Homélies et conférences du Père abbé - Dom Damien Debaisieux

Assomption 2021

(Lc 1,39-56)

Frères et Sœurs, en 1950, Pie XII a « affirm[é], déclar[é] et défin[i] comme un dogme divinement révélé que : l’immaculée mère de Dieu, Marie toujours vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste. » Quand le pape a promulgué ce dogme de l’Assomption, il s’est appuyé sur une longue tradition et notamment sur la foi du peuple chrétien, cette foi et cette piété de celles et ceux qui, aujourd’hui encore, cherche soutien et refuge à l’abri de la maternelle miséricorde de Marie. Notre Dame, parce qu’elle est « celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » (45), ne pouvait être que la première des sauvés par le salut auquel elle avait donné chair. Et ce salut devait se manifester jusque dans sa propre chair qui, comme l’a encore écrit Pie XII, « a été préservée de la corruption du tombeau ». Alors en ce dimanche, jour de la

Saint Benoît

(Lc 22,24-27)

                                                                                                  Juillet 2021

Frères et Sœurs, parmi les évangiles qui nous sont proposés en cette fête de saint Benoît, il y a donc ce passage de Luc situé entre l’annonce de la trahison de Judas et celle du reniement de Pierre. Oui, pour entrer davantage dans l’esprit de cette vie monastique bénédictine, nous avons d’abord entendu ces mots : « Les apôtres en arrivèrent à se quereller : lequel d’entre eux, à leur avis, était le plus grand ? ». Avec querelles et mesquineries, nous sommes loin de l’image idyllique qui colle parfois à la vie monastique, cette vie paisible, faite d’un doux silence rempli d’une présence, une vie de communion facile, presque paradisiaque. Mais alors, nous sommes loin aussi d’une autre image – négative, cette fois - celle d’une vie en effet trop facile, d’une vie qui fuirait la vraie vie, le vrai monde ; d’une vie égoïste. Il est bon que « Les apôtres en arrivèrent à se quereller », et qu’aujourd’hui, les moines soient assimilés à ces apôtres querelleurs. Car nous le savons, la vie monastique n’est pas une vie hors-sol. Mais c’est bien au contraire en partant de ce que nous sommes, dans nos réflexes les plus primaires, que Dieu peut œuvrer et s’incarner. Là est le lieu possible du Salut ; là, parce qu’il y a quelque chose, quelqu’un à sauver. Avant nos prières et nos louanges, c’est peut-être bien cela que nous avons à offrir à Dieu, ce pauvre personnage que nous sommes avec toutes ses contradictions, contradictions que la vie monastique aura bien du mal à effacer, mais qu’elle pourra unifier autour d’un centre, une espérance : le Christ.

Vigile pascale

(Mc 16,1-7)

                                                                                     Avril 2021

Frères et sœurs, comme il y avait trois apôtres à Gethsémani, le soir de l’arrestation de Jésus, il y a, dans cet évangile, trois femmes. Mais là où les hommes n’eurent pas « la force de veiller seulement une heure » (14,37), les femmes, elles, s’éveillent « de grand matin [… pour se rendre] au tombeau » (2). Ce sont ces mêmes « femmes, nous le savons, qui observaient de loin » (15,40) la crucifixion de Jésus, sa mort et sa mise au tombeau. Elles sont le dernier reste, le petit reste, qui sera fidèle à Jésus jusqu’au bout. Les autres, les hommes, eux, se sont enfuis !

Sacré Cœur de Jésus (2021)

(Jn 19,31-37)

Juin 2021

Frères et Sœurs, cet évangile que nous avons écouté avec une certaine familiarité, sans paraître le moins du monde choqués, est en réalité d’une extrême violence. Des hommes ensanglantés pendus à des croix, deux à qui on brise les jambes – nous pourrions imaginer et le geste et le bruit -, et enfin un autre, le Christ, déjà mort, à qui, d’une lance, on perce le côté. Ce sont souvent des personnes d’une autre culture qui, posant un regard inhabitué, nous ont fait reprendre conscience de l’horreur de cette scène. Mais voilà qu’aujourd’hui, ce sont des personnes que nous pensions de notre propre culture, des jeunes, qui ne supportent plus de voir ou d’entendre un tel récit. La croix n’est pas pour eux un signe de ralliement, une lumière d’espérance, mais un symbole repoussant qui n’a qu’une seule vocation : disparaître. Et c’est dans ce contexte que, pour célébrer le Sacré-Cœur de Jésus, pour rendre grâce à l’amour de Dieu, l’Eglise, en cette année liturgique B, a choisi cet évangile de la croix, de la mort, « du sang et de l’eau » (34).

Jeudi saint

(Jn 13,1-15)

Avril 2021 

Frères et sœurs, tous les ans, quand nous célébrons la Sainte Cène au Jeudi Saint, nous entendons cet évangile qui relate, non le don du pain et de la coupe, mais le lavement des pieds. C’est une manière pour l’Eglise de réaffirmer le caractère central de ce geste, geste qui dit le don, le service, l’humilité ; geste qui est révélation de Dieu, mais aussi de son Eglise et de ses disciples.

6e dimanche de Pâques B

(Jn 15, 9-17)

Mai 2021

Frères et Sœurs, dimanche dernier nous entendions Jésus nous dire dans l’évangile : « Moi, je suis la vraie vigne » (Jn 15,1). Et il nous invitait à demeurer en lui car, disait-il, « en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » (5). Jésus nous appelait à donc à adhérer à lui, à coller à lui, à ne pas nous séparer de lui.  A l’instar du sarment de la vigne, c’est une question de vie ou de mort. Aujourd’hui, c’est la suite de cet évangile que nous avons entendu avec une nouvelle fois cet appel à demeurer, à rester avec lui, en lui, à marcher avec lui : « Demeurez dans mon amour » (9). Alors comment demeurer dans son amour ? Et bien Jésus nous dit : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ». Les commandements de Dieu, c’est ce que Dieu veut, c’est ce qu’il désire pour nous. Garder ses commandements, c’est donc faire sa volonté, aligner notre volonté sur la sienne. Et faire la volonté de Dieu, comme nous l’avons entendu, c’est aimer et c’est demeurer dans cet amour.

Dimanche des Rameaux

28 Mars 2021

Homélie 

Que s’est-il passé ? Que s’est-il passé entre ces deux évangiles que nous avons entendus ce matin, entre l’entrée triomphale à Jérusalem, le bruit et la joie de la foule enthousiaste, et, de l’autre côté, la violence du cri unanime : « crucifie-le ! », ou encore le silence et la peine du tombeau ? Si l’évangile de Marc était un roman, peut-être aurions-nous du mal à croire plausible un tel renversement. Alors certes, dès le chapitre 2, on accuse Jésus de blasphème, et déjà, au chapitre 3, Hérodiens et Pharisiens se mettent d’accord pour le faire périr. Mais ils n’osent pas passer à l’acte parce que la foule l’accueille comme le Messie. Et si, après l’entrée à Jérusalem, ils se heurtent à lui dans le Temple, Marc nous dit que la foule, elle, est « frappée de son enseignement » (11,18), « frappée d’étonnement » (12,18), et qu’elle « l’écoute avec plaisir » (12,37). Pourtant, nous l’avons entendu, au chapitre 15, les grands prêtres soulèvent cette même foule pour qu’elle demande la libération de Barabbas et c’est ainsi que retentit, comme un verdict sans appel, sans humanité, le « crucifie-le ! ».