Homélies de Dom Armand Veilleux

20 juin 2023 – mardi de la 11ème semaine du Temps Ordinaire

2 Cor 8, 1-9 ; Mt 5, 38-48

Homélie

          Cet Évangile est la suite de celui d’hier, dans lequel Jésus nous appelait à présenter l’autre joue, lorsque quelqu’un nous frappe. Puis il nous invite ensuite à ne pas répartir nos frères humains en catégories, faisant des uns des amis et des autres des ennemis.

19 juin 2023 – lundi de la 11ème semaine

2 Co 6, 1-10 ; Mt 5, 38-42

 

Donner l’autre joue

 

Ce passage d’Évangile me ramène à la mémoire une scène de la vie de Mahatma Gandhi. Il s’agit d’un événement se situant vers la fin de la vie de Gandhi.  L’Inde vient tout juste d’obtenir son indépendance, mais elle s’est déjà divisée en deux pays : l’Inde elle-même, un pays hindou et le Pakistan, un pays musulman ; et une guerre civile fait rage dans les principales villes entre les musulmans et les hindous.  Gandhi commence alors un jeûne, décidé de ne rien manger tant que la paix ne sera pas rétablie entre les deux factions. C’est alors qu’un homme de religion hindoue vient trouver Gandhi. Il est désespéré, convaincu d’être damné pour toujours parce qu’il a tué un enfant musulman.  Il l’a tué pour se venger parce que des musulmans avaient tué son propre enfant. Gandhi lui dit alors ce qu’il doit faire pour éviter la damnation.  « Va, dit-il, trouve un enfant du même âge que celui que tu as perdu, adopte-le et élève-le comme ton propre enfant.  Mais surtout prend bien soin de choisir un enfant musulman et de l’élever comme un bon musulman.

           Même si Gandhi n’était pas chrétien, il serait difficile de trouver une application plus authentique du message de Jésus dans l’Évangile d’aujourd’hui.

           Après plus de deux mille ans de chrétienté, il y a encore la guerre aux quatre coins de la planète, et elle est souvent menée par des pays chrétiens, ou en tout cas des millions de chrétiens y participent. Mais, surtout, nous avons nos petites guerres privées.  Ce peut être un accrochage de quelques minutes ou un conflit qui dure quelques jours.  Ce peut aussi être une tension qui dure quelques années.  Le commandement de présenter l’autre joue n’est pas plus raisonnable aujourd’hui qu’il l’était au temps de Jésus, ou qu’il l’a été durant les deux derniers millénaires.  Mais il demeure la seule façon d’être parfait comme notre Père du ciel est parfait, et donc la seule façon d’entrer dans la vie éternelle.

           La source des tensions interpersonnelles comme celle de toutes les guerres est que nous oublions que nous sommes possédés par la Vérité et nous prétendons la posséder. Nous pensons être les seuls propriétaires de la vérité, de Dieu, de la justice. Nous sommes toujours tentés de retourner à la morale de l’Ancien Testament, qui incarnait une religion territoriale.  Dieu était conçu comme le dieu d’un peuple, d’une terre. Bien sûr, il y avait d’autres pays et d’autres peuples qui avaient leurs propres dieux; ils étaient tout au plus tolérés si on n’était pas en conflit ouvert avec eux.     

Les grandes guerres mondiales de notre époque et beaucoup d’autres conflits nous ont montré la force destructrice de toute forme de racisme et de nationalisme. Toute limitation de l’amour à des limites spatiales, à travers des murs, qu’ils soient matériels ou autres, est une recrudescence du polythéisme du temps de l’Ancien Testament, qui limitait les dieux à des territoires spécifiques.  Le monde politique des dernières années a fait renaître ce polythéisme ancien et, en tant que chrétiens, nous avons le devoir de ne pas nous laisser entraîner par cette mentalité.

La pire forme d’idolâtrie, cependant, est probablement celle qui consiste à transformer en idoles ses propres désirs et la recherche de ses satisfactions personnelles.  Demandons au Seigneur la pureté du cœur qui nous permettra de voir Dieu en chaque personne et nous préservera de tout manquement à l’amour du prochain.

Armand Veilleux

          

16 juin 2023 - Solennité du Sacré-Coeur

Deut 7,6-11; 1Jean 4,7-16; Mt 11,25-30

H O M É L I E

          L'aspect du mystère du salut que nous célébrons aujourd'hui n'est pas tellement différent de celui que nous avons célébré il y a une dizaine de jours, le dimanche de la Trinité.  "Dieu est amour", répète saint Jean, comme un refrain, dans la seconde lecture de la messe d'aujourd'hui.  Ces trois mots résument tout le mystère de l'union du Père à son Fils dans leur commun Esprit.  Ils résument aussi tout le mystère des relations entre Dieu et l'humanité.

Homélie pour le 11ème dimanche du temps ordinaire « A »

18 juin 2023

Exode 19, 2-6 ; Romains 5, 6-11 ; Matthieu 9, 36-10, 8 

H O M É L I E

          Le récit que nous avons lu dans la première lecture se situe à peine trois mois après que le peuple d’Israël fût sorti d’Égypte, et qu’il fût arrivé en face du Sinaï où aura lieu la rencontre entre Moïse et Dieu.  Moïse entreprend de monter vers Dieu et Dieu l’appelle du haut de la montagne. Le message reçu n’est cependant pas pour Moïse tout seul ; il est pour tout le peuple avec qui Dieu veut faire une Alliance et à qui il confie une mission collective : « vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte ». 

13 juin 2023 – mardi de la 10ème semaine “A”

2 Co 1, 18-22 -- Mt 5,.13-16

H O M É L I E

          Lorsque Jésus nous dit que nous sommes le sel de la terre et la lumière du monde, il ne nous invite pas à être orgueilleux, nous félicitant nous-mêmes d’être les “choisis”.  Au contraire, il nous confie une mission – et une mission très exigeante.  Il nous invite à être le sel de la terre et la lumière du monde non pas tellement par notre enseignement de sagesse mais plutôt par notre témoignage.

17 juin 2023 – Fête du Cœur Immaculé de Marie

2 Co 5,14-21 ; Luc 2, 41-51  

H O M É L I E

          Après la fête du Sacré-Cœur de Jésus, le calendrier liturgique nous fait célébrer aujourd’hui celle du cœur Immaculé de Marie. Et l’Évangile retenu pour cette fête est le récit de la montée de Jésus au Temple, à l’âge de douze ans, qui se termine par l’affirmation que Marie conservait toutes ces choses en son cœur.

12 juin 2023  lundi de la 10ème semaine du Temps Ordinaire

2 Cor 1, 1-7 ; Mt 5,1-12a 

Homélie

          Au moment où les Évangiles ont été rédigés, c’est-à-dire lorsque les souvenirs de ceux qui avaient connu Jésus et avaient été ses disciples, furent recueillis par les quatre Évangélistes que nous connaissons – Matthieu, Marc, Luc et Jean – après que ces écrits eurent circulé d’abord oralement puis en petits récits écrits détachés, les premiers chrétiens étaient déjà en proie aux persécutions.  On comprend donc l’importance qu’est donnée dans ces Évangiles à la dernière béatitude : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice... », ainsi que l’élaboration qui en est faite : « Heureux serez-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute... réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse... ». Il s’agissait alors des tensions vécues entre les autorités de la religion juive traditionnelle et le christianisme naissant qui était perçu comme une nouvelle secte et une menace.