Homélies du Père Jacques Pineault donnée à Scourmont

Solennité du Sacré-Cœur  

MATTHIEU 11,25-30

Scourmont : 19.06.2020

 

Frères et sœurs, la fête du Sacré-Cœur fait parfois horreur à certains catholiques, lassés de ses représentations religieuses plus proches d’un art fleuri que du génie artistique chrétien. Il serait malheureux d’en rester là et de ne pas scruter le Mystère du Cœur de Jésus. En réalité son humanité trompe « les sages et les savants » (Mt 11,25) désireux de contempler Dieu de manière plus désincarnée. Or le Sacré-Cœur est un mystère d’humilité qui ne se dévoile qu’aux « tout-petits ». Car c’est dans l’humilité et dans l’humanité d’un cœur humain que Dieu fait rayonner son être.

Le Sacré-Cœur est d’abord le mystère de Dieu manifestée en son Fils Jésus, « qui s’est abaissé lui-même, et a été obéissant jusqu’à la mort » (Ph 2,8). Le symbole du cœur est bien sûr à comprendre en son sens biblique qui désigne l’intériorité de la personne. Toutefois le Sacré-Cœur n’est pas une fête pour sentimentaux ou romantiques : c’est l’identité de Jésus qui se dévoile dans toute sa délicatesse et sa profondeur.

« Dieu est amour » (1 Jn 4,8.16), nous affirme saint Jean par deux fois, avec une audace théologique déconcertante : comment un homme, fut-il évangéliste, peut-il oser identifier le Dieu infini à un mot humain, même celui de l’amour ? Saint Jean affirme ceci comme le fruit d’une méditation de l’Écriture et de la vie du Christ. L’Amour qu’est Dieu ne s’est pas révélé de manière abstraite mais dans le concret d’une histoire. Il s’est manifesté au long de l’histoire d’Israël à travers les alliances renouées malgré les infidélités humaines.

Dieu n’a pas manifesté son amour de manière générale ou désincarnée ; il l’a fait dans les limites de l’espace et du temps, dans les limites de la vie humaine de Jésus de Nazareth.

Sa pleine révélation a eu lieu dans la vie de Jésus : en donnant sa vie pour ses amis et pour tous les hommes, le Christ nous a prouvé son grand amour, cet amour dont il n’y a rien de plus grand, puisqu’il est celui de Dieu même. « Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13). Pour saint Jean, reconnaître cette relation d’amour, c’est faire entrer Dieu dans sa vie.

Certes l’amour peut faire des déclarations, parfois solennelles. Mais surtout l’amour se révèle par des actes, par des gestes posés au quotidien ou lors de circonstances critiques. Le geste extrême de l’amour fut posé quand un homme innocent se laissa librement mettre en croix. Son symbole est ce cœur blessé, transpercé, exposé à nos regards. Certes cette démonstration d’amour est très humble. L’amour a en fait horreur de l’éclat. « Je suis doux et humble de cœur » (Mt 11,29), dit Jésus. Le chemin de l’Amour est celui de l’abaissement et de l’humilité : là est toute la vie du Christ. Saint Matthieu présente le visage humain de cet amour qui appelle à lui tous les petits pour les soulager de leur fardeau. Ainsi la fête du Sacré-Cœur nous dévoile l’humilité du Fils de Dieu qui n’a pas quitté les limites de son humanité pour nous prouver son amour. C’est dans son humanité que se cache sa divinité.

Cette humilité du Fils de Dieu peut devenir celle de ses frères, les enfants de Dieu par adoption que nous sommes. Méditer sur le Sacré-Cœur peut rend humble le cœur des fils de Dieu : car le disciple est appelé à devenir semblable au Maître. En effet, une affirmation centrale traverse nos deux premières lectures. « Si le Seigneur s’est attaché à vous, s’il vous a choisis, ce n’est pas que vous soyez le plus nombreux de tous les peuples, car vous êtes le plus petit de tous. C’est par amour pour vous, et par fidélité au serment fait à vos pères » (Dt 7,7). Saint Jean confirme cette parole de Moïse : « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés » (1 Jn 4,10).  Oui, Dieu a choisi Israël comme chacun de nous de manière libre et sans raisons humaines. « Le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît pas », disait Pascal.

Une des plus grandes souffrances dans nos sociétés, c’est le mal d’amour. Combien de personnes croient qu’elles ne valent pas la peine d’être aimées ? Combien finissent par se convaincre d’être de trop et cherchent refuge dans des pratiques qui les détruisent à petit feu ? Combien arrivent à se donner la mort ? Trouver sur son chemin quelqu’un qui témoigne de l’amour de Dieu pour le monde représente une issue de secours, une bonne nouvelle.

Le Sacré-Cœur de Jésus devient alors bien plus qu’une dévotion. Il devient souffle de vie, tremplin vers la dignité. C’est le charisme de l’amour. Pour cela, un seul chemin, se mettre à l’école de Jésus et nous aimer les uns les autres comme Jésus nous a aimés, humblement et radicalement.

A SAINTE TRINITÉ JEAN 03, 16-18 (12)

Mes chers frères, dans la première lecture que nous avons entendue aujourd’hui et qui est tirée du livre de l’Exode (34,4b-6.8-9), nous lisons : « Moïse se leva de bon matin, et il gravit la montagne du Sinaï comme le Seigneur le lui avait ordonné » (34,4b). Il me semble qu’il est bon de contempler l’action de Dieu et la présence mystérieuse de la Trinité dans le rythme ordinaire de la vie des hommes et dans notre propre existence.

A PÂQUES 06 JEAN 14, 15-21 (12) Scourmont : 17.05.2020

Frères et sœurs, quand nous lisons le livre des Actes des apôtres, nous y découvrons comment la bonne nouvelle de l’Évangile s’est répandue. La croix du Christ a porté des fruits qui demeurent. Elle a donné de l’audace et de l’assurance aux disciples qui ont répandu la bonne nouvelle du Christ mort pour nos péchés mais ressuscité pour notre vie. Cela ne s’est pas passé sans persécution. Il y a eu la mort du diacre Étienne (Ac 7,54-8,1). Mais rien ni personne n’a pu arrêter la progression de la parole de Dieu. Le diacre Philippe est envoyé à Samarie, non pour s’y cacher, mais pour y prêcher (Ac 8,5-17). Tout cela, il l’accomplit en lien avec ceux qui lui ont confié cette mission. Ces derniers viendront de Jérusalem pour authentifier son apostolat.