A TRANSFIGURATION MATTHIEU 17, 01-09

Chimay : 06.08.2023

Frères et sœurs, en cette fête de la Transfiguration du Seigneur, la liturgie nous propose des textes bibliques qui nous parlent de la gloire de Dieu. Le premier est tiré du livre de Daniel (Dn 7,9-14) dans l’Ancien Testament. C’est un texte un peu déroutant pour ceux qui le découvrent ; mais ce qu’il faut y voir, c’est la bonne nouvelle qu’il nous laisse : le Fils de l’homme est intronisé devant Dieu pour recevoir la royauté sur tous les peuples. Lors de la Transfiguration, les apôtres ont connu un avant-goût de cette gloire de Jésus.

Dans la deuxième lettre de Saint Pierre (1,16-19), nous avons le témoignage de l’apôtre Pierre. Il tient à préciser que sa parole n’a rien à voir avec des récits imaginaires. Il revendique avec force l’authenticité de son témoignage : le témoignage des apôtres ne s’appuie pas sur des mythes ou des légendes ; sur la montagne sainte, ils ont contemplé dans sa gloire celui que le Père appelle son Fils bien-aimé. Nous, chrétiens d’aujourd’hui nous croyons en Jésus transfiguré et ressuscité parce que nous faisons confiance au témoignage de ceux qui ont vu sa gloire, « jusqu’à ce que paraisse le jour et que l’étoile du matin se lève dans nos cœurs » (2Pi 1,19).

Avec l’Évangile, nous entrons dans l’événement de la Transfiguration. Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean ; et il les emmène avec lui sur une haute montagne. Il faut savoir que dans la Bible, la montagne représente le lieu de la proximité de Dieu et de la rencontre intime avec lui. Pour en parler, Saint Jean de la Croix a écrit La montée du Carmel. C’est vraiment le lieu de la prière en présence de Dieu. C’est là que les apôtres font cette découverte extraordinaire de Jésus transfiguré et lumineux. Son visage devient si resplendissant et ses vêtements si lumineux que Pierre en est ébloui. Il voudrait rester là pour fixer cet événement : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie » (Mt 17,4).

Mais voilà que résonne la voix du Père : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le » (Mt 17,5). Cette parole est la perle de ce texte d’évangile. Nous sommes invités fortement par Dieu le Père lui-même à écouter Jésus. Ce n’est pas le pape ni les évêques ni les prêtres qui disent cela, c’est Dieu lui-même qui nous le dit à tous. Et pourquoi est-ce si important ? Eh bien parce que le Seigneur est là présent au cœur de nos vies, de nos loisirs et de nos soucis. Mais trop souvent, nous sommes ailleurs. Nous organisons notre vie en dehors de lui, comme s’il était absent.

Nous, disciples du Christ, nous sommes appelés à être des personnes qui écoutent sa voix et qui prennent au sérieux ses paroles. Pour écouter Jésus, il faut être proche de lui, il faut le suivre, il faut accueillir son enseignement. C’est ce que faisaient les foules de l’Évangile qui le poursuivaient sur les routes de Palestine. Le message qu’il leur transmettait était vraiment l’enseignement du Père. Cet enseignement, nous pouvons le trouver chaque jour dans l’Évangile ; quand nous le lisons, c’est vraiment Jésus qui nous parle, c’est sa Parole que nous écoutons.

Dans cet épisode de la Transfiguration, nous trouvons deux moments significatifs : la montée et la descente. Le Seigneur nous appelle à l’écart, à monter sur la montagne. Comprenons bien, il ne s’agit pas de faire de l’alpinisme mais de trouver un lieu de silence et de recueillement pour mieux percevoir la voix du Seigneur. C’est ce que nous faisons dans la prière. Pendant l’été, beaucoup choisissent de passer quelques jours dans un monastère. Ils ont besoin de ce temps de ressourcement pour leur vie chrétienne. C’est une montée.

Mais nous ne pouvons pas rester là. La rencontre avec Dieu dans la prière nous pousse à « descendre » de la montagne. Nous sommes invités à retourner en bas, dans la plaine, et à rejoindre le monde dans ce qu’il vit. Nous y trouverons tous ceux et celles qui sont accablés par le poids du fardeau, des maladies, des injustices, de l’ignorance, de la pauvreté matérielle et spirituelle. Ce n’est pas une descente aux enfers, mais le terrain de notre mission, le lieu où témoigner de la grâce reçue.

Nous sommes envoyés pour être les témoins et les messagers de l’espérance qui nous anime. Cette parole que nous avons reçue a grandi en nous. Mais cela ne se réalise que si nous la proclamons, que si nous la vivons. Si nous l’accueillons, ce n’est pas pour la mettre « sous le boisseau » (Lc 8,16), mais pour la donner aux autres ; c’est cela la vie chrétienne : accueillir Jésus et le donner aux autres.

Les apôtres Pierre, Jacques et Jean ont été des privilégiés ce jour-là. Le maître les a choisis pour le suivre. Il les a pris à part. Ensemble, ils ont marché vers le mont Thabor. Ils ont appris à faire confiance à Jésus. Depuis qu’il les a appelés, ils l’ont suivi. Depuis, Jésus-Christ ne les a jamais induits en erreur alors Pierre, Jacques et Jean le suivent avec confiance. Leur exemple nous sert de leçon. Nous devons apprendre à suivre le Christ partout où il nous mène. Et, bien que parfois le chemin soit difficile et que les obstacles semblent se dresser de tous les côtés, tout comme Pierre, Jacques et Jean, nous savons que le Seigneur est avec nous.

Dans quelques jours, nous fêterons l’Assomption de la Vierge Marie. Elle est là pour nous inviter à écouter Jésus et à faire chaque jour ce qu’il nous dira (Jn 2,5). Nous pouvons vraiment nous confier à elle. C’est avec elle que nous apprendrons à « monter » à travers la prière. Après avoir été imprégné de l’Amour qui est en Dieu, nous pourrons « descendre » pour le communiquer à ce monde qui en a bien besoin. C’est avec le Christ et avec Marie que ce témoignage portera du fruit.