Baptême du Seigneur C
Frères et Sœurs,
Le ministère de Jean Baptiste
doit être compris à la lumière de l’oracle
que nous trouvons dans la première lecture tirée du prophète Isaïe :
« Dans le désert préparez le chemin du Seigneur. »

 

Jean B. en reprenant cet oracle du prophète Isaïe affirme être
« la voix qui crie dans le désert. »
Jean Baptiste exhorte le peuple à se convertir
et à recevoir SON BAPTÊME D’EAU
pour exprimer son désir,
sa disponibilité à être purifié.

Or, nous l’avons entendu au début de cet évangile
« LE PEUPLE VENU AUPRÈS DE JEAN BAPTISTE ÉTAIT EN ATTENTE. »
L’attente du peuple !
Le verbe ATTENDRE
que S. Luc utilise pour signifier cette disposition
du cœur
est le même verbe
qu’emploieront les disciples de Jean
quand celui-ci de sa prison enverra ses disciples demander à Jésus :
« ES-TU CELUI QUI DOIT VENIR
OÙ DEVONS-NOUS EN ATTENDRE UN AUTRE ? »

Il s’agit , évidemment de l’attente du Messie.
Tous attendent le Messie.
Aussi,
s. Luc ajoute dans l’évangile de ce dimanche :
« TOUS SE DEMANDAIENT EN EUX-MÊMES
SI JEAN N’ÉTAIT PAS LE MESSIE. »
Jean Baptiste n’est pas dupe
de ce qui intéresse le peuple,
C’est pourquoi il dira à tous :

« MOI JE VOUS BAPTISE DANS L’EAU
MAIS IL VIENT CELUI QUI EST PLUS FORT QUE MOI.»
Plus fort parce qu’ il vient de Dieu.

L’évangéliste oppose le baptême d’eau
conféré par Jean Baptiste
au baptême dans l’Esprit
qui sera inauguré à la Pentecôte ;

cela donne à penser que pour Jean Baptiste
ce « DANS L’ESPRIT »
n’est pas à traduire par « avec l’Esprit » :
l’Esprit n’est pas un instrument,
mais une présence active.
Un peu plus loin dans l’évangile selon S. Luc :
« JÉSUS REMPLI D’ESPRIT SAINT, REVINT DU JOURDAIN ET IL ÉTAIT DANS LE DÉSERT,
CONDUIT PAR L’ESPRIT QU’IL A REÇU AU BAPTÊME. »
En effet,
Nous trouvons dans l’Evangile d’aujourd’hui :
« EN REMONTANT DE L’EAU,
JÉSUS VIT LES CIEUX SE DÉCHIRER
ET L’ESPRIT DESCENDRE SUR LUI COMME UNE COLOMBE,
IL Y EUT UNE VOIX VENANT DES CIEUX :
« TU ES MON FILS BIEN-AIMÉ ;
EN TOI JE TROUVE MA JOIE. »

Si Jean Baptiste
focalise en lui-même la mentalité d’Israël
il conçoit peut-être trop cette force divine
comme un pouvoir temporel fort…
pouvoir fort auquel le peuple aspire.

Nous savons que Jean-Baptiste
ne se trompe pas lorsqu’il déclare que
« CELUI QUI VIENT EST PLUS FORT QUE LUI. »
Même si l’inspiration dont Jean-Baptiste bénéficie dépasse peut-être son entendement,
sa capacité de comprendre,
Oui ! Jean est bien inspiré
quand il déclare à propos du Messie :
« LUI VOUS BAPTISERA
DANS L’ESPRIT SAINT ET DANS LE FEU. »

Sur l’allusion au baptême dans le feu,
S. Luc voit sans doute dans cette parole
une annonce de la Pentecôte.
S. Luc rapportera
dans le Livre des Actes des Apôtres
écrit par le même S. Luc comme suite à son Evangile
que nous lisons durant cette année liturgique.
Il y est question de
la venue de l’Esprit sous la forme de langues de feu.
Cette allusion doit signifier pour S. Luc
l’œuvre purificatrice de l’Esprit.

Mais, contre toute attente,
Jésus se présente à Jean et demande le baptême
d’eau.
Jean résiste.
« C’EST MOI, dira-t-il QUI DOIT ÊTRE BAPTISÉ PAR TOI ET NON L’INVERSE »
Le baptême de Jean est réservé
aux pécheurs qui se reconnaissent pécheurs
et qui se disposent à être affranchi de leur péché.

Jésus, quant à lui, est, par nature,
FILS DE DIEU
Il est l’innocence parfaite.
LE FILS DE DIEU EST COMBLÉ DE L’AMOUR
QUE LE PÈRE LUI DONNE
ET VICE VERSA.
Mais le projet de Dieu
qui est Père, Fils dans l’Esprit Saint
a de quoi nous dérouter.
En effet,
nous le redirons dans un moment en proclamant notre credo :
« JE CROIS EN UN SEUL SEIGNEUR JÉSUS CHRIST,
LE FILS UNIQUE DE DIEU,
NÉ DU PÈRE AVANT TOUT LES SIÈCLES :
IL EST DIEU, NÉ DE DIEU, LUMIÈRE,
NÉE DE LA LUMIÈRE,
VRAI DIEU, NÉ DU VRAI DIEU,
ENGENDRÉ, NON PAS CRÉÉ,
DE MÊME NATURE QUE LE PÈRE ;
ET PAR LUI TOUT A ÉTÉ FAIT. »

Jésus n’a donc pas besoin du baptême de Jean.
Baptême par lequel on se reconnaît pécheur
et désire ardemment être sauvé.
Le baptême
que Jésus nous mérite
par sa mort et sa résurrection
se réalisera en nous
par grâce
ce qu’il est lui-même part nature :
enfants de Dieu.

Pour bien montrer qu’il n’a pas besoin de ce baptême pour lui-même
ne dira-t-il pas un jour:
« QUI DE VOUS ME COVAINCRA DE PÉCHÉ ? »

Mais Jésus veut tellement s’identifier aux pécheurs
qu’il prend sur lui le péché du monde.

Quel est ce péché du monde :
NE PAS SE LAISSER AIMER PAR DIEU.
Or, Jésus a tellement pris sur lui le péché du monde
Lui, dont
« SA NOURRITURE
EST DE FAIRE LA VOLONTÉ DE SON PÈRE. »
Faire la volonté de son Père
il en sera brisé au point
qu’au jardin des oliviers
où il était avec ses plus intimes :
Pierre , celui que Jésus a appelé le roc.
les deux frères : Jacques et Jean que Jésus surnomme :
Les fils du tonnerre : Jacques et Jean.
les trois sur qui il comptait pour veiller et prier
lors de son agonie au jardin des Oliviers.
Or, Jésus les trouve endormis.

Et sur la croix
il aura ces mots terribles :
« PÈRE, POURQUOI M’AS-TU ABANDONNÉ. »
Le Père ne l’a pas abandonné.
Jésus est en relation continuelle avec son Père.

 

Mais lors de l’agonie aux jardin des Oliviers
Sa souffrance,
physique, morale et spirituelle est telle qu’il crie :
« PÈRE, POURQUOI M’AS-TU ABANDONNÉ »
Mais aussitôt,
il a ce sursaut filial :
« NON PAS MA VOLONTÉ MAIS LA TIENNE ; »

Non Jésus n’a pas fait semblant
d’être homme ;
il l’a été jusqu’à la dernière fibre de son être.

FRÈRES ET SŒURS
Jésus nous montre donc
sa parfaite identité à la condition humaine
avec une prédilection pour les plus pauvres
quelque que soit la forme de leur pauvreté.

Jésus est né comme le dernier des pauvres.
Il est mort comme le dernier des scélérats
et il a passé sa vie à aimer les malaimés.
Oui ! il est venu pour le salut de tous.