1er octobre 2025
Fête de sainte Thérèse de Lisieux
La spiritualité de Thérèse comporte plusieurs aspects. L'un d'eux est bien sûr sa relation avec Dieu, qu'elle considère comme un père très aimant et attentionné. Un autre aspect de la spiritualité de Thérèse est le thème de la « petitesse ».
Le langage de Thérèse était celui d'une jeune fille d'une certaine époque, qui n'est pas particulièrement attrayant pour les hommes d'une autre époque. Lorsqu'il est jugé attrayant, il risque de conduire à une mystique romantique de l'enfance qui favorise l'immaturité et l'irresponsabilité enfantine. Mais ce n'était pas la spiritualité de Thérèse. Derrière son langage, certes trop doux (du moins à mon goût), se cache une conscience très aiguë des exigences radicales de la Bonne Nouvelle de Jésus.
Dans la société dans laquelle Jésus vivait, extrêmement consciente des classes sociales, la valeur dominante, plus importante encore que l'argent, était le prestige, qui était bien sûr intimement lié au pouvoir. C'est dans ce contexte que Jésus présente l'enfant comme un modèle. Les disciples, comme tout le monde, se souciaient de la « grandeur ». Ils demandent à Jésus lequel d'entre eux sera le plus grand dans son Royaume. Jésus prend un petit enfant et dit : « Si vous ne changez pas et ne devenez pas comme des petits enfants, vous n'entrerez jamais dans le royaume des cieux ».
L'enfant est une parabole vivante de la « petitesse », l'opposé de la grandeur, du statut et du prestige. Dans cette société, les enfants n'avaient aucun statut, ils ne comptaient pas. Pour Jésus, c'était à eux qu’appartenait le royaume. Il n'y a aucune preuve de l'opinion populaire selon laquelle l'image du petit enfant pour Jésus était une image d'innocence, de candeur. En fait, Jésus était très conscient de la perversité immature et irresponsable des enfants à certains moments, et il utilise précisément ce trait dans une parabole où ce sont les pharisiens qui sont comparés à des enfants : la parabole des enfants sur la place du marché qui refusent de jouer soit au jeu joyeux des mariages, soit au jeu triste des funérailles (Mt 11, 16-17).
Mais le petit enfant qui est l'image du royaume est un symbole de ceux qui occupent les places les plus basses dans la société, les pauvres et les opprimés, les prostituées et les collecteurs d'impôts - les personnes que Jésus appelait souvent les petits ou les derniers. Jésus voulait que ces petits ne soient pas méprisés et traités comme des êtres inférieurs. Il voulait également qu'aucun de ses disciples ne recherche le rang, le prestige et le pouvoir. Le royaume de son rêve était une société dans laquelle il n'y aurait ni prestige ni statut, ni division des personnes en inférieurs et supérieurs. Chacun serait aimé et respecté, non pas en raison de son éducation, de sa richesse, de son ascendance, de son autorité, de son rang, de sa vertu ou d'autres réalisations, mais parce qu'il ou elle, comme tout le monde, est une personne, un fils ou une fille de Dieu.
Armand Veilleux