Homélies et conférences du Père abbé - Dom Damien Debaisieux

Noël 2023

(Lc 2,1-14)

« Je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple » (10). Frères et Sœurs, voici les mots de l’ange aux bergers dans la nuit de Noël. Et cette nuit, les bergers, c’est nous, et c’est donc à nous que l’ange annonce une bonne nouvelle ; nous, selon l’étymologie grecque, qu’il évangélise. Alors quelle est cette bonne nouvelle ? La naissance d’ « un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur », dit-il (11). La suite de la vie de Jésus, sa Résurrection, nous fera entrer dans ce mystère du Salut qu’il nous offre. Mais cette nuit, à la crèche, que pouvons-nous percevoir de ce salut ? Quelle est la bonne nouvelle de cet évangile, de cette naissance ?

Immaculée Conception 2023

Marie, nous dit l’Eglise, a été « préservée intacte de toute souillure du péché originel ». Parler de l’Immaculée Conception, c’est donc revenir à cette notion, très latine, augustinienne, du péché originel. Alors, je ne vais pas donner ici un cours de théologie, mais, à l’écoute de la première lecture, du livre de la Genèse, tenter de dire quelque chose de ce péché. Dire d’abord qu’à l’origine, l’originel n’est pas le péché, mais bien la grâce, le bien : « et Dieu vit que cela était bon… cela était très bon » (Gn 1,10.31). Mais le péché advient lorsque l’homme, la femme, désirent, convoitent de devenir Dieu : « vous serez comme des dieux », leur dit le serpent (Gn 3,5). En soi, pourquoi pas ? Et n’est-ce pas d’ailleurs ce à quoi nous sommes destinés ? La deuxième lecture nous le rappelait : « Le Père […] nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs

Saint Benoît

(Prov 2,1-9 ; Ps 33 ; Col 3,12-17 ; Mt 19,27-29)

2023

Frères et Soeurs, pour méditer ensemble en cette fête de saint Benoît, les textes que nous venons d’entendre peuvent nous donner quelques points de repères pour notre vie, comme si c’était Benoît lui-même qui nous les adressait.

26e dimanche ordinaire A

(Mt 21,28-32)

Octobre 2023 

Frères et sœurs, dans cet évangile, nous sommes à Jérusalem, ville dans laquelle Jésus est entré triomphalement la veille, « roi… monté sur une ânesse » (21,5). Plus précisément, nous sommes dans le Temple, ce temple que la veille, là encore, Jésus a purifié en en expulsant les marchands, mais aussi en y guérissant « aveugles et […] boiteux » (14). Pendant trois chapitres, les chefs des prêtres, les scribes, les pharisiens ou autres saducéens, vont s’opposer à Jésus et Jésus va leur faire face jusqu’à ce que, trois chapitres plus loin, ils s’imaginent triompher de lui en le livrant à la mort. Avec leur attitude, nous sommes loin du « chemin de la justice » par lequel « Jean le Baptiste est venu à » eux, mais chemin qui a interpelé par contre « publicains et […] prostituées » (32), et auquel sont restés indifférents « grands prêtres et […] anciens du peuple » (23). Comment s’expliquer cet aveuglement du clergé de l’époque, alors que Jésus, nous l’avons dit, guérit des aveugles dans le Temple, comme il l’avait fait juste avant son entrée à Jérusalem ? Et est-ce que cet aveuglement est aussi, peut aussi, être le nôtre ?

11e dimanche ordinaire A

(Mt 9, 36 – 10, 8)

Juin 2023 

« Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. » (36).  Frères et Sœurs, il y a 2000 ans, Jésus voyait des foules, des personnes en masse, comme abandonnées, esseulées, perdues. Et si nous suivons l’actualité, si nous regardons, écoutons, autour de nous, il semble bien que cela n’a pas changé. Or, si chacun revendique son autonomie, son indépendance, voire son individualisme, chacun aussi recherche une direction commune, un sens ; quelque chose, quelqu’un qui nous rassemble, qui nous rassure ; qui nous indique que nous sommes dans la bonne direction ; qui nous dit que nous ne sommes pas seuls, que nous sommes aimables, que nous sommes aimés... Mais, face à tous les défis de notre vie et à l’évolution de notre monde, ce quelque chose, ce quelqu’un semble manquer, et nous sommes, nous aussi, parfois « désemparé(s) et abattu(s) comme des brebis sans berger. »

Saint Bernard

2023

Frères et sœurs, en cette fête de saint Bernard, j’ai simplement relu les deux premiers sermons de son commentaire du Cantique des cantiques.

Saint Bernard nous met en garde contre deux maux : « le vain amour du monde et l’amour excessif de soi » « qui sont […] les plus redoutables adversaires de l’âme », dit-il. Au premier – la mondanité - il oppose la raison qui démasque la vanité pour faire apparaître la vérité. Au second – l’amour de soi - il impose la discipline, l’ascèse. Il nous faut nous détourner du monde et de nous-mêmes pour que l’Esprit nous prenne sous son ombre, pour que le Christ nous rompe le pain de sa Parole. « Que vos regards qui se fixent sur moi n’aillent rien attendre de moi », écrit l’abbé de Clairvaux. Il s’agit, comme lui, d’être « de ceux qui attendent, mendiant […] la nourriture de [l’] âme. » Se reconnaître « pauvre et indigent », « ‘frapp[ant] ‘à la porte de celui qui ouvre’ […], en quête de lumière […], espér[ant] cette grâce de [la] bienveillance » du Christ.

4e dimanche de Pâques A

Jn 10,1-10

Avril 2023

« Je suis la porte des brebis » (7). Voilà comment Jésus se qualifie, comme une simple porte, dirions-nous, mais surtout comme LA seule véritable porte. Alors que nous fêtons, en ce temps pascal, son passage de la mort à la vie, son passage du monde au Père, Jésus nous dit qu’il est l’unique passage, le passage obligé ou refusé. Si nous voulons « la vie en abondance » (10),  il nous faut, comme Jésus le dit, « écout(er) sa voix […], le suiv(re) […], entre(r) en passant par » lui (3.4.9). Jésus est pour nous la porte de la vie et alors, évidemment, nous pouvons nous demander si c’est effectivement le cas, s’il est le passage que nous utilisons chaque jour.