Troisième dimanche de Pâques
année C
Scourmont, 4 mai 2025
Ac 5, 27b-32.40b-41 ;
Ps 29 (30), 3-4, 5-6ab, 6cd.12, 13 ;
Ap 5, 11-14 ; Jn 21, 1-19
Jésus, le Messie, et ses disciples
Jésus vient pour la troisième fois rencontrer ses disciples après sa mort sur la Croix et sa Résurrection. L’Évangile met en avant deux récits pour faire comprendre la réalité de cette rencontre étonnante. Le premier récit se déroule lors du passage de la nuit au jour. La rencontre des personnes se passe au lever du jour, quand l’obscurité de la nuit laisse la place peu à peu à la lumière du jour. Les apôtres se sont consacrés à la pêche toute la nuit sans rien prendre. La nuit est le temps de l’échec. Nous avons tous fait l’expérience de ces efforts nocturnes qui ne servent à rien parce que c’est la nuit. On est alors dans la tristesse, la fatigue, le découragement. Mais voilà qu’au matin, un inconnu lance un appel. Jésus, lui aussi, sort de la nuit, la nuit de la Passion, de sa condamnation à la mort de la Croix. Jésus est déjà sorti de cette nuit, mais les disciples ne le reconnaissent pas encore. Il les invite alors à jeter une fois encore leur filet. Cette parole de Jésus fait renaître la confiance dans le cœur des disciples ; elle donne du courage pour tout recommencer une fois encore, et le miracle, inattendu, se produit.
Jésus nous rejoint ainsi en toute parole d’encouragement pour notre vie, en toute parole qui réveille en nous la confiance, qui était disparue. Tout devient possible, bien au-delà de ce que nous espérions. Nous croyons alors que Jésus est vivant et, avec lui, notre vie sur terre est possible. Nous avons facilement le sentiment d’être responsables de nos échecs, mais lorsque vient la réussite, alors elle nous apparaît comme un véritable miracle, comme quelque chose qui ne vient pas de nous mais qui nous est donné. C’est Jésus lui-même qui fait le don inespéré, puisqu’il a tout reçu de son Père après son échec et sa mort sur la Croix. C’est pourquoi il peut nous faire découvrir que la vie est un cadeau de Dieu, le fruit de l’action de Dieu en nous.
La deuxième image de ce récit n’est pas celle du passage de la nuit au jour, mais de la mer à la terre. Les disciples sont sur la mer et Jésus est sur la terre. La mer représente un lieu difficile et parfois dangereux. Lorsque nous disons, de manière générale, qu’il nous faut ramer dans notre vie, nous exprimons combien la vie est difficile, comme la mer dans ses vagues. La mer représente la vie dans sa dimension d’effort, de combat, de travail. C’est d’autant plus difficile que parfois on se fatigue pour rien. Il arrive que l’on travaille toute une nuit, que l’on passe un moment de silence et de ténèbres, sans obtenir de résultats : employer le mot « ramer » dit bien cette difficulté de notre vie humaine. Face à la mer sur laquelle les disciples se trouvent épuisés par une nuit d’efforts inutiles, il y a le rivage, en limite d’une terre où l’on se trouve en sécurité. Jésus est sur le lieu de sa victoire par rapport à la mort, dans l’attente de ceux qu’il peut sauver. En fait, cette terre représente déjà le ciel, car Jésus ressuscité appartient au ciel. Notre vie sans Dieu est comme une vie en pleine mer, alors que la terre apparaît comme le lieu de la vie avec Jésus, un commencement du ciel, qui n’est pas la mer qui engloutit. Parce qu’ils croient en sa Parole, les disciples de Jésus peuvent le rejoindre sur la terre ferme.
Frères et sœurs, lorsque nous cherchons à nous imaginer ce que sera notre rencontre avec Dieu après notre mort, nous pensons à quelque chose de grandiose qui nous fait peut-être un peu peur. Nous serons totalement surpris, déroutés par cette rencontre, non pas peut-être parce qu’il y aura une fanfare extraordinaire à couper le souffle, mais au contraire parce que cela sera tout simple, infiniment simple comme est simple l’amour véritable : un feu de bois, quelques poissons grillés et du pain suffiront à Dieu pour nous exprimer son amour, pour nous donner totalement sa vie en son Fils Bien-aimé. Tout l’amour de Dieu est là dans ce repas, que Jésus nous offre au lever de ce jour nouveau. Il a préparé lui-même un peu de pain, quelques poissons, un feu de braise. Ce qu’il nous donne, c’est son corps livré au feu de l’amour sur la Croix et donné en nourriture pour que nous vivions pour toujours avec lui. Cette nourriture du ciel nous est offerte en cette eucharistie pour rencontrer le Christ vivant avec Dieu, pour entrer en communion avec tous ceux qui partagent le même pain et boivent la même coupe. Déjà, ce repas partagé, préparé par Jésus, nous donne de comprendre que Dieu est tout proche, profondément humain, et qu’il nous donne d’entrer en communion avec ceux qui vivent la même communion avec les frères et les sœurs. L’amour du Père touche notre cœur par les gestes les plus simples, le partage du pain et du vin. En Jésus, son Fils, sa vie divine s’est unie pour nous à une vie infiniment humaine. L’Esprit nous unit tous dans l’unité pour former un seul peuple dans la communion avec Dieu.