Homélies et conférences du Père abbé - Dom Damien Debaisieux

Chers Frères, en débutant ce Carême, lors de l’homélie du Mercredi des Cendres, nous avions évoqué l’hypocrisie, la dualité plus ou moins prononcée qui habite chacun de nous. Et nous étions invités, pendant ces 40 jours, à nous en affranchir, à nous libérer du regard sur soi, du regard de l’autre, à faire grandir la personne que nous sommes et non pas le personnage, en regardant Celui dont l’amour ne peut nous manquer. L’hypocrisie, disions-nous, était finalement l’expression de cette peur de ne pas être aimé, et elle était aussi une entrave à la foi puisqu’elle ne s’appuyait pas sur Dieu, le reléguant à la seconde place, le rejetant en dehors de la ville.

L’Annonciation 2020

(Luc 1,26-38)

Chers frères,

en cette fête de l’Annonciation, comme neuf mois plus tard en celle de la Nativité, c’est le mystère de l’Incarnation que nous célébrons : « Et le Verbe s’est fait frère » comme l’a écrit le Bienheureux Christian de Chergé. Ainsi, face à cette proximité de Dieu dans chacune de nos vies et dans celle de notre communauté, nous pouvons reprendre la question de Marie : « Comment cela va-t-il se faire… ? » Comment Dieu peut-il se faire si proche et comment Dieu peut-il être frère, être dans le frère ? « L’ange lui répondit : ‘L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre’ ». C’est donc l’Esprit qui est ici à l’œuvre et que nous devons discerner dans notre quotidien.

(Jn 1, 29-34)

Frères et Sœurs, Jean-Baptiste, que Jésus a qualifié ailleurs de « plus grand des enfants nés d’une femme » (cf. Mt 11,11), est assurément une figure étonnante. Cet homme, dont parle uniquement le Nouveau Testament, est pourtant le dernier représentant de cette longue lignée de prophètes de l’Ancien Testament. Cet homme, arrivé juste à temps pour désigner Jésus comme Celui qui vient, est aussi celui dont on a parfois l’impression qu’il est arrivé juste un peu trop tôt et qu’il est déjà trop tard pour lui pour participer pleinement à l’évènement Jésus.

Frères et sœurs,

dans le cadre des chapitres que je donnerai à la Communauté durant ce Carême, je m’appuierai sur les prédications que le Capucin Raniero Cantalamessa a données l’année dernière au Vatican. Or, sa première conférence reprend l’évangile d’aujourd’hui, conférence qui va donc nous servir de canevas pour cette homélie.

(Lc 2,16-21)

Frères et sœurs, quand le Concile d’Ephèse en 431 donne à Marie le titre de Theotôkos, le titre de Mère de Dieu, la tradition dit que la foule accueillit dans la plus grande joie cette nouvelle, peut-être à l’image des bergers qui « glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu ». Il y avait dans cette joie de la foule, comme nous y invite l’Eglise aujourd’hui, une réelle dévotion pour Marie.

Frères et sœurs, l’évangile que nous venons d’entendre est le dernier qui a été proclamé dans cette église avant le décès de Père Bernard, celui que notre Ordre monastique a choisi pour fêter les saints fondateurs du monastère de Cîteaux. Cet évangile peut donc nous éclairer sur notre vie de moine, et par conséquent sur la vie et la mort de notre Père Bernard.

(Luc 2,1-14)

Frères et sœurs, nous nous étonnons parfois que tant d’hommes et de femmes autour de nous ne croient pas au Dieu de Jésus Christ. Nous nous étonnons souvent, voire nous nous désespérons, que certains de ceux qui ont grandi dans la même foi que nous, de ceux, peut-être, que nous avons éduqués dans cette foi, aient fini par s’en éloigner.