B VIGILE PASCALE MARC 16, 01-07
Chimay : 30.03.2024
Frères et sœurs, Marie et les autres femmes étaient désemparées. Jésus était mort. La seule chose qui leur restait à faire c’était de lui donner un enterrement correct. Le vendredi soir, tout s’était fait dans la précipitation, en raison de l’imminence du sabbat. Maintenant, « le sabbat terminé », elles pouvaient faire les choses correctement : « acheter des parfums et aller embaumer le corps » (Mc 16,1). Il serait difficile de le revoir, de regarder ce visage sans expression qu’elles avaient si bien connu, oindre la chair froide et raide de celui qui avait tout signifié pour elles. Une fois l’onction du corps terminé, que feraient-elles ? Quel avenir pour ce petit groupe que Jésus avait rassemblé autour de lui ? Elles avaient même entendu dire que quelques membres du groupe retournaient aujourd’hui chez eux, puisque maintenant que Jésus était mort, tout était fini. Être son disciple n’avait plus de sens. Il était difficile de croire que tout était vraiment fini mais cela semblait être la vérité à laquelle elles devaient faire face.
« De grand matin », au milieu de leurs doutes, au milieu de leur douleur, au milieu de leur accablement, un rayon de lumière apparaît et il devient rapidement aveuglant. Les femmes s’attendaient à un obstacle – la grosse pierre : « Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? » (Mc 1,3) – mais la pierre est enlevée, roulée de côté. Comment est-ce que cela s’est-il produit ? Elles se précipitent dans le tombeau, craignant le pire, mais le tombeau est rempli de lumière. Un homme... ? Non, un ange ! Il leur sourit. Il apporte d’incroyables bonnes nouvelles. « Jésus est ressuscité ! Il n’est pas ici » (Mc 1,6). Il les verra en Galilée ! « C’est vraiment incroyable », se disent-elles. « Les gens ne se ressuscitent pas des morts ». « Elles furent saisies de frayeur » (Mc 1,5), mais les paroles invraisemblables de l’ange leur apportent un réconfort, la paix et peut-être même la foi. Dans leurs cœurs elles savent que l’impossible est arrivé.
Une nouvelle perspective. L’ange leur a donné une mission. Elles doivent annoncer la Résurrection aux autres. « Allez le dire à ses disciples et à Pierre » (Mc 1,7). Elles ont un message et elles savent qu’il est de la plus haute importance. Jésus, leur espérance, est vivant. Pendant qu’elles se dirigent vers le Cénacle où sont réfugiés les disciples, leurs esprits commencent à travailler sur les nouvelles étonnantes qu’elles ont reçues et elles commencent à comprendre beaucoup d’autres choses au sujet de Jésus. Elles se souviennent qu’il avait dit « qu’il devait souffrir et mourir, mais qu’il se relèverait » (Lc 24,26). Pourquoi est-ce qu’elles ne l’avaient pas écouté alors ? Cela leur semble si évident maintenant. La vérité de la Résurrection rend toute chose nouvelle. Elles savent que dorénavant tout sera différent.
Ainsi, la rencontre programmée en Galilée prend tout son sens à la lumière de ce triste épisode. La désertion de Pierre et des autres trouvera sa réparation en Galilée. Pourquoi là-bas ? Parce que c’est là-bas que tout a commencé. Reprenons l’Évangile de Marc depuis le début : Jésus est galiléen, de Nazareth ; c’est en Galilée qu’il a inauguré sa prédication, ses premiers miracles ; c’est en Galilée que les premiers disciples se mirent à sa suite ; c’est de là qu’il se rendit sur une haute montagne afin d’en choisir Douze, les appelant par leur nom. Alors pourquoi donc se rendre en Galilée ? Tout simplement pour mieux relire notre aventure à la suite de Jésus, pour la reprendre depuis le début, pour méditer précisément les événements qui ont le plus ébranlé notre foi. Pour les disciples, c’est clair, l’événement qu’ils n’avaient pas compris et qui les avait scandalisés, c’était la mort de leur maître et Seigneur sur la croix. Ils sont donc invités, comme chacun d’entre nous, à revisiter leur parcours de foi. En cette veille de Pâques, veille de la Résurrection, nous sommes invités à faire le point sur notre vie chrétienne. Car « si Jésus n’est pas ressuscité », et si la Résurrection n’est pas le socle de notre vie, alors « vaine est notre foi », écrivait saint Paul (1 Co 15,17).
Un lecteur averti ne manquera pas de remarquer que dans la suite et fin de l’Évangile de Marc (qui ne fait pas partie du texte de ce jour), il n’est pas du tout question d’une rencontre avec Jésus ressuscité en Galilée… ! Alors, encore une énigme ? Non, c’est que la Galilée est bien un chemin intérieur à parcourir, comme nous venons de l’expliquer. À la fin de l’Évangile, après la mort et la Résurrection de Jésus, puisqu’il n’est plus visible au milieu de nous, il ne nous reste qu’une chose à faire – comme les destinataires de l’Évangile à qui Marc s’adressait – il nous reste à continuer à avancer à la suite de Jésus dans la foi.
Cette célébration va se poursuivre par la bénédiction de l’eau (qui servira normalement pour les baptêmes). Par ce sacrement, nous avons été immergés dans cet océan d’amour qui est en Dieu Père, Fils et Saint Esprit. C’est ce que va nous rappeler l’aspersion. Mais pour bien manifester que nous voulons nous attacher au Christ, nous allons confesser la foi de notre baptême et manifester notre désir de vivre d’une vie nouvelle.