C PÂQUES 07 JEAN 17,20-26 (11)
Chimay : 01.06.2025
Frères et sœurs, dans le texte d’Évangile d’aujourd’hui, Jésus prie son Père pour ses disciples, mais pas seulement, il prie aussi pour tous ceux qui croiront en lui. Il prie en notre faveur afin que nous soyons un avec lui comme il est un avec son Père. Il ne s’agit pas d’une unité superficielle ou d’une simple bonne entente entre chrétiens. Jésus demande une unité bien plus profonde : il s’agit de la communion avec lui, une unité étroitement liée à l’amour.
Aujourd’hui, les textes bibliques nous invitent à la prière. C’est la seule attitude qui convient à des disciples qui attendent la venue de l’Esprit Saint. Le but de la prière, c’est de nous mettre en état de réceptivité au don que Dieu veut nous faire. Entre les événements de l’Ascension et ceux de la Pentecôte, les Apôtres ont vécu dans la prière et l’attente de la venue de l’Esprit Saint. Nous sommes invités à vivre ce dimanche comme une préparation à la fête de la Pentecôte et à ouvrir nos cœurs et nos vies à l’action de l’Esprit Saint.
Le livre des Actes des apôtres (7,55-60) nous a montré la prière d’Étienne, le premier martyr. Il a suivi Jésus jusqu’au bout sans renoncer à sa foi, même devant la menace. Il n’a pas renié le Christ. Étienne meurt en témoin de Jésus à un double titre : en témoin de sa résurrection et en témoin de son pardon pour ses bourreaux : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché » (Ac 7,60). Il imite en cela le Christ mourant sur la croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34). En écoutant ce témoignage de Jésus et d’Étienne, nous pouvons nous demander : sommes-nous prêts à témoigner jusqu’à la mort pour le Christ et son Évangile ?
Dans l’Apocalypse de saint Jean (Ap 22,12-20), nous trouvons une deuxième prière. C’est celle de toute l’Église au Christ vainqueur, « l’étoile resplendissante du matin » (Ap 22,16). Quoi qu’il arrive, rien ni personne ne peut empêcher le Christ de vouloir nous associer à sa victoire. Avec lui, c’est un monde nouveau qui est en train de naître, un monde rempli de l’amour qui est en Dieu. Il faut que cette Bonne Nouvelle nous remplisse de joie et de confiance malgré les épreuves de la vie. Jésus est à jamais vivant. Le dernier mot de la Bible est un cri d’espérance : « Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! » (Ap 22,20). Cette prière est déjà exaucée. Mais elle ne le sera pleinement que dans la gloire du Royaume.
Avec l’Évangile, nous avons une troisième prière. C’est une prière qui nous fait entrer dans l’intimité de Jésus avec son Père. Jésus prie pour l’unité des chrétiens, une unité qu’il présente comme la condition de l’efficacité de la mission de l’Église. Tout au long des Évangiles, nous voyons que le Christ a régulièrement éprouvé ce besoin de se retirer pour prier, pour être avec son Père. « Il se retirait dans les déserts, et il priait » (Lc 5,16).
Mais sa prière d’aujourd’hui a une intensité particulière. Jésus prie pour tous les hommes qu’il est venu sauver. « Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi » (Jn 17,20-21). Il est presque parvenu au terme de sa mission. Dans quelques heures il entrera dans sa Passion. Il sera arrêté, condamné et mis à mort sur une croix. Sa prière d’aujourd’hui vient ressaisir tout ce qu’il a fait pour le remettre entre les mains du Père. Ce sont tous les hommes du monde entier qu’il porte dans ses mains pour les offrir au Père. Nous sommes toujours entre les mains du Christ qui nous offre à son Père.
Jésus confie d’abord au Père ses apôtres. Sa Passion sera pour eux une difficile épreuve, un difficile combat de la fidélité. Il prie pour eux et pour ceux qui recevront leur témoignage : « Qu’ils soient UN en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17,21).
L’unité pour laquelle prie Jésus n’a pas seulement pour but de maintenir une étroite communion entre ses disciples ni de les unir à lui et à son Père ; l’unité des croyants n’a pas seulement valeur à l’intérieur de l’Église, elle a aussi valeur pour le monde : « Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie » (Jn 17,22). Et, de fait, comment croire que l’amour de Dieu habite des hommes divisés entre eux ? Comment croire que la mort du Christ puisse rassembler dans l’unité, autour du Père, les enfants de Dieu dispersés, si les quelques-uns regroupés dans l’Église ne sont pas déjà unis ? Quel spectacle offrons-nous dans nos familles, nos équipes, nos communautés chrétiennes : celui de gens unis dans le même amour, le même respect des autres et de leur personnalité, ou celui de gens profondément désunis, même sous un vernis d’unité ?
Cette insistance de Jésus sur l’unité entre les hommes qu’il aime est un appel à faire grandir la fraternité, le partage, la solidarité. Nous sommes tous des enfants de Dieu. Toute atteinte à la communion blesse ce salut qui nous est offert. Ceux qui ne partagent pas notre foi nous regardent vivre. Comment témoigner d’un Dieu amour s’il n’y a pas cet amour dans notre vie ? S’il n’y a pas cette préoccupation pour les plus pauvres, pour la paix, pour l’unité ?
Beaucoup de personnes, et particulièrement celles qui exercent des responsabilités dans le monde économique ou politique, se sentent tiraillées, divisées entre leur idéal et leur manière d’agir. Les tentations de l’ego, du pouvoir, de l’argent et de l’image nous entraînent parfois en dehors du meilleur de nous-mêmes, alors que nous aspirons à une unité de vie. Étienne est mort fidèle jusqu’au bout à l’essentiel qui l’animait, c’est-à-dire l’amour du Christ. Cela ne lui a été possible qu’avec la force de l’Esprit Saint.
Jésus nous indique le chemin de l’unité de vie : reconnaître sa soif : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive, celui qui croit en moi ! » (Jn 7,37) : désirer l’Esprit Saint, accueillir l’amour infini du Père en soi et être uni à lui, Jésus, dans son unité à son Père. Cela signifie désirer en toute chose se laisser conduire par l’Esprit pour agir comme le Christ. Nous sommes invités à faire confiance à l’Esprit qui habite en nos cœurs. Écoutons-le. Il nous guidera pour unifier notre idéal et nos actes.
Tout au long de ces derniers jours qui nous préparent à la Pentecôte, l’heure est donc à la prière. Le Christ nous veut tous avec lui dans une prière unanime. Il compte sur nous pour adhérer à son désir qui est aussi celui du Père. « Viens Seigneur Jésus ! Envoie-nous ton Esprit Saint ! Qu’il vienne affermir notre foi, notre espérance et notre charité. Qu’il vienne nous faire vivre de l’amour du Père » (Feu Nouveau, 02.06.2019).