Homélies de Dom Armand Veilleux

8 mai 2023 – Lundi de la 5ème semaine de Pâques

Actes 14, 5-18; Jean 14:21-26

H O M É L I E

Chères frères et soeurs,

           L'Évangile d'aujourd'hui, toujours tiré du chapitre 14 de Jean, comme celui des derniers jours, reprend le thème de la "demeure".  Ce thème de la "demeure" est lié à celui du "chemin" utilisé pour y arriver. Il est aussi lié à celui de l'amour et de la communion.  Lorsqu'on demeure quelque part avec quelqu'un, qu'on a choisi de faire là sa stabilité cela suppose qu'il y a entre nous et cette personne (ou ces personnes) une relation de communion et d'amitié.  Autrement ce serait l'enfer.  "L'enfer c'est l'autre" disait le philosophe Sartre – l'autre, lorsqu'il n'y a pas entre lui et nous un lien de communion).

7 mai 2023 -  5ème dimanche de Pâques, "A"

Actes 6, 1-7; 1 Pierre 2, 4-9; Jean 14, 1-12

H O M É L I E

           Après l'Évangile de dimanche dernier où Jésus se présentait comme la porte du bercail par laquelle doit entrer quiconque veut être sauvé, nous commençons aujourd'hui la lecture du beau chapitre 14 de l'Évangile de Jean, que nous poursuivrons au cours des deux prochains dimanches, où Jésus se présente aussi comme le Chemin, la Vérité et la Vie.  Dans le passage que nous lisons aujourd'hui (et que nous avons déjà entendu à la messe fériale des deux derniers jours) deux thèmes ressortent d'une façon particulière : celui de la demeure et celui du chemin.

4 mai, 2023 - Homélie pour le jeudi de la 4ème semaine de Pâques

Ac 13, 13-25 ; Jean 13, 16-20

Homélie

           Les lectures tirées des Actes des Apôtres que nous lisons comme première lecture de la messe, chaque jour depuis la fête de Pâques, nous font voir ce que l’Église a de plus essentiel. Elle existe déjà depuis la Pentecôte, même si elle ne s’est évidemment pas encore donné les structures qu’elle se donnera par la suite pour réaliser sa mission.  Il n’est pas encore question d’un sacerdoce ordonné, qui apparaîtra plus tard, ni d’organisation en diocèses avec des évêques à leur tête, ni de structure centralisée, ni de conciles gardiens de l’orthodoxie…  Tout cela viendra plus tard et aura évidemment son importance.

           Un regard sur cette Église naissante nous permet de voir ce qui en est l’essence même : l’annonce de la bonne nouvelle du salut apporté par le Christ.  Cette annonce est faite spontanément par tous ceux que Jésus a explicitement envoyés, mais aussi par tous ceux qui ont reçu ce message des premiers témoins. Ce sont d’abord les femmes venues au tombeau le matin du troisième jour. Puis ce sont ceux qui ont fait une expérience personnelle du Christ ressuscité, comme les disciples d’Emmaüs, ou encore Paul de Tarse.

           Ce sont ensuite les premiers diacres choisis pour le service des tables lors des assemblées liturgiques, mais qui s’en vont témoigner de leur foi nouvelle jusque dans les terres des païens. C’est Barnabé, envoyé vérifier ce qui se passe à Antioche, et qui va chercher Paul à Tarse.  C’est le jeune Marc qui se joint à eux, puis qui les abandonne, mais qui sera par la suite le rédacteur de la première des collections de récits sur le Christ, appelées les Évangiles, et qui sera aussi le premier épiscope de l’une des plus vibrantes Églises locale des premiers siècles, celle d’Alexandrie. Ce seront les foules de moines qui, ayant reçu la Parole dans cette Église d’Alexandrie la porteront avec eux dans les déserts d’Égypte.

           Dès cette époque, plusieurs paient de leur sang leur fidélité à témoigner de ce qu’ils ont vu et entendu. Par la suite l’Église se donnera une structure hiérarchique et cléricale qui lui permettra de réaliser sa mission durant les siècles qui suivront et à travers l’univers entier.  Mais si ce message de Jésus de Nazareth est parvenu jusqu’à nous, c’est en premier lieu à travers la multitude des croyants qui, à travers les siècles et les millénaires, ont partagé entre eux et ont transmis aux générations suivantes l’expérience qu’ils avaient reçue et vécue.

           A nous tous de continuer cette mission.  Ayant tous été appelés, au moment de notre baptême, nous avons tous été « envoyés ». C’est donc de nous tous que Jésus parle lorsqu’il dit, à la fin du texte d’Évangile que nous venons de lire : « Si quelqu’un reçoit celui que j’envoie, il me reçoit moi-même ; et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m’a envoyé. »

Armand Veilleux

6 mai 2023 – Samedi de la 4e semaine de Pâques

Ac 13, 44-52 ; Jean 14, 7-14

Homélie

Chers frères et sœurs,

           En ces jours du Temps Pascal, la première lecture de la Messe continue de nous raconter les débuts de la prédication apostolique, d’abord à Jérusalem, puis à toutes les nations.  La lecture de l’Évangile est tirée de saint Jean, surtout, ces jours-ci, du récit des discours de Jésus à ses disciples avant sa passion. Le ton est très familier. Hier, Jésus leur disait qu’il allait vers son Père et leur Père, et qu’eux aussi connaissaient le chemin.  Thomas lui répliquait : « Nous ne savons même pas où tu vas, comment pourrions-nous en connaître le chemin ? ». Aujourd’hui il leur parle de son Père et il leur dit : « Dès maintenant vous le connaissez et vous l’avez vu. » Et cette fois-ci c’est Philippe qui lui rétorque : « Montre-nous le Père et cela nous suffit ». Et c’est pour Jésus l’occasion de leur expliquer que le Père et Lui sont un ; et donc quiconque connaît le Fils, connaît aussi le Père.

Mercredi, le 3 mai 2023 – Fête des saints Philippe et Jacques, Apôtres

H O M É L I E

          Nous fêtons aujourd'hui deux Apôtres, fort différents l'un de l'autre.  Le premier est Philippe.  Il fut l'un des premiers disciples appelés par Jésus après son baptême.  Comme Pierre, il était de Bethsaïde en Galilée.  Lorsque Jésus le rencontra il lui dit simplement : "Suis-moi"; et c'est ce qu'il fit.  En termes de caractérologie, on dirait qu'il était tout à fait "primaire".  Il est presque toujours le premier à réagir lorsque Jésus disait quelque chose.  Par exemple, lorsque Jésus dit aux disciples de nourrir les foules, Philippe, qui compte vite, réagit en disant: "L'équivalent de six mois de salaire ne suffirait pas à acheter du pain pour tant de monde…"  Peu avant la Passion, lorsque Jésus dit qu'il va vers le Père, Philippe répond: "Montre-nous le Père, et cela nous suffit."  À chacune de ses réactions, Jésus réponds avec une lumière nouvelle. 

 5 mai 2023, vendredi de la 4ème semaine de Pâques

Actes 13:26-33; Jean 14:1-6

H O M É L I E

Thomas est un personnage vraiment intéressant.  Il n'hésite jamais à intervenir même avec des questions qui n'ont rien de diplomatique.  Lorsque Jésus dit aux Apôtres qu'il va leur préparer une place près de son Père et qu'il reviendra les prendre avec lui, Thomas objecte : "Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment saurions-nous le chemin ?"  Et comme à chacune de ses interventions, Jésus le prend au sérieux et non seulement lui donne une réponse, mais lui fait une révélation importante : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie.  Nul ne vient au Père sinon par moi."

2 mai 2023 – Mémoire de s. Athanase

H O M É L I E

          Dans l’enseignement de Jésus, il y avait de nombreux appels à un détachement radical et à un engagement total.  Par exemple, l’invitation de quitter son père, sa mère, ses frères et ses sœurs, à se quitter soi-même pour chercher l’unique chose qui compte, pour acheter la perle précieuse.

          Ceux qui, parmi les premiers chrétiens, voulaient adopter une telle recherche et un tel renoncement comme forme permanente de vie, pouvaient trouver dans la culture de leur temps, spécialement dans le mouvement baptiste auquel avait appartenu Jean-Baptiste, et dans lequel Jésus lui-même s’était inséré en se faisant baptiser, un mode d’expression qui correspondait à quelque chose de profondément enraciné dans la nature humaine elle-même.

          Ainsi, des tendances ascétiques qui étaient répandues au temps de Jésus, entrèrent en contact avec l’Évangile et furent graduellement transformées, durant les premiers siècles de l’Eglise, à travers un processus correspondant à ce que nous appelons aujourd’hui l’inculturation. La vie monastique, lorsqu’elle trouve sa forme chrétienne clairement définie, au début du quatrième siècle, doit être considérée comme l’une des premières et des meilleures formes d’inculturation.

          Si ces courants d’ascétisme parfois sauvage ont pu être canalisés et devenir des formes authentiques de vie chrétienne, nous le devons à des évêques perspicaces et éclairés comme Athanase, patriarche d’Alexandrie, qui devint patriarche précisément l’année où saint Pachôme fonda son premier monastère.

          Dans sa Vie d’Antoine, qui n’est pas une biographie au sens moderne, mais plutôt un traité de vie monastique, Athanase voulait faire deux choses. Il avait compris que les foules d’ascètes qui avaient fui au désert pouvaient devenir un mouvement sauvage qui allait secouer l’Église, ou pouvaient être une grâce pour l’Église.

          Il voulait donc, d’une part, en sa responsabilité comme pasteur de l’Église d’Égypte, donner une orientation spirituelle aux moines ainsi qu’au mouvement monastique et, d’autre part, convaincre les autres évêques qui, dans leur ensemble, n’y étaient pas très favorables, que ce mouvement pouvait être un bel exemple de vie chrétienne.

          Il réussit sur les deux fronts.  Et parce qu’il réussit, la tradition monastique est demeurée vivante dans l’Église.  Elle a été transmise à travers les siècles, et -- par l’intermédiaire de grands moines tels que Benoît, Robert, Albéric et Étienne -- nous est parvenue à chacun et chacune de nous comme un appel personnel.  Nous pouvons dire que si nous sommes ici aujourd’hui, célébrant l’Eucharistie comme communauté monastique, nous le devons à saint Athanase.

          Puisse cette Eucharistie être le sacrifice de louange du Seigneur, pour la grâce de notre vocation monastique.