A -- AVENT 02 MATTHIEU 03,1-12 (26)
Chimay : 07.12.2025
Frères et sœurs, les lectures bibliques de ce 2e dimanche de l’Avent nous annoncent que le grand projet de Dieu c’est de nous ramener tous à lui. Pour lui, c’est une priorité absolue. Il ne se contente pas de nous appeler de loin. Il vient à nous en nous envoyant des messagers. Parmi ses messagers, nous avons aujourd’hui Isaïe, Paul et Jean Baptiste.
Le prophète Isaïe (Is 11,1-10) se présente comme un messager de l’espérance. Il annonce un monde de paix et de justice : « Le loup habitera avec l’agneau… le veau et le lionceau seront nourris ensemble… Un rameau sortira de la racine de Jessé ». Ces phrases font référence à une prophétie messianique, qui décrit un temps futur de paix universelle où les animaux sauvages et domestiques vivront en harmonie. Le passage de la racine de Jessé (ou souche de Jessé) fait également référence à l’origine du Messie, qui est un rejeton de David, le fils de Jessé, et symbolise l’avènement d’un temps de justice et de salut. Ce rameau sera porteur de paix. L’Esprit du Seigneur lui sera donné par l’onction. Ainsi rempli de l’Esprit de Dieu, ce roi fera germer la justice. Il aura souci du faible et du pauvre dont il sauvera la vie. Pour nous chrétiens, c’est un formidable message d’espérance. Avec la naissance de Jésus, c’est le commencement de sa réalisation.
Dans le texte de saint Paul (Rm15,4-9), l’apôtre s’adresse lui aussi aux chrétiens en tant que messager de Dieu. Il présente le Christ comme le sauveur de tous les hommes. Sa venue était annoncée dans les livres saints de l’Ancien Testament. Ce qui nous est demandé, c’est d’être accueillants, de nous faire tout à tous. Paul s’adresse aux chrétiens de Rome. Comme dans toutes les grandes villes, il s’y trouve des gens très différents, des chrétiens fervents, des tièdes, des juifs et des chrétiens convertis : « Accueillez-vous les uns les autres comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu » (Rm 15,7). Être accueillant envers tous nos frères c’est se préparer à recevoir le Christ.
Dans l’Évangile de saint Matthieu, nous entendons un prophète “pur et dur” : il s’agit de Jean Baptiste, le dernier prophète de l’Ancien Testament. Ce qui intéresse l’évangéliste Matthieu, c’est d’abord le message qu’il proclame : « Convertissez-vous… préparez le chemin du Seigneur » (Mt 3,1-3). Il rappelle avec insistance la nécessité de « produire du fruit » (Mt 3,8-9). La conversion qu’il réclame à tous doit se traduire en actes. Jean Baptiste annonce le jugement de celui qui vient. Aucun privilège ne peut nous en extraire. Il ne suffit pas de faire partie de l’Église pour être sauvés. Il faut en être un membre actif.
Le langage violent de Jean-Baptiste nous invite à recevoir avec sérieux la grâce du temps de l’Avent. Les juifs ont été nombreux à répondre à l’appel de Jean et à se faire baptiser par lui. Mais les pharisiens et les sadducéens se sont montrés méfiants car ce mode de pardon des péchés n’était pas prévu dans la loi de Moïse. C’est sans doute leur méfiance qui a provoqué les violentes invectives de Jean Baptiste : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient. Produisez donc un fruit digne de la conversion » (Mt 3,7). Le fait d’être de la descendance d’Abraham n’est pas une garantie de salut. La vraie conversion doit produire un fruit visible. Elle doit nous amener à des gestes d’accueil, de partage et de solidarité.
Cet appel est aussi pour chacun de nous. Mais se convertir, ce n’est pas d’abord faire des efforts pour essayer de devenir meilleurs. Le plus important c’est de donner notre foi au Christ. Avec lui, on devient autre. « Comme le laboureur retourne la terre pour l’ensemencer, la grâce du Christ retourne le cœur pour y déposer la semence divine ».
Voilà une Bonne Nouvelle pour nous et pour le monde entier. Le Christ est là, au cœur de nos vies. Cette Bonne Nouvelle doit être annoncée à temps et à contretemps. Le monde se prépare à fêter Noël mais beaucoup ignorent Celui qui en est l’origine. Noël, c’est Jésus qui est venu, qui vient chaque jour et qui reviendra. Vivre Noël, c’est pour nous aujourd’hui accueillir Jésus qui vient ; c’est lui donner la première place dans notre vie.
Se convertir, c’est d’abord se reconnaître pécheurs ; vivre dans le péché, c’est organiser notre vie sans Dieu et en dehors de lui. C’est aussi quand nous nous faisons du mal les uns aux autres. Dieu est atteint dans l’amour qu’il porte à chacun de ses enfants. C’est alors qu’il nous faut réentendre les appels de Jean Baptiste : « Convertissez-vous ! » (Mt 3,2). « Convertissez-vous ! » est un appel au changement de comportement, souvent dans un contexte religieux, signifiant se repentir, changer de mentalité et de direction pour accueillir un message ou une personne nouvelle. C’est une invitation à une transformation intérieure et extérieure, un effort de dépouillement et de réorientation vers Dieu ou une voie plus juste. Quand nous revenons à Dieu, c’est la joie retrouvée, c’est la fête.
Ayant accueilli la miséricorde de Dieu, nous sommes envoyés à notre tour pour en être les messagers dans le monde. Le racisme, la violence et le rejet de l’autre doivent être éradiqués. C’est cela aplanir les routes et combler les ravins. Nous sommes tous envoyés comme messagers de l’Évangile du Christ. Nous ne le transmettons pas comme un simple bagage de connaissances. C’est en nous efforçant de mettre toute notre vie en accord avec tout l’Évangile que nous préparons Noël en vérité.
Le royaume de Dieu espéré par Jean-Baptiste et promis par Jésus dans l’Évangile se réalise-t-il dans notre histoire ? N’y aura-t-il pas toujours des guerres, des famines et des violences qui contrediront les paroles du Seigneur ? Pourtant, Jésus a dit vrai. Le Fils de Dieu a annoncé que le royaume de son Père était arrivé parmi nous. Il a appelé à la responsabilité et à la solidarité des disciples qui ont cru à sa parole. Il les a envoyés déclarer une Bonne Nouvelle aux pauvres et à tous ceux et celles qui souffraient d’injustice et de manque d’amour, jusqu’à son retour.
Le feu et l’Esprit du Seigneur sont en nous depuis notre baptême. Ils nous enseignent que la véritable paix et la justice ont leurs racines en Dieu. Ce dernier nous prodigue ses dons pour construire un monde meilleur. Il appelle encore à la responsabilité, à la solidarité et à l’espérance. Par notre courage de tous les jours, son Royaume advient en notre monde et la terre change, malgré toutes les apparences. Rendons compte de notre espérance, et tenons bon dans la foi, car Dieu est avec nous.
