humeur sera une assez bonne raison pour ne pas vivre la charité, et une occasion inattendue suffira à nous faire agir comme nous le voulons, et non pas comme nous avons appris à agir.

À chaque Eucharistie, le Seigneur ne demande qu’à nous nourrir du « Pain vivant descendu du ciel » (Jn 6,51). Il nourrit la foi ; il fait grandir l’espérance et nous donne la force d’aimer. Puissions-nous, tout au long de ce Carême avoir toujours faim du Christ, seul Pain vivant, et de toute Parole qui sort de sa bouche.

A CARÊME 03 JEAN 04, 05-42 (14) Chimay :

12.03.2023

Frères et sœurs, la Parole de Dieu d’aujourd’hui nous parle de l’eau qui vient à manquer et de celle qui est « jaillissante en vie éternelle » (Jn 5,14). Le livre de l’Exode (17,3-7) nous rapporte un moment où le peuple assoiffé dans le désert a mis Dieu au défi de combler sa soif. Il venait de quitter une terre d’esclavage, l’Égypte, pour se rendre en Terre promise. Mais pour y parvenir, il fallait traverser le désert de Sîn d’oasis en oasis. Et à l’étape de Réphidim, l’avant-dernière étape avant le Sinaï, il n’y a pas d’eau. Le manque d’eau, c’est une question de vie ou de mort. Alors que faire ? Le texte nous dit que les Hébreux ont récriminé contre Moïse : « Pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir de soif avec nos fils et nos troupeaux ? » (Ex 17,3). C’est bien beau de nous avoir fait sortir d’Égypte pour conquérir notre liberté ; mais si c’est pour mourir dans le désert, à quoi bon ? Il vaut mieux être esclaves et vivants que libres mais morts. À travers Moïse, c’est contre Dieu que les Hébreux se révoltent ; pourtant le Seigneur n’a jamais cessé de nourrir et d’abreuver son peuple rebelle : il lui a donné l’eau et la manne dont il avait besoin pour reprendre des forces. Grâce à cela, le peuple a pu marcher jusqu’au Sinaï et recevoir une autre nourriture, la Parole de Dieu.

A CARÊME 01 MATTHIEU 04,01-11 (13)

Chimay : 26.02.2023

 

Frères et sœurs, depuis mercredi dernier, nous sommes entrés en Carême. Ils sont nombreux ceux et celles qui ne savent plus très bien ce que c’est. Beaucoup pensent d’abord aux privations : on jeûne… surtout entre les repas… on ne mange pas de viande… Les enfants ajouteraient qu’on ne mange pas de bonbons… Oui, bien sûr, tout cela peut faire partie du Carême. Mais ces privations ne sont que des moyens. Notre véritable priorité, c’est le Christ et son message. Quand on a compris cela, tout le reste est accessoire. Nous sommes invités à nous éloigner des bruits superficiels et à nous libérer des bagages qui encombrent. Le Carême n’est pas une période de manque et de privation, mais un temps de retrouvailles avec le Seigneur qui n’a jamais cessé de nous aimer.