A ASCENSION MATTHIEU 28,16-20 (12)

Scourmont : 18.05.2023

Frères et sœurs, le mystère pascal comporte plusieurs dimensions : l’élévation sur la croix, qui est l’abaissement radical du Fils de Dieu venu partager notre condition humaine ; au troisième jour, le surgissement du tombeau, qui est le dépassement de la condition biologique pour accéder à une vie toute nouvelle par l’Esprit de Dieu ; puis les rencontres du Ressuscité avec les siens, en sorte qu’ils puissent témoigner de sa Pâque ; la dernière rencontre étant, au quarantième jour, l’élévation du Fils unique : avec sa chair humaine transfigurée, il est accueilli dans la gloire du Père.

Quarante jours après Pâques, nous fêtons donc l’Ascension de Jésus ressuscité. C’est le jour où il disparaît au regard de ses apôtres. Comme eux, nous avons notre regard tourné vers le ciel. Mais en même temps, nous ne devons pas oublier de regarder vers la terre ; c’est le message de l’ange aux apôtres : « Pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? » (Ac 1,11). En d’autres termes, nous chrétiens, nous sommes « citoyens du ciel » ; nous marchons ici-bas vers notre patrie définitive. Mais focusser sur notre foi au Christ ressuscité serait pour nous un aveuglement spirituel, voire mortel, si cela devait nous faire négliger la mission confiée par le Christ : « Allez donc, de toutes les nations, faites des disciples… » (Mt 28,19).

Pour cette mission, nous ne sommes pas seuls : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui viendra sur vous, dit Jésus aux apôtres. Alors, vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1,8). Puis il disparaît à leur regard. C’est ainsi que l’Ascension ouvre le temps de l’Église, pas vraiment de l’absence. Jésus n’est plus visible physiquement mais il est toujours le Maître de la mission. Pour les apôtres, c’est le commencement de la mission, c’est l’annonce de la bonne nouvelle à tous. Le Christ ressuscité est toujours avec nous. C’est notre force. Cette mission est aussi la nôtre.

L’Ascension nous renvoie à notre mission sur la terre. En tant que chrétiens baptisés et confirmés, nous avons à témoigner de notre foi en Jésus ressuscité. Laquelle foi nous a été offerte comme un don gratuit de la part de Dieu. Certains vivent de cette foi au péril de leur vie. Il ne se passe pas un jour sans qu’un chrétien ne soit persécuté. On veut les obliger à renier leur foi. Mais ils préfèrent mourir plutôt que de trahir le Christ. Leur témoignage nous interpelle : où en sommes-nous de notre attachement au Seigneur Jésus ? N’oublions jamais qu’en entrant le premier dans le monde de Dieu, Jésus nous ouvre un passage. Jésus, glorifié près de Dieu, est en même temps avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde. Il est le premier de cordée. Mais rien ne se passera dans notre vie ni dans celle des autres si nous ne le suivons pas.

Cette mission est pour tous, pas seulement pour les plus brillants, les plus proches, les plus réceptifs et les plus accueillants ; nous sommes tous envoyés pour porter le Christ en tout milieu, jusqu’aux « périphéries ». Nous ne devons pas laisser de côté celui qui semble le plus loin ou le plus indifférent. Le Seigneur est à la recherche de tous. Il veut que tous ressentent la chaleur de son amour et de sa miséricorde. Il désire vraiment les rassembler tous auprès de lui. Sa grande priorité va vers ceux et celles qui sont très loin et très bas. Le Seigneur est à la recherche de ceux qui sont loin, ceux qui se sont égarés, ceux qui vivent dans le vice et le péché.

L’Évangile de saint Matthieu que nous avons entendu aujourd’hui ne parle pas directement de l’Ascension. Mais en y regardant de près, nous constatons que son message rejoint celui des Actes des Apôtres. L’événement se passe en Galilée. Cette région dont on disait qu’il ne pouvait rien sortir de bon était un lieu de passage pour les caravanes qui venaient de partout. Toutes les croyances et même l’incroyance s’y affrontaient. Or c’est à cet endroit méprisé que Jésus commence son ministère. Et c’est de là que les apôtres vont partir pour annoncer la bonne nouvelle de l’Évangile. Celle-ci doit être proclamée dans le monde entier. Il nous appelle tous à accueillir la bonne nouvelle de l’Évangile et à la répandre.

Quand nous sommes en prière, nous nous imprégnons de l’amour qui est en Dieu ; puis nous sommes envoyés pour le communiquer autour de nous. Le monde doit pouvoir découvrir en nous quelque chose de l’amour passionné de Dieu pour tous les hommes. Il est important que notre cœur soit de plus en plus accordé à son infinie tendresse pour l’humanité. C’est à chaque instant que nous avons à rayonner de cette lumière qui vient de lui.

Cette fête de l’Ascension vient donc nous rappeler le but de notre vie. Nous avons pris l’habitude de parler du « pont de l’Ascension ». Quatre jours de congé, c’est très apprécié. Mais en parlant de pont, on ne croyait pas si bien dire. Avec Jésus, l’Ascension est un pont qui nous permet de passer d’une rive à l’autre ; nous sommes en marche vers ce monde nouveau qu’il appelle le Royaume des cieux ; c’est là qu’il veut rassembler tous les hommes. C’est cette bonne nouvelle que nous avons à annoncer aux hommes et aux femmes de notre temps. Rien ne doit l’arrêter. Les violences, les guerres, les catastrophes n’auront pas le dernier mot. Le Christ ressuscité veut nous associer tous à sa victoire sur la mort et le péché.

Nous sommes à dix jours de la Pentecôte. Les apôtres en ont profité pour faire une retraite au Cénacle. Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière. Le livre des Actes des Apôtres nous parle de la présence de Marie la mère de Jésus auprès d’eux. Avec elle et avec toute l’Église, nous te supplions, Seigneur : « Envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre ».