Homélies du Père Jacques Pineault

B PÂQUES 01 JEAN 20, 01-09 (1)

Chimay : 31.03.2024

Frères et sœurs, en ce jour de Pâques, essayons de recevoir le récit de l’évangile avec l’innocence d’une première écoute. L’évangéliste précise le cadre temporaire : « Le premier jour de la semaine » (Jn 20,1). Il ne s’agit pas d’une semaine parmi les autres, faisant simplement suite à la précédente, mais de « la » semaine. De quelle semaine unique pourrait-il bien s’agir ? Si nous nous souvenons que Saint Jean commence son Prologue comme une nouvelle Genèse, nous pressentons qu’il s’agit du premier jour de la nouvelle création.

B VIGILE PASCALE MARC 16, 01-07

Chimay : 30.03.2024

Frères et sœurs, Marie et les autres femmes étaient désemparées. Jésus était mort. La seule chose qui leur restait à faire c’était de lui donner un enterrement correct. Le vendredi soir, tout s’était fait dans la précipitation, en raison de l’imminence du sabbat. Maintenant, « le sabbat terminé », elles pouvaient faire les choses correctement : « acheter des parfums et aller embaumer le corps » (Mc 16,1). Il serait difficile de le revoir, de regarder ce visage sans expression qu’elles avaient si bien connu, oindre la chair froide et raide de celui qui avait tout signifié pour elles. Une fois l’onction du corps terminé, que feraient-elles ? Quel avenir pour ce petit groupe que Jésus avait rassemblé autour de lui ? Elles avaient même entendu dire que quelques membres du groupe retournaient aujourd’hui chez eux, puisque maintenant que Jésus était mort, tout était fini. Être son disciple n’avait plus de sens. Il était difficile de croire que tout était vraiment fini mais cela semblait être la vérité à laquelle elles devaient faire face.

B RAMEAUX MARC 14,01 – 15,47 (13)

Chimay : 24.03.2024

Frères et sœurs, le dimanche des Rameaux nous introduit à la Semaine Sainte. Tout au long de ces prochains jours, nous allons revivre l’histoire de notre salut réalisé en Jésus Christ. Nous prendrons l’Évangile dans nos mains, nous en tournerons les pages et nous demeurerons avec Jésus. Nous le suivrons dans ses diverses étapes : le Jeudi Saint, nous célébrerons l’institution de l’Eucharistie et du sacerdoce ; le Vendredi Saint, nous suivrons Jésus jusqu’au pied de la croix. Puis au cours de la veillée pascale, nous célébrerons sa victoire sur la mort et le péché. Avec lui, le mal ne peut avoir le dernier mot. Par sa Passion et par sa croix, le Christ nous ouvre un chemin vers la résurrection et la vie éternelle. C’est en regardant vers la croix que nous comprenons le mieux à quel point le Seigneur nous a aimés et nous aime toujours. Cette croix est là pour nous rappeler qu’il a livré son Corps et versé son Sang pour nous et pour la multitude. Lui-même nous a dit « qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13).

VENDREDI SAINT JEAN 18,01-19,42

 Chimay : 29.03.2024

« Tout est accompli » (Jn 19,30). Frères et sœurs, dans le récit de la Passion selon saint Jean que nous venons d’entendre, ce sont les dernières paroles de Jésus avant de mourir sur la croix : « Tout est accompli ». Puis, inclinant la tête, il remit l’Esprit. Jésus est allé jusqu’au bout de sa mission. Pour saint Jean, l’élévation de Jésus sur la croix et sa mort constituent l’heure de sa glorification. C’est ce qu’il essaie de nous faire comprendre à travers tout son récit où il nous présente Jésus au Jardin de Gethsémani, chez Anne et Caïphe, devant Pilate, au Golgotha et enfin au sépulcre, dans une démarche de réalisation de sa vocation, lui qui se présente comme « la Voie, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6).

Au Jardin de Gethsémani

        Au jardin de Gethsémani, un combat se prépare entre les forces des ténèbres et celles de la lumière. Mais déjà, Jésus est le maître des événements, car il a répondu oui à l’appel du Père. Il va lui-même à la rencontre de ses adversaires et protège ses disciples. En répondant : « C’est moi » (Jn 18,5), littéralement « Je suis », Jésus reprend la réponse du Seigneur à Moïse (Ex 3,14). Il reconnaît non seulement être le Nazaréen que cherchent les gardes envoyés par les chefs des prêtres, mais il se proclame Dieu lui-même. À Pierre qui veut le défendre avec son épée, Jésus fait comprendre qu’il refuse la violence et accepte la volonté du Père : « Est-ce que je vais refuser la coupe que le Père m’a donnée à boire? » (Jn 18,11).

        Ce que le Père veut, ce n’est pas la mort de Jésus, mais qu’il manifeste jusqu’au bout l’amour du Père pour nous et qu’il ne recule pas devant la souffrance et la croix : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le » (Mc 9,7). Il nous faut laisser retentir en nous cette parole de l’évangile de saint Jean : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3,16). D’où cette prière que plusieurs récitent lorsqu’ils entrent dans une église ou encore à l’occasion d’un Chemin de Croix : « Seigneur Jésus, nous te bénissons et nous t’adorons, ici et dans toutes les églises de la terre, car tu as sauvé le monde par ta Passion, ta Croix et ta Résurrection ».

Chez Anne

        Interrogé par Anne le grand prêtre, Jésus l’invite à se mettre à l’écoute de ses disciples : « Eux savent ce que j’ai dit » (Jn 18,21). Cela vaut à Jésus une gifle qu’il accepte en silence. Mais Pierre interrogé sur son maître le renie. Jésus a déjà dit qu’il était la voie à suivre. Tout comme Pierre, nous ne parvenons à suivre Jésus qu’au prix de multiples trahisons. Rappelons-nous les paroles du prophète Isaïe : « Il était méprisé, abandonné de tous, homme de douleurs, familier de la souffrance… Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche… Pourtant, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé…Il a été compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs » (Is 53).

Chez Pilate

        Pilate présente Jésus aux Juifs comme leur roi. C’était pourtant la Vérité. Ceux-ci le refusent et réclament sa mort. Pour les Juifs, Dieu est le tout autre. Qu’un homme se prétende Dieu était une véritable provocation. Pour les Juifs, c’est une prétention sacrilège – « Il doit mourir, parce qu’il s’est prétendu Fils de Dieu » (Jn 19,7) – mais c’est devenu, pour nous chrétiens, un élément fondamental de notre foi. Il est la Vérité, il a « les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68).

        Nous voyons en Jésus, un Messie crucifié. Nous nous disons disciples de Jésus. Rappelons-nous cette parole de Jésus : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive » (Mc 8,34). Oui, mais jusqu’où peut aller notre réponse. Pierre a répondu : « Je ne connais pas cet homme » (Mt 26,72). Il ne pensait pas si bien dire.

Au Golgotha

        À Cana, Jésus avait dit à sa mère que « son heure n’était pas venue » (Jn 2,4). Maintenant que cette heure est arrivée, Marie est présente. Confirmée comme la mère du disciple que Jésus aimait (Jn 19,26-27), c’est l’Église que Marie symbolise : la communauté de ceux et celles qui vivent pour et comme Jésus. Jésus qui est la Vie du monde. Jésus qui est notre vie.

        Par ses dernières paroles : « Tout est accompli » (Jn 19,30), Jésus manifeste qu’il a confiance d’avoir accompli sa mission. Son amour pour les siens est allé jusqu’à la mort sur la croix. Il nous l’a dit lui-même : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13).

Au sépulcre

        La Passion avait commencé au jardin des Oliviers, elle se termine dans un autre jardin, celui de l’ensevelissement. Mais elle n’est pas finie. Du neuf s’annonce : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,24) ; « Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas » (Is 43,19). « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie ». Qui me suit ne marche pas dans les ténèbres : il a lumière de la Vie dans son cœur (Jn 14,6).

        En ce jour qui rappelle la mort de notre Sauveur, il nous reste à dire du plus profond de notre cœur : « Jésus, Merci ! Jésus, je t’aime ».

B CARÊME 05 JEAN 12 20-33 (15)

Chimay : 17.03.2024

Frères et sœurs, tout au long de ce Carême, nous entendons la Parole de Dieu qui ne cesse de nous appeler à revenir vers lui. Avec la première lecture, nous découvrons qu’il a fait alliance avec son peuple. Par la voix du prophète Jérémie (31,31-34), le Seigneur a promis une alliance inouïe : il va lui-même déposer sa parole au cœur de chacun. Cette promesse s’accomplira en Jésus-Christ, Parole du Père, venu parmi les hommes établir une alliance définitive avec eux. Mais le peuple n’a pas respecté le contrat. Il a préféré faire confiance à d’autres divinités ou même à sa propre force. En se détournant de son Dieu, il a rejeté sa protection ; il a couru à sa perte.

B JEUDI SAINT JEAN 13,01-15 (9)

Chimay : 28.03.2024

Frères et sœurs, nous voici rassemblés pour faire mémoire du dernier repas de Jésus avec ses amis. Au cours de ce repas d’adieu, il transmet son testament à ceux qui l’ont accompagné comme disciples : c’est un condensé de toute sa vie, symbolisé par deux actions inséparables : l’institution de l’Eucharistie et le lavement des pieds.

B CARÊME 04 JEAN 03, 14-21 (14)

Chimay : 10.03.2024

Frères et sœurs, en ce dimanche, nous continuons notre montée vers Pâques. C’est un chemin de conversion de tous les jours et de tous les instants. C’est en permanence que le Seigneur nous appelle : « Revenez à moi de tout votre cœur… Convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle… » (Mc 1,15). Cependant ce quatrième dimanche du Carême est déjà illuminé par la joie « des fêtes pascales qui approchent ». Car Dieu a envoyé son Fils « pour que, par lui, le monde soit sauvé » (Jn 3,17). Le Christ est la lumière qui nous attire à lui pour que soit manifestée notre union avec Dieu.