5 mai 2020 – Mardi de la 4ème semaine de Pâques « A »

Ac 11, 19-26 ;Jean 10, 22-30

 

H O M É L I E

           L’Évangile d’aujourd’hui, comme celui d’hier et celui de dimanche, nous parle toujours du Bon Pasteur. Cette image parlait évidemment beaucoup au gens de Galilée et de Judée à qui Jésus s’adressait.

       

           Le peuple d’Israël, après avoir été une petite tribu nomade, était devenu un peuple sédentaire.  Dans cette culture sédentaire, le rôle du pasteur protégeant son troupeau contre les attaques des bêtes sauvages et le guidant à la recherche de nourriture et de points d’eau était très important.  Aussi les prophètes de l’Ancien Testament utilisèrent souvent cette image du « pasteur » pour décrire l’attention de Dieu à l’égard de son peuple.  Dans le bref passage d’Évangile que nous venons de lire, la phrase principale, celle qui donne la clé de compréhension de tout ce qui précède est la dernière : Le Père et moi, sommes UN, dit Jésus. C’est lui le vrai berger.

           Même si nous ne vivons plus dans une culture où il est courant de voir un berger guider son troupeau de brebis, il ne nous est pas difficile de comprendre le message que véhicule l’utilisation de cette image. 

           L’Église est la communauté de tous ceux et celles qui ont mis leur foi dans le Christ – ceux qui ont entendu sa voix et qui veulent le suivre.  Le pasteur de l’Église, c’est Lui, Jésus de Nazareth, toujours vivant au milieu de nous parce que nous sommes réunis en son nom. C’est sa Parole que nous écoutons, c’est lui que nous suivons.  Nous sommes sous sa protection.  Cela est vrai de l’Église universelle, comme de chacune des communautés locales qui, ensemble, dans leur communion entre elles, constituent le Mystère universel de l’Église.  Cela est vrai d’un diocèse, d’une paroisse, ou d’une communauté monastique.

           L’Église c’est donc nous tous et tous ceux qui, de par le monde, ont mis leur foi en Jésus de Nazareth. Au sein de cette Église il y a, bien sûr, des personnes qui ont reçu diverses responsabilités et divers ministères ; il y a, par exemple, le pape, les évêques et les prêtres.  L’Église ce n’est pas eux ; l’Église c’est nous tous -- y compris ces responsables.  Certains, à cause du ministère qu’ils ont à remplir, reçoivent le titre de « pasteurs ».  Mais l’unique « vrai pasteur » c’est celui qui dit, dans l’Évangile d’aujourd’hui : « Je suis le vrai pasteur. »  Il me semble que cette parole est de nature à nous encourager et à nous empêcher de perdre confiance.

           La première lecture, tirée des Actes des Apôtres, continue de nous décrire les débuts de la première communauté chrétienne. Nous y voyons le rôle exceptionnel qui joua l’apôtre Barnabé. Celui-ci est envoyé à Antioche par la communauté de Jérusalem pour voir ce qui s’y passe, car on a entendu dire que l’Évangile y est prêché aussi aux Grecs et est reçu par ceux-ci.  À ce moment-là, Paul, récemment converti, est retourné chez lui à Tarse, et tout le monde le tient à l’écart, car on se méfie de lui. Barnabé a alors l’idée géniale d’aller chercher Paul et d’entreprendre avec lui la prédication dans le monde grec.  L’histoire de l’Église aurait été totalement différente sans ce geste de Barnabé et sa grande humilité.  Barnabé était alors l’étoile montante dans la communauté chrétienne primitive.  Il sera rapidement supplanté par Paul et il se laissera humblement supplanter.

           C’est ainsi que s’est formée cette foule immense, indénombrable, de témoins venant des quatre coins du monde – témoins à jamais vivants par leur foi au Christ, malgré les larmes et les souffrances qu’ils ont endurées.

           Que chacun de nous s’efforce en ce jour d’écouter la voix du Bon Pasteur, de se laisser envahir par la joie d’être connu de Lui, de se mettre à sa suite, découvrant la vocation personnelle que chacun de nous a reçue d’être son témoin là où il nous a appelés.

Armand VEILLEUX