A 21 MATTHIEU 16, 13-20 (12) Scourmont : 23.08.2020

Frères et sœurs, les trois textes bibliques qui nous sont proposés en ce dimanche nous montrent des personnes qui ont été appelées par Dieu pour une mission bien précise. Dans le texte d’Isaïe (22,19-23), c’est Eliakim qui est désigné. Il reçoit l’investiture pour remplacer un serviteur royal devenu trop ambitieux. Nous ne savons rien d’Eliakim. Son nom signifie : « Dieu l’a suscité ». Il fait désormais partie de ceux que Dieu a choisis pour conduire son peuple et en prendre soin. Ainsi peut-on dire que chacun de nous est suscité par Dieu pour une mission bien précise. Je ne suis pas sur la terre pour faire simplement un de plus ou une de plus.

 

L’apôtre Paul a lui aussi été suscité par Dieu. Au départ, c’était un pharisien qui persécutait les chrétiens ; en agissant ainsi, il croyait sauver l’honneur de Dieu. Mais un jour, il a rencontré Jésus sur le chemin de Damas. Cette rencontre a été pour lui le point de départ d’un véritable bouleversement. Le persécuteur acharné a été appelé à devenir un grand témoin de la foi dans le monde païen. Dans d’épître d’aujourd’hui (Rm 11,33-36), nous le voyons proclamer avec enthousiasme « la profondeur dans la richesse, la sagesse et la connaissance de Dieu » (Rm 11,33). Tous les hommes, juifs et païens sont appelés « fils de Dieu ». Si Dieu a suscité le peuple d’Israël, c’est pour partager avec l’humanité entière ce bonheur d’être connu et aimé par Dieu.

Dans l’Évangile, c’est Pierre qui a été suscité par le Christ. Il est appelé à devenir cette pierre sur laquelle Jésus édifiera son Église. Cette promesse fait suite à la question qu’il vient de poser à ses disciples : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » (Mt 16,15) et c’est précisément Pierre qui fait cette belle profession de foi : « Tu es le Christ, le Fils de Dieu » (Mt 16,16). Il reconnaît en Jésus le Fils du Dieu vivant. Et c’est ainsi que Pierre est choisi par Jésus pour être le fondement de cette Église qu’il bâtira tout au long des siècles. Cette Église défiera les forces de la mort ; on cherchera à la détruire par tous les moyens : persécutions des chrétiens, interdiction de se manifester, destruction des églises. Mais la « puissance de la mort » (Mt 16,18) ne l’emportera pas sur elle.

Voilà donc trois personnes qui ont répondu à l’appel du Seigneur en vue du salut du monde. Le même Seigneur continue à appeler aujourd’hui des hommes, des femmes et des jeunes. Nous sommes suscités pour participer activement à cette mission. La bonne nouvelle doit être annoncée à tous, enfants, jeunes et adultes. Nous devons retrouver cet enthousiasme missionnaire qui était celui de Pierre, de Paul, de Jean-Paul ii, du pape François, pour ne nommer que des personnages connus. Nous, chrétiens d’aujourd’hui, nous sommes envoyés comme témoins et messagers de cette bonne nouvelle dans nos familles, nos villages, nos quartiers et jusque dans le monde entier. Le Seigneur compte sur nous pour que nous donnions le meilleur de nous-mêmes à cette mission.

« Je te donnerai les clés du Royaume des cieux » (Mt 16,19). Ce pouvoir c’est celui d’ouvrir le Royaume à tous les hommes. Il est confié à l’Église par l’intermédiaire de Pierre et de ses successeurs. Cette mission nous rejoint dans un monde où beaucoup de portes sont fermées. Certains médias nous ont infligé une campagne de dénigrement qui n’est pas à leur honneur. Pensons à tous ceux et celles qui sont enfoncés dans leur passé et leur mauvaise réputation. Le monde se méfie d’eux ; on ne leur laisse aucune chance. Toutes ces critiques méchantes, ces médisances, ces calomnies ne font qu’enfermer des personnes dans l’exclusion.

Le pape François ne cesse de réagir contre ces comportements. Si nous sommes appelés et envoyés, ce n’est pas pour accabler des coupables mais pour témoigner auprès d’eux de l’amour que Dieu leur porte. Avec Jésus et avec nous tous, la bonne nouvelle de l’Évangile doit être annoncée aux petits, aux pauvres et aux exclus. Nous sommes envoyés pour leur dire qu’ils ont « du prix aux yeux de Dieu » (Is 43,4). Il faut que cela se voie dans notre manière de les accueillir et de les écouter.

Ces versets de la Parole de Dieu entendus aujourd’hui nous enseignent un chemin de vie. Il s’agit bien de se laisser conduire du Fils de l’homme au Fils du Dieu vivant, du Jésus de l’histoire au Christ de la foi, vrai Dieu et vrai homme. « Par le Christ homme, tu viens vers le Christ Dieu » a écrit saint Augustin.

À chacun de nous de discerner, sous les traits de l’homme Jésus, le Fils éternel qui, pour nous, s’est incarné. Et le défi est bien là. Nous avons implicitement ou explicitement des idées sur Dieu, tout comme en avaient les contemporains de Jésus, ou encore Abraham, Moïse et Élie. Or Jésus surprend ! Alors, demandons à Dieu d’ouvrir les yeux et les oreilles de notre cœur et de nous donner l’Esprit qui nous conduira vers la vérité tout entière (Jn 16,13). A un moment donné, nous avons tous notre chemin de Damas, qui nous ouvre la voie. Sachant que cette voie nous engage dans un chemin ouvert sur l’éternité.

C’est pour mieux répondre à cet appel du Seigneur que nous nous réunissons le dimanche afin de célébrer l’Eucharistie. C’est là que nous nous nourrissons de la Parole et du Corps du Christ. Puis, à la fin de la messe, c’est l’envoi vers tous ceux et celles qu’Il mettra sur notre route. Prions-le par l’intercession de la Vierge Marie pour qu’il nous aide à être de vrais témoins de son amour, pour qu’il nous soit fait selon sa Parole (Lc 1,38).