7ème dimanche du Temps ordinaire C

Frères et sœurs,

Cet évangile nous offre un message important
Et qui est propre au christianisme,
il s’agit de:
« L’AMOUR DES ENNEMIS. »


Jésus demande non seulement à ses disciples
de tolérer leurs ennemis et d’être patient avec eux,
mais aussi de les aimer.
C’est une chose impressionnante et, certainement, difficile à accomplir.

N’est-il pas naturel de répondre à l’opposition d’un ennemi d’une manière analogue.
Subir une violence suscite facilement une violence pour le moins équivalente.

Par contre, Jésus précise :
« aimez vos ennemis,
faites du bien à ceux qui vous haïssent. »
Il ne demande pas seulement d’avoir un sentiment favorable
à l’égard de nos ennemis, si nous en avons,
mais d’avoir à leur égard un amour effectif.
Cela est encore plus difficile.
Et sur sa lancée, Jésus continue :
« SOUHAITEZ DU BIEN
À CEUX QUI VOUS MAUDISSENT,
PRIEZ POUR CEUX QUI VOUS CALOMNIENT. »
Un tel comportement est vraiment spécifique
du christianisme
car il est spécifique du Christ lui-même.

Si nous prenons le temps de réfléchir
à cette parole du Christ en croix
alors qu’il souffre
physiquement, moralement et même spirituellement…
c’est alors
dans cette situation on ne peut plus dramatique
que Jésus se tourne vers son Père :

« PÈRE, PARDONNE-LEUR
CAR IL NE SAVENT CE QU’ILS FONT. »
Péguy en parlant des hommes dans une prière à Dieu dit
« SEIGNEUR TU LES A FAIT DE TERRE,
NE T’’ÉTONNE PAS QU’ILS SOIENT SI TERREUX. »

Je me souviens, il y a très longtemps de cela,
je me trouvais dans la maison des parents d’un nouveau-né
pour la préparation du baptême d’un petit enfant.
Je disais :
« un jour, cet enfant aura à ratifier, ou pas, ce choix
du baptême que ses parents auront pris à son égard.
Quant à eux, ses parents,
ils s’ engagent,
tout en sauvegardant la liberté de l’enfant
ils s’engagent à ce qu’il faut bien appeler :
l’ EDUCATION.
Or, pour faire bref,
la meilleure éducation n’ est-ce pas de donner
l’ EXEMPLE ?
L’ exemple du vivre en chrétien
c’ est s’ ouvrir à l’ AMOUR DE DIEU
pour vivre de cet AMOUR .

Or, Jésus annonce la couleur,
la REVOLUTION que réalise cet amour
ne le cède
qu’à l’ EXIGENCE de cet art d’aimer :
« JE VOUS LE DIS – déclare Jésus-
A VOUS QUI M’ ECOUTEZ,
AIMEZ VOS ENNEMIS .
J’ en étais arrivé là, avec la préparation du baptême,
dans ce foyer très accueillant
lorsque le grand père qui assistait à l’échange
ne pût se retenir :

« JE SUIS CHRETIEN – dit-il –
MAIS PARDONNER A MES ENNEMIS…..ÇA NON ! »
Il est vrai que Jésus met la barre très haute
pour quiconque veut marcher à sa suite.

Comme il est parfois difficile d’aimer !
Et encore, si ce n’ était que difficile,
mais il peut arriver que ce soit IMPOSSIBLE.

Jésus ne charge pas les épaules de ses disciples
d’un FARDEAU IMPOSSIBLE.
N’est- ce- pas lui qui a dit :
« MON JOUG EST FACILE À PORTER
ET MON FARDEAU LÉGER. »
C’est lui aussi qui dira
« CE QUI EST IMPOSSIBLE AUX HOMMES
EST POSSIBLE A DIEU. »
Ce que l’on ne possède pas par NATURE….
la nature étant blessée…..depuis les origines,
CE QUE L’ON NE POSSEDE PAS PAR NATURE,
on peut toujours le demander
et l’accueillir….PAR GRÂCE …..
par un don de Dieu.
GRÂCE QUI NE SERA JAMAIS REFUSEE
A QUI LA DEMANDE.

La vie chrétienne ne s’inscrit pas dans la logique
D’UNE PERFORMANCE TOUTE HUMAINE.
Ce ne sont pas les humains qui sont en cause……
mais Dieu.
S. Paul le dit, on ne peut plus clairement
dans sa première lettre aux Corinthiens :
« QU’AS-TU QUE TU N’AIES REÇU ?
ET SI TU L’AS REÇU,
POURQUOI T’ENORGUEILLIR
COMME SI TU NE L’AVAIS PAS RECU ? »
Jésus va éclairer davantage encore ses disciples
lorsqu’il dit :
« SOYEZ MISERICORDIEUX
COMME VOTRE PERE EST MISERICORDIEUX. »
A vrai dire, d’après le grand exégète Xavier Léon-Dufour
le mot « COMME » ne traduit pas toute la force
exprimée par l’évangéliste.
Plutôt que traduire :
« …COMME VOTRE PERE EST MISERICORDIEUX »,
il faudrait dire :
« SOYEZ MISERICORDIEUX DE LA MISERCORDE
QUI EST CELLE DE VOTRE PERE QUI EST AUX CIEUX. »

Ce n’est pas de notre miséricorde qu’il s’agit
mais de la miséricorde de Dieu
qui s’inscrit au plus profond du cœur humain.

« SOYEZ MISÉRICORDIEUX COMME VOTRE PÈRE EST MISÉRICORDIEUX.»
dit Jésus à ses disciples.
Ayez un cœur sensible à la misère
Oui ! mais il n’ empêche que cela ne va pas de soi
car l’INFINIE miséricorde du Père
se loge dans le cœur humain qui, lui,
connaît la FINITUDE.

Sans vouloir plagier la pensée de Pascal on pourrait dire :
« LE CŒUR DE DIEU A SES RAISONS
QUE LA RAISON HUMAINE NE CONNAÎT PAS. »

C’est à ce niveau que nous pouvons goûter la LIBERTE
que S. Paul qualifie comme étant
« LA LIBERTE DES ENFANTS DE DIEU. »
« SOYEZ LIBRES, MÊME D’AIMER VOS ENNEMIS. »

N’ est- ce pas là, peut-être,
notre plus beau titre de gloire : ÊTRE LIBRE .
Voyons ce que recouvre, pour nous, cette expression :
« ETRE LIBRE ».
Là, une fois de plus,
Jésus se montre un PEDAGOGUE-NE pour ses disciples.

C’est une des pages les plus bouleversantes de l’Evangile

« JE VOUS LE DIS, - c’est Jésus qui parle –
A VOUS QUI M’ECOUTEZ : AIMEZ VOS ENNEMIS. »
Mais bien sûr,
il avait raison ce brave grand’ père
lors de la préparation du baptême de son petit fils ;
PAR SES SEULES FORCES NATURELLES
IL LUI ETAIT DIFFICILE sinon
IMPOSSIBLE D’AIMER SES ENNEMIS.

Et l’on peut dire aussi, d’une façon générale
que celui qui garde une AGRESSIVITE
à l’ égard de quelqu’un
il reste PRISONNIER de son AGRESSIVITE.
Il ne connaît pas la paix du cœur,
il N’EST PAS LIBRE.

D’autre part,
celui qui SUBIT l’agression ….
s’il ne s’émancipe pas de l’injure qui lui est faite.....
en acte ou en parole…..
en parole...ce qui fait parfois plus mal encore,
s’il ne triomphe pas du MAL par le BIEN,
lui non plus n’est pas un homme LIBRE.
C’est ce que Jésus veut dire par ces mots :
« A CELUI QUI TE FRAPPE SUR UNE JOUE,
PRESENTE LUI L’AUTRE JOUE …CELLE QUI RÉAGIT AUTREMENT.
Sois vainqueur du mal qu’on te fait en faisant le bien.
Tu auras ce bien inestimable d’être un HOMME LIBRE.
Quand Jésus dit :
« HEUREUX LES DOUX…- les non-violents-
ILS POSSEDERONT LA TERRE…PROMISE. »
Bien plus encore que d’être dans le Royaume,
c’est leur COEUR qui sera transfiguré .....
pour devenir une porte du ROYAUME.
La douceur dont parle Jésus est l’antidote de la violence.

La DOUCEUR EVANGELIQUE elle est une des facettes
du don de l’Esprit dont parle S. Paul aux Galates.

« LE FRUIT DE L’ ESPRIT - dit S. Paul – C’EST l’AMOUR
qui se traduit en JOIE, PAIX, PATIENCE,
BONTE, BIENVEILLANCE, FOI,
DOUCEUR, MAÎTRISE DE SOI. CONTRE DE TELLES CHOSES – ajoute S. Paul –
IL N’ Y A PAS DE LOI.
ON EST LIBRE !
S. Augustin renchérit en s’écriant :
« AIME, ET FAIS CE QUE TU VEUX. »
Si tu aimes vraiment, fais ce que tu veux.

Pour être complet,
il faut encore parler d’un autre
qui peut faire souffrir, qui peut faire mal ;
cet autre qui tient l’être humain replié sur lui-même
et l’empêche d’être LIBRE ,
CET AUTRE : c’est SOI-MÊME à l’égard de SOI-MÊME.

 

Dans les années 50 paraît un film, un très beau film, interprété par Pierre Fresnay
dans le rôle d’un prêtre défroqué.
A ce prêtre défroqué
qui se détruit intérieurement sa mère lui dit :
« MON FILS, TU ES PRISONNIER DE TOI-MÊME. »

Gardons-nous de faire de nous-mêmes
l’ univers le plus carcéral qui soit.
Ayons à cœur d’être BONS…..
pour les autres et pour nous-mêmes.

Soyons pour tout être humain
en commençant par nous-mêmes....
profondément bons .

OUI ! « SOYONS MISERICORDIEUX ….
COMME NOTRE PERE EST MISERICORDIEUX.

FRERES et SŒURS,
Si nous ne retenons que quelques mots
de cette célébration…..
peut-être cette phrase que nous avons reprise
comme refrain au chant d’entrée :
« METS- EN NOUS TON ESPRIT, SEIGNEUR,
ET NOUS AIMERONS. »
Nous aimerons alors de l’amour même de Dieu.