C STE MARIE, MÈRE DE DIEU LUC 02, 16-21 (9)

Scourmont :01.01.2022

Frères et sœurs, en ce début d’année, nous échangeons des souhaits. Et nous avons des formules pour le faire : « Bonne et heureuse année, beaucoup de santé, que tous tes désirs se réalisent ». La Bible a aussi ses formules : dans la première lecture, nous en trouvons une qui est très belle ; il s’agit d’une bénédiction que Dieu a transmise à son peuple : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! » (Nb 6,24-26). Cette bénédiction s’adressait au peuple de l’ancienne alliance. Elle s’adresse aussi à l’Église d’aujourd’hui et à chacun de nous. Constamment le Seigneur se penche vers nous pour nous apporter la paix. Quelles que soient les épreuves qui surviendront en cours d’année, la bénédiction de Dieu nous est toujours offerte.

 

Il est heureux que nous débutions cette nouvelle année en fêtant Marie, Mère de Dieu. Saint Paul nous dit que « Dieu a envoyé son Fils né d’une femme » (Ga 4,4). Il nous rappelle ainsi que le Seigneur Jésus, Fils de Dieu, fait pleinement partie de la famille humaine. Dieu nous a donné son Fils pour faire de nous, en Jésus, des fils adoptifs. L’Esprit nous fait prier le Père avec la même liberté que celle de Jésus lui disant : « Abba, c’est-à-dire Père bien-aimé ». C’est en écoutant et en suivant le Christ que nous entrons dans une vie de liberté sous la conduite de l’Esprit Saint. Et Marie est toujours là pour nous inviter à faire « tout ce qu’il nous dira » (Jn 2,5).

L’Évangile nous annonce que Dieu vient nous combler bien au-delà de nos espérances. La nuit de Noël, nous avons fêté la naissance de notre Sauveur. Cette bonne nouvelle aurait dû être annoncée aux gens influents du pays, l’empereur Auguste ou au moins aux habitants de Nazareth. Mais Dieu ne voit pas les choses comme nous. Il envoie ses anges vers les bergers. Ces derniers sont des pauvres parmi les pauvres. Ils sont pourtant les premiers à recevoir cette bonne nouvelle ; ils sont les premiers à découvrir Marie et Joseph avec le nouveau-né couché dans une mangeoire. Saint Luc nous dit qu’ils repartent en glorifiant Dieu et en le louant pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu.

En ce début d’année, nous pouvons souhaiter que le Christ nous donne à tous « un cœur de berger », un cœur capable de découvrir le Christ, un cœur capable de s’émerveiller de sa présence au milieu de nous, un cœur capable de déceler la présence du Christ là où nous ne pensions pas le rencontrer. Car le Christ n’est pas qu’à l’église ; il est partout où il y a de l’amour ; il est aussi là où on souffre. Puissions-nous le découvrir partout.

Cette bonne nouvelle doit être proclamée dans le monde entier. Les bergers ont raconté « ce qui leur avait été dit au sujet de l’enfant » (Lc 2,20). C’est important pour nous aujourd’hui. Pour que la foi se répande, il faut que les gens parlent. Celui qui a découvert le Christ ne peut faire autrement que d’en témoigner.

Pour cette mission, nous ne sommes pas seuls. Après nous avoir parlé des bergers, saint Luc attire notre attention sur Marie, mère de Jésus. L’Évangile n’a retenu que quelques paroles d’elle. Il nous dit aujourd’hui qu’elle « retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (Lc 2,19). Elle venait de vivre des événements très forts. En les méditant « dans son cœur », elle découvre la richesse et la beauté de ce qui lui arrive. Ce cœur à cœur avec Dieu est absolument essentiel.

A la suite de Marie, nous sommes tous invités à méditer les événements de notre vie. Et nous avons la chance de pouvoir le faire à la lumière de l’Évangile. Même quand tout va mal, nous ne devons jamais oublier que le Seigneur est là ; nous pouvons toujours compter sur lui. Et pouvoir lui dire non pas « Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour vivre une telle épreuve ? », mais « Qu’est-ce que je peux tirer de cette épreuve ? Qu’est-ce qu’elle peut m’apporter ? »

Si saint Luc ne nous présentait Marie en recueillement intérieur de « tous ces événements », oserions-nous formuler des vœux pour l’an nouveau ? Tout est tellement à la fois bousculé et inédit ! La mère de Jésus nous éveille à une pratique des vœux qui transcende à la fois le formalisme, la désespérance ou la superstition.

Les spiritualités du discernement sont plurielles. Mais elles prennent maturité auprès du nouveau-né « qui reçut le nom de Jésus » (Lc 2,21). Là réside le secret d’une femme, Marie, qui tisse, à la réception de chaque événement, ce que le Dieu de l’impossible offre au possible de son intelligence et de son être. Le cœur marial est comme un métier à tisser dont le Christ éclaire de l’intérieur tout mouvement couturier.

Dom Vital, de la trappe de Bricquebec, moine du « saint abandon », ne cache pas le combat qu’il y a à vouloir demeurer maître des temps et des saisons. « C’est un long chemin, commencé auprès de l’Enfant Jésus, et à vivre jusqu’à l’Ascension, qui peut susciter la confiance ». Le Covid-19, et tant d’autres défis planétaires, sont là pour nourrir l’inquiétude.

Ne pas savoir où nous allons, en termes conjoncturels, est certes éprouvant. Mais le péché contre l’Esprit serait d’oublier avec qui, et en qui, nous cheminons ! La grâce mariale offre à qui veut s’y ressourcer de quoi s’unir au monde : en réfrénant ses aveuglements, en recevant du Prince de la Paix Lumière et force. Le Seigneur n’a pas perdu le contrôle de sa création.

Ce 1er janvier est aussi la journée mondiale de prière pour la paix. Nous pensons à tous ces pays qui sont douloureusement marqués par la guerre, la violence, le terrorisme. Nous n’oublions pas les familles qui se déchirent, les voisins qui ne se parlent plus, les amis chez qui le torchon brûle. Si Dieu nous a envoyé son Esprit d’amour c’est pour que nous soyons des artisans et des messagers de paix et de miséricorde.

Nous pouvons confier notre prière à la Mère de Dieu qui est aussi notre mère, afin que notre monde connaisse la paix : la paix pour tous les hommes, la paix à nos frontières, la paix dans nos maisons, la paix dans nos cœurs.