B SAINTE MARIE MERE DE DIEU LUC 02,16-21 (7)

Chimay : 01.01.2024

Frères et sœurs, en ce jour de l’An, nous nous retrouvons pour nous adresser des vœux de bonne année. C’est une tradition qui nous donne l’occasion de faire des pas les uns vers les autres et c’est très heureux. Cette nouvelle étape nous fait également réfléchir au temps qui passe, au temps perdu et au temps gagné. Une année de plus, c’est une nouvelle chance de réussir ce que nous n’avons pas pu réaliser hier.

En venant à l’église, nous voulons confier au Seigneur cette nouvelle année. Nous le prions pour tous ceux que nous aimons et pour ceux que nous n’aimons pas assez. Un jour, Jésus nous a dit qu’il était venu « allumer un feu sur la terre » (Lc 12,49). Nous lui demandons qu’il nous donne de partager sa hâte de voir se répandre cet embrasement d’amour dont il veut remplir le monde. Tout naturellement, l’Église nous invite aujourd’hui à nous tourner vers Marie, la Sainte Mère de Jésus. Les évangiles nous en parlent très peu, mais ce qu’ils nous disent est très important. Rappelons-nous : après l’Annonciation, elle va porter la bonne nouvelle dans la maison de Zacharie. Et elle peut constater l’accomplissement de ce que le Seigneur lui avait dit par la bouche de l’ange Gabriel. Sa cousine Élisabeth en est à son sixième mois.

Avec l’Évangile de ce jour, c’est le même souci de partager la bonne nouvelle qui anime les bergers. Tout comme Marie, ils vont annoncer ce qui leur a été dit et ils peuvent constater que ce qui leur a été dit s’est réalisé. Dans la Bible, les récits d’une intervention du Seigneur se terminent souvent par des réactions de témoins. Ici c’est la même chose : « Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé » (Lc 2,20). L’événement est en effet extraordinaire : dans cet enfant emmailloté, un Sauveur, Christ et Seigneur, est né pour nous. A Pâques, ce sera le même étonnement quand les femmes puis les apôtres annonceront la résurrection du Seigneur Jésus. Pour Marie, pour les bergers et pour tous les témoins de ces merveilles de Dieu, c’est la joie et l’action de grâce.

Dans l’évangile de ce jour, il y a une parole importante : « Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (Lc 2,19). Elle relisait en pensée les pages de sa vie où Dieu lui a tracé un chemin qui l’a conduite jusque-là. Tout cela est allé très vite pour elle. Mais sa méditation est une action de grâce pour toutes les merveilles que Dieu a réalisées tout au long de son histoire et de l’histoire biblique.

Dans un monde où tout va si vite, il nous est bon de prendre du recul pour méditer en notre cœur les événements de notre vie et de notre monde. Face aux épreuves de la vie, les pandémies, les catastrophes, les guerres, les conflits entre personnes, nous risquons de sombrer dans la morosité et le défaitisme. Or ce découragement, c’est tout le contraire de l’évangile. Je dirai même que c’est la pire des tentations car elle risque de nous détourner de Dieu et de notre mission, de vivre dans des réflexions du genre : « À quoi bon ? ».

Pour Marie, comme pour tous les gens de son temps, elle aurait pu ne voir que ce qui allait mal dans son pays. En fait, les événements qu’elle retient et qu’elle médite, ce sont les merveilles de Dieu. Elle prend la mesure de la vocation de son enfant qui est le Fils de Dieu. Elle découvre ce que sera sa propre mission auprès de lui. Bien sûr, elle ne sait pas tout ; elle doit chercher et prier ; elle doit demander au Seigneur ce qu’il attend d’elle ; elle se sent toute petite mais elle reste confiante en Celui qui « élève les humbles » (Lc 1,52).

A la suite de Marie et avec elle, nous sommes invités à méditer les événements de notre vie. Nous avons la chance de pouvoir le faire à la lumière de l’évangile. Même quand tout va mal, n’oublions jamais que le Seigneur est toujours « là au cœur de nos vies » (Raymond Fau) et que « rien ne peut nous séparer de son amour » (Rm 8,38). Notre foi au Christ ressuscité doit nous amener à changer notre regard sur nous-mêmes et sur les autres. Comme pour les disciples d’Emmaüs (Lc 24,13-35), ce changement ne sera possible que si nous prenons le temps de nous nourrir de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie, en un mot, de rencontrer le Seigneur. L’Esprit Saint nous fait prier le Père avec la même liberté que celle de Jésus qui lui disait : « Abba, c’est-à-dire Père bien-aimé ».

Ce jour de l’An est un appel à nous ouvrir à l’avenir que Dieu nous donne. Commencer une nouvelle année, c’est se retrouver face à l’inconnu. Nous voudrions faire des prévisions mais elles sont fragiles et souvent démenties. L’avenir nous réserve toujours des surprises : Que sera cette nouvelle année pour nous ? Pour le monde ? Ces incertitudes ne doivent pas nous paralyser ni nous faire peur. Les fatalistes voudraient nous faire croire que tout est écrit : ce n’est pas vrai ; Dieu est amour (1 Jn 4,7) et il ne veut pas le malheur des hommes. Cette année sera ce que Dieu voudra mais aussi ce que nous la ferons, dans la confiance et la sérénité. Rappelons-nous ces paroles de saint Paul : « Nous sommes plus que vainqueurs par Celui qui nous a aimés » (Rm 8,37).

Ce premier janvier est aussi la journée mondiale de la paix. Nous pensons à tous ces pays si douloureusement marqués par la guerre et la violence, mais aussi à tous les conflits familiaux et entre voisins. La vraie conversion suppose un changement de regard sur ceux et celles qui nous entourent. Pour que la paix sur la terre soit obtenue, il faut que les hommes communiquent entre eux et apprennent à se faire confiance.

Celui dont nous célébrons la naissance a été appelé « le Prince de la Paix ». Il a réconcilié tous les hommes avec Dieu par sa croix, sa mort et sa résurrection. Il a tué la haine une fois pour toutes. Et à la Pentecôte, il a envoyé son Esprit d’amour dans le cœur de tous les hommes. Comme Marie et avec elle, apprenons à méditer ces merveilles de Dieu en notre cœur. Laissons-nous conduire par le Christ et nous vivrons une fameuse de Bonne Année. « Il est le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6).