Homélies et conférences du Père abbé - Dom Damien Debaisieux

Homélie funérailles de Père Omer De Ruyver

(Jn 14,1-11)

16 mai 2022

 

Frères et Sœurs, les premiers mots de cet évangile - « A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père » - nous redisent que la vie est un passage. Non pas d’abord un passage qui en dirait la brièveté, ‘un petit tour et puis s’en va’. Mais un passage du monde au Père, un passage d’un état, d’une façon d’être, à un autre état, une autre façon d’être. Et ce passage, là encore, ce n’est pas seulement celui de la mort, celui que Père Omer a vécu mercredi soir quand son cœur fatigué a décidé d’en rester là. Non, ce passage, ce n’est pas seulement celui où le corps s’arrête. C’est toute la vie qui est passage, toute notre existence qui nous invite, nous attire à passer, changer, évoluer, consentir à se laisser transformer. Sans cesse, nous sommes invités à passer de notre moi, de nos intérêts, de nos préoccupations à plus grand que nous, plus ouvert, plus vivant.

4e dimanche de Pâques C

(Jn 10,27-30)

Mai 2022

Frères et sœurs, dimanche dernier nous avons entendu par trois fois Jésus demander à Simon Pierre : « M’aimes-tu ? » (Jn 21,15). Et parce que Pierre lui répondait par l’affirmative, Jésus ajoutait : « Sois le pasteur de mes brebis » (16). Eh bien ce matin, Jésus nous dit qui sont ces brebis qu’il confie à Pierre. Il nous dit quels liens il existe entre elles et Lui, entre elles et son Père, et finalement entre Lui et son Père.

Vigiles Pascales 2022

(Luc 24, 1-12)

Avril 2022

Homélie

Frères et Sœurs, lorsque nous parlons de résurrection, nous pensons souvent « vie après la mort ». Pourtant, dans la tradition juive, dans ces milieux où ont été écrit ces récits du matin de Pâques, ce n’est pas cette question qui est première. Ce qui interroge la foi d’Israël, c’est le sort de l’innocent, le devenir du juste, et plus précisément du juste persécuté et apparemment abandonné par Dieu. C’est toute la question de l’injustice, et donc du mal, de son triomphe apparent, et de son corolaire, la mort. C’est ce cri qui ne cesse de retentir dans les psaumes, notamment ceux que nous avons chantés en ce Vendredi Saint. Et cette semaine, nous avons entendu dans les récits de la Passion, combien Jésus est présenté comme l’innocent et le juste. C’est donc bien cette question qui est en jeu ici et, quand les femmes entendent les anges leur annoncer que « le Vivant […] est ressuscité » (5-6), elles comprennent que Dieu n’a pas abandonné le juste, et que c’est bien lui, Dieu, et non la mort, qui est le maître, le défenseur, le dernier mot de nos vies, son mot, son Verbe éternel.

Jeudi saint

(Jn 13,1-15)

Avril 2022

Frères et sœurs, l’été dernier, un groupe d’une vingtaine de scouts était venu à la messe. Au moment de la consécration, ces jeunes sont restés assis. J’avoue avoir été tenté de leur faire un signe pour qu’ils se lèvent, mais je n’ai pas osé, de peur d’être rabat-joie. Pourtant, ce n’était pas un geste de politesse ou de respect que je voulais leur indiquer. Non, je voulais leur faire comprendre qu’il se passait quelque chose, quelque chose qui est plus grand que nous, qui vaut la peine que l’on se mette debout comme pour s’en rapprocher et y prendre part. Leur faire deviner notre reconnaissance, notre joie de pouvoir être là parce que quelque chose est à l’œuvre, parce que quelqu’un est présent, qui agit.

Rameaux 2022

(Luc 22-23)

Avril 2022

Frères et sœurs, si nous gardons souvenir de notre enfance, de ces premières fois où nous avons entendu ce récit, nous nous rappelons notre étonnement face à cet incompréhensible retournement de situation où l’on passe d’un accueil enthousiaste, lorsque Jésus arrive à Jérusalem, à une foule hostile, sans pitié. Étonnement face à cette violence et cette volonté de tuer Jésus ; face au sang, aux larmes et à la mort ; face à un monde qui s’effondre. L’enfant que nous étions ne s’était pas trompé. S’il lui était probablement difficile de comprendre que c’était le Fils de Dieu qui était ici en croix, il avait perçu – mais peut-être était-ce la même chose – que c’était un innocent que l’on était en train d’humilier, de persécuter et de tuer.

4e dim. Car. C. 2022

(Lc 15, 1-2.11-32)

Mars 2022

Frères et sœurs, nous connaissons bien cette parabole. Vous connaissez aussi certainement la chanson de Jacques Brel, Ces gens-là, chanson que j’aimerais, par trois fois, mettre en parallèle avec l’évangile d’aujourd’hui.

Mercredi des Cendres

(Mt 6,1-6.16-18)

Mars 2022

Frères et Sœurs, dans sa Règle, saint Benoît ne cesse de nous mettre en garde contre la volonté propre, cette volonté qui fait de notre personne le point d’attention, la référence, le cœur de la vie et du monde. Ce penchant égocentré, si naturel, Benoît sait qu’il est difficile de le combattre et de le convertir, mais la vie qu’il nous propose au monastère est organisée pour rendre possible ce détachement de soi dans un attachement à Dieu et aux frères. Lucide, là encore, il sait que, sur ce chemin, nous ne pouvons pas sans cesse avancer à un rythme soutenu, car nous finirons toujours par nous relâcher. C’est pourquoi il se réjouit pour nous de ce temps du Carême qui commence. Je le cite : « La vie d’un moine devrait être, en tout temps, aussi observante que durant le Carême. Mais, comme il en est peu qui possèdent cette perfection, nous exhortons tous les frères à vivre en toute pureté pendant le Carême, et à effacer, en ces jours sacrés, toutes les négligences des autres temps. » (RB 49,1-3). Alors, certes, peut-être ne faut-il pas mettre la barre trop haute, et se rappeler dès maintenant que 40 jours, ça peut être long, et que nous y connaîtrons encore des chutes. Mais néanmoins, nous sommes invités à considérer et à découvrir ce temps comme un cadeau qui nous est fait, comme de multiples occasions qui nous sont données pour poser quelques gestes de conversion ou tout simplement de prise de conscience qu’un autre chemin est possible, qu’une autre manière d’être soi et d’être en relation est non seulement faisable, mais encore nécessaire parce qu’elle ouvre à la vie.

4e dimanche ordinaire C

(Luc 4,21-30)

Janvier 2022

 

Frères et Sœurs, de l’autre côté de la frontière, la campagne présidentielle bat son plein. Chaque candidat/candidate expose son programme et le remodèle au gré des sondages ou du discours de l’adversaire. Eh bien, Jésus aussi semble avoir un programme. Dimanche dernier nous avons entendu la première partie de cet évangile où, dans la synagogue de Nazareth, sa ville natale, son fief dirait-on en politique, Jésus fait la lecture d’un passage du livre d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi […]. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres », aux captifs, aux aveugles, aux opprimés. Et il conclut : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture ». Voilà donc un beau programme, qu’il faut certes mettre en pratique, mais dont le moteur est la justice, la charité, l’unité, et non pas l’exclusion ou la peur. Et ce programme, Jésus l’a déjà mis en œuvre : « Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm : fais donc de même ici dans ton lieu d’origine ! »

Epiphanie 2022

(Mt 2, 1-12)

Frères et sœurs, vous connaissez probablement la Rue du Bac à Paris, avec la chapelle de la Médaille Miraculeuse. Il y a là-bas une belle atmosphère de piété populaire, une piété simple mais vraie, touchante, qui dit quelque chose de la présence de Dieu dans nos vies. Et puis, il y a ces personnes qui viennent des quatre coins du monde, de toutes les nations – souvent des femmes -, des rois mages à leur façon. Oui, dans ce lieu, comme dans bien d’autres, nous sommes comme plongés dans la solennité d’aujourd’hui, où le salut que Dieu veut nous donner dans un enfant, est destiné à tous, sans exception ; où ce salut, où cet enfant, disent que Dieu entend nos plaintes, nos attentes, notre quête.