HOMÉLIE POUR LE 24e DIMANCHE ORDINAIRE - B

Scourmont, le 12 septembre 2021

Is 50, 5-9 – Ps 114

Jc 2, 14-18 - Mc 8, 27-35

 

 

Nous avons un Sauveur à condition de le suivre

 

 

Nous avons un Sauveur : c’est la bonne nouvelle que nous livrent les lectures de ce dimanche. Il y a tellement de misères dans notre existence humaine, dans notre monde ! mais nous avons un Sauveur !

 

 

1. La personne du Sauveur

Le ministère de Jésus a débuté il y a quelque temps déjà. Les gens commencent à s’interroger sur sa personne, et c’est alors lui-même qui prend les devants : « Qui suis-je au dire des gens ? » Et les réponses tournent autour de la personne d’un prophète, car on sent bien qu’il est un envoyé de Dieu. Mais Pierre, dans sa réponse, va plus loin, il est plus précis : « Tu es le Messie », c’est-à-dire l’envoyé de Dieu qui vient sauver son peuple. Tous attendaient cette venue, mais ce n’était pas facile de reconnaître ce sauveur dans la personne de Jésus, ce Galiléen aux origines plus que modestes. Est-ce vraiment lui, le Messie attendu depuis des siècles ?

Et voilà que Jésus complique la tâche de ceux qui veulent croire en lui : il sera un messie souffrant, souffrant jusqu’à mourir, avant de retrouver ensuite, d’une manière mystérieuse, une vie nouvelle à partir d’une résurrection. Les Apôtres ne sont pas prêts à entendre cette révélation, et Pierre tente même de dissuader Jésus de suivre cette route meurtrière. Mais Jésus reste déterminé : personne ne l’empêchera d’accomplir sa mission.

C’est que, depuis son baptême, il sait la relation unique qui l’unit à Dieu, son Père. L’Esprit saint était descendu sur lui et on avait entendu une voix venant du ciel : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie » (Mc 1, 10-11). C’est donc Dieu le Père qui l’a envoyé sur terre pour sauver l’humanité de la mort qui la menace depuis le péché d’Adam.

Jésus va poursuivre résolument sa route jusqu’à Jérusalem, même s’il se retrouve de plus en plus seul. Au soir du Jeudi saint, il sera arrêté, puis jugé et condamné lors d’un procès plus que sommaire, et enfin exécuté en subissant le supplice de la croix. C’est bien lui le Messie, mais un messie souffrant, comme l’avaient annoncé certains prophètes.

La mort ne le garde pas longtemps en son pouvoir. Le troisième jour, il retrouve la vie : la mort a été vaincue par la vie qu’elle voulait supprimer, comme Jésus lui-même l’avait annoncé. En cela, il se révèle le vrai, l’unique Messie pour une humanité vouée à sa perte.

Et Jésus réalisait ainsi la prophétie d’Isaïe (première lecture) : « J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. […] je sais que je ne serai pas confondu. Il est proche, Celui qui me justifie. […] ! Voilà le Seigneur mon Dieu, il prend ma défense… », il me rend la vie que je lui avais donnée.

2. L’action du Sauveur

Jésus continue de mettre en œuvre aujourd’hui sa mission de sauveur : en Lui, nous pouvons être sauvés, et en Lui seulement. Devant tous les malheurs qui nous arrivent, devant toutes les catastrophes qui accablent notre monde, nous avons une raison d’espérer ; il existe une personne en qui nous pouvons mettre notre totale confiance : Jésus le Messie.

Mais nous pouvons buter sur la même difficulté que les disciples : nous sommes sauvés, nous aussi, mais non sans traverser la souffrance et la mort. Cette réalité peut être difficile à accepter, certains la refusent catégoriquement, mais il n’y a rien à faire : il faut absolument passer par là. Je ne parle pas ici des réalités économiques, sociales ou politiques – il faudrait entreprendre une autre analyse mais ce n’est pas le lieu pour le faire –, je parle de la manière dont chaque personne peut être sauvée selon la foi chrétienne que nous professons, comment chacun de nous peut parvenir à la plénitude de la vie.

Et c’est déjà ce qui a été signifié par notre baptême, qui nous a plongés dans la mort et la résurrection du Christ. Depuis ce moment-là, nous sommes morts et ressuscités en Lui, mais il nous faut encore, dans toute notre existence terrestre, revivre ce passage qui nous fait déboucher dans le salut d’une vie nouvelle.

Car il s’agit bien pour le disciple de suivre le Christ dans toute cette démarche : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. » L’épreuve sera rude : il nous faut accepter de tout perdre, y compris cette vie ; il nous faut être unis à Jésus au point d’entrer avec lui dans les ténèbres du tombeau durant trois jours.

Et nous savons que, de même que le Père a donné à son Fils une vie humaine transfigurée le troisième jour, de même il nous fera ressusciter en Lui, éternellement unis à Celui qui nous donne accès au Père en partageant sa vie de ressuscité.

Comment faire ? Comme dit le Prophète, « le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. » Il s’agit d’abord d’écouter, et puis de ne pas se dérober à ce qui nous est proposé. Écouter et faire. Impossible de ne pas penser à notre règle de saint Benoît : « Écoute, ô fils, les préceptes d’un maître […] et accomplis-le effectivement, de sorte que tu retournes par l’obéissance à celui dont tu t’étais éloigné par la désobéissance. » Prions le Seigneur pour que, par sa grâce, nous accomplissions tout ce qui est bien, pour qu’il ne soit pas attristé par nos mauvaises actions alors que, depuis notre baptême, il nous compte déjà au nombre de ses fils (cf. Règle Prol., 1-5), fils dans son Fils unique par la force de son Esprit saint.

Oui, nous avons bien un sauveur, un sauveur tout-puissant, mais à condition de le suivre.