Homélies de Dom Armand Veilleux

22 janvier 2023  --  Troisième dimanche ordinaire « A »

Is 8, 23b – 9, 3 ; 1 Co 1, 10-13.17 ; Mt 4, 12-23

 

H O M É L I E 

           Lorsque Pierre et son frère André, répondant à l’appel de Jésus, quittèrent tout et le suivirent, ils prenaient un énorme risque. De leur temps même, d’autres prophètes étaient venus, se présentant comme le Messie, et beaucoup les avaient suivis, simplement pour se rendre compte plus tard qu’ils avaient été induits en erreur et s’étaient trompés.  D’une certaine façon, les Disciples eurent de la chance !  Celui qu’ils suivirent était le Messie.

           Et ils furent si heureux d’avoir fait le bon choix que plus tard, se rappelant le moment de leur premier appel, ils l’embellirent.  Chacun d’eux le rapporte à sa façon, décrivant un contexte différent.  Ils tendent tous à donner l’impression que leur réponse fut immédiate et définitive.  En réalité nous savons par le reste de l’Évangile, qu’ils hésitèrent considérablement et qu’ils n’abandonnèrent leurs occupations qu’après la Résurrection.  Mais en télescopant ainsi les événements en un seul épisode, ils soulignent le point essentiel, qui est le pouvoir qu’a l’appel de Dieu, une fois qu’il a été reconnu et accepté, de mobiliser toutes les énergies humaines.

15 janvier 2023 – 2ème dimanche ordinaire “A”

Is 49,3.5-6 ; 1 Co 1,1-3¸ Jn 1,29-34

H O M É L I E

          Les évangiles des dimanches ordinaires de l’année liturgique sont tirés chaque année d’un évangéliste différent : Matthieu pour l’année « A », Marc pour l’année « B » et Luc pour l’année « C ».  Cependant, en ce deuxième dimanche, celui qui suit la fête du Baptême du Seigneur, nous lisons chaque année une partie du témoignage de Jean-Baptiste sur Jésus selon l’Évangile de Jean.  Jean, en effet, ne raconte pas le baptême de Jésus par Jean-Baptiste, qui signale le début du ministère public de Jésus dans les autres évangiles, mais il s’attarde sur le témoignage de Jean. 

          Il s’agit d’un témoignage qui ne s’adresse à personne en particulier et qui vaut donc pour tous les hommes et toutes les femmes de tous les temps :  « Jean rendit ce témoignage... ».  Auparavant Jean avait déjà dit à ceux qui l’interrogeaient sur le sens de son baptême : « Il y en a un parmi ceux qui me suivent (c’est-à-dire parmi mes disciples) qui est plus grand que moi... ».  Alors le jour où il vient, il le reconnaît et il dit : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ».  Le titre d’agneau de Dieu réfère évidemment à l’agneau mangé chaque année lors de la célébration pascale, et, au-delà de ce mémorial, à l’agneau dont le sang avait marqué le linteau des portes des Juifs en Égypte, durant la nuit de la Fuite, et avait sauvé leurs premiers-né.  L’expression se référait aussi à l’agneau qu’on chassait chaque année au désert, symboliquement chargé par le prêtre de tous les péchés du peuple.

          Mais que signifie Jean-Baptiste, par l’expression « le péché du monde  » ?  Il ne dit pas « les péchés du monde », mais bien « le péché du monde ».  De quel péché s’agit-il ?  Traduire en inversant les mots, par exemple en disant : « qui enlève du monde le péché » serait un contresens.  « tèn hamartían tou kósmou » signifie vraiment « le péché du monde » et en quelque sorte, « le péché du monde par excellence ».  Et tout d’abord, de quel monde s’agit-il ?  Évidemment du monde dont vient tout juste de parler le Prologue de l’Évangile de Jean :  « Il était dans le monde et le monde fut fait par lui, et le monde ne l’a pas reconnu »

          Le « péché du monde » ce n’est pas telle ou telle transgression, ni même l’ensemble des transgressions.  C’est plutôt le monde des hommes dans son ensemble dans la mesure où il ne reçoit pas le message du Christ et ne se laisse pas transformer par lui.  Le « péché du monde » c’est le fait que notre monde, celui où nous vivons, n’est pas structuré selon l’Évangile.  Le péché du monde c’est que les pauvres et les petits sont écrasés, que tant d’hommes et de femmes souffrent de la faim, que tant de personnes sont chassées de leurs maisons et de leurs pays par la guerre, que les riches deviennent plus riches et que les pauvres deviennent plus pauvres, que tant de malades meurent par manque de médicaments alors que des sommes astronomiques sont dépensées à développer des engins de mort.  Le péché du monde, c’est l’existence des guerres, de l’avortement, de la peine de mort.  C’est la violation de tous les droits des personnes et des peuples.  Le péché du monde c’est aussi le silence et l’inaction coupables devant toutes ces injustices et ces crimes.

          C’est de ce péché-là qu’est venu délivrer le monde l’Agneau de Dieu reconnu par Jean.  Et pourtant après deux mille ans le monde est toujours dans son péché.  Nous sommes tous dans ce monde mais il nous est possible, à chacun et chacune d’entre nous de ne pas être de ce monde.  Comment ? En recevant le Fils de Dieu, en acceptant son message, en nous laissant transformer par lui :  «  À tous ceux qui l’ont accueilli, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfant de Dieu ».

Jean le Baptiste a su reconnaître celui qui venait libérer le monde de son péché parce que son coeur était pur.  Il a vu l’Esprit-Saint descendre sur la tête de Jésus, et peu de temps après il a eu sa propre tête coupée.  Demandons à Dieu d’avoir la lucidité de reconnaître à la fois le péché du monde (en nous et autour de nous) et de reconnaître Celui qui en délivre, même lorsque cette lucidité peut être dangereuse et lourde de conséquences.

Armand Veilleux

9 janvier 2023 -- Fête du Baptême du Seigneur « C »

Is 40, 1...11; Ti 2, 11...3,7; Lc 3, 15...22

Homélie

           Des quatre Évangélistes, Luc est toujours celui qui souligne le plus tout ce qui se rapporte à la prière.  Dans le récit du baptême de Jésus il est le seul à mentionner que c’est au moment où Jésus priait, après avoir été baptisé par Jean, que le ciel s’ouvrit et que l’Esprit Saint descendit sur Lui, sous la forme d’une colombe.  Et c’est par cette même ouverture dans le ciel que passa la voix du Père disant : « C’est toi mon Fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ». Essayons de voir ce que ce texte nous enseigne sur la prière.

14 janvier 2023 - Samedi de la 1ère semaine,

Heb. 4, 12-16 ; Marc 2, 13-17

 

Homélie

 

          Ce bref évangile comporte deux parties distinctes : d’abord la vocation de Lévi, puis le repas donné par Lévi dans sa maison.

8 janvier 2023 – Épiphanie du Seigneur

Is 60,1-6 ; Ép 3,2-3a.5-6 ; Mt 2,1-12

Homélie

            L’Évangile de Matthieu est d’une extrême sobriété au sujet de la naissance de Jésus. Dans son premier chapitre, il trace tout d’abord l’arbre généalogique de Joseph et donc aussi de Marie, puisqu’ils appartenaient évidemment à la même tribu et à la même famille élargie. Puis vient le récit de l’apparition de l’ange Gabriel à Joseph lui disant de ne pas hésiter à prendre Marie pour épouse. Ensuite, dès le chapitre suivant, le deuxième, Jésus est « découvert » par les Mages venus d’Orient, qui lui offrent des présents royaux avant de retourner chez eux.  De ces personnages, l’Évangile ne dit rien d’autre ; aussi, la piété populaire n’a cessé au cours des siècles de broder et d’ajouter des détails à leur sujet.

13 janvier 2023 – vendredi de la 1ère semaine ordinaire (années impaires)

He 4, 1-5.11 ;Marc 2, 1-12

H O M É L I E

          Quand Jésus se trouve en Galilée, cette région qu'Isaïe appelait déjà la "Galilée des Nations" (Is. 7,23-9,1, cité en Matt 4,15), il est aux frontières de la terre d'Israël et souvent confronté avec ceux que les Juifs appellent les "gentils" ou les "païens".  Le texte de Marc que nous venons de lire décrit dans un langage symbolique cette rencontre et toutes les tensions que celle-ci engendre.

1 janvier 2023

Solennité de Marie, Mère de Dieu

Nb 6, 22-27 ; Ga 4, 4-7 ; Lc 2, 16-21

H o m é l i e

 

          Dans l’Évangile que nous venons de lire, lorsque les bergers arrivent à Bethléem, ils découvrent « Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire ». Marie est mentionnée la première, dans sa dignité de Mère.  C’est pourquoi on fête aujourd’hui la solennité de Marie, Mère de Dieu.  Au cours des siècles les Chrétiens ont attribué beaucoup de titres à Marie, avec des degrés assez différents de sobriété et de profondeur.  Le titre de Mère de Dieu, qu’on lui donne depuis le Concile d’Éphèse, au quatrième siècle, est l’un des plus anciens.  Cependant, dans l’Évangile, elle est tout simplement appelée la « Mère de Jésus » et même, dans l’Évangile d’aujourd’hui, la mère d’un petit enfant qui n’a pas encore de nom, puisque c’est seulement huit jours plus tard qu’on lui donnera le nom de Jésus.