11 août 2019 -- 19ème dimanche « C »· Sag. 18, 3...9: Heb. 11, ...19; Luc 12, 32-48  

H O M É L I E 

L'histoire, vue avec des yeux humains, est presque toujours un cauchemar. Cela est vrai aujourd'hui, comme ce l'était au temps des prophètes de l'Ancien Testament et à l'époque de Jésus. Il y a toujours plus de scandales, d'oppression et d'agression, plus de guerres et de nettoyages ethniques que nous ne pouvons imaginer.

Nous devons cependant replacer tout cela dans un contexte plus large, en relation avec le passé certes, mais surtout en relation avec l'avenir. Car si le passé peut nous aider à comprendre ce que nous vivons aujourd'hui, c'est l'avenir qui donne son sens à ce que nous vivons aujourd'hui. C'est pourquoi Jésus nous invite à être prêts pour le jour de la rencontre finale avec notre Dieu. Et cela nous pouvons l'apprendre de nos ancêtres dans la foi, le Peuple d'Israël.

 

Dieu, comme le concevait le Peuple d'Israël, était le Dieu de l'Exode, de l'Exil, de la Promesse. La conception païenne de dieu était celle d'une présence immédiate et conduisait à une religion d’idoles. Israël n'avait pas d'idoles; Israël adorait le nom du Dieu de la Promesse, et cette religion créait une histoire -- une histoire sacrée qui était moins l'expérience d'un changement continue que l'attende d'un accomplissement.

 

Ils vivaient toujours dans le présent, mais ce qu'ils vivaient recevait son sens de ce qui leur était promis pour l’avenir; et leur espérance pour l'avenir était fondée sur l'amour que Dieu leur avait manifesté dans le passé.

 

La première lecture d'aujourd'hui, tirée du livre de la Sagesse, nous parle de la sainte nuit de l'Exode, durant laquelle le Peuple d'Israël fut conduit hors d'Égypte par Jahvé. Puis, la lecture de l'Évangile fait allusion à la Grande Nuit de la Résurrection du Christ. Ni l'une ni l'autre de ces deux nuits ne fut la fin d'un processus historique. La Résurrection ne fut la fin de rien. Le sépulcre vide ne fut pas comme le pensait Hegel, le mémorial de la nostalgie. La résurrection du Christ, comme l'Exode de l'Égypte, fut un événement qui ouvrait sur l'avenir, qui affirmait de nouveau la promesse de Dieu et la confirmait.

 

Le sens ultime de notre existence ne se trouve pas dans les événements passés du peuple d'Israël, qui sortait d'Égypte il y a environ trois mille ans, ou de Jésus, qui sortait du tombeau il y a environ deux mille ans. Ce sens ultime se trouve dans la résurrection de toute l'humanité, dans la libération totale de tous les êtres humains de l'esclavage du péché, de l'oppression, de la guerre. C'est pourquoi l'appel de Jésus à être prêts et vigilants n'est pas un appel à la passivité. C'est un appel à être activement attentifs, un appel à travailler personnellement et lucidement à la réalisation de la Promesse.

 

Il ne faut pas entrer dans l'histoire à reculons en regardant en arrière. Ce à quoi nous sommes appelés, c'est construire un avenir qui rendra plus proche la libération finale et totale, en vivant authentiquement et de façon responsable notre présent.

 

Nous ne savons pas avec exactitude ce que sera l'avenir de notre société, de notre Église, de notre communauté. Mais nous croyons (dans la Foi) qu'il y aura un avenir et nous savons que cet avenir est dans les mains de Dieu et qu'il sera réalisé avec notre coopération. Et le fondement de cette foi est que nous savons ce que Dieu a été pour nous dans le passé.

 

Plusieurs de nos plans n'ont pas fonctionné; beaucoup de nos attentes ne se sont pas réalisées. Comme les disciples d'Emmaüs, marchant ensemble sur le chemin, nous énumérons souvent ceux de nos espoirs qui n’ont pas abouti. La foi dans la présence de l'Étranger marchant à nos côtés nous assure qu'il est vraiment ressuscité et que, tôt ou tard, avec notre participation, la résurrection finale de toute l'humanité aura lieu.

 

Célébrons cette foi, dans l'Eucharistie que nous allons maintenant continuer.

 

Armand Veilleux