B AVENT 01 MARC 13, 33-37 (11)

Chimay : 03.12.2023

Frères et sœurs, en ce premier dimanche de l’Avent, nous entrons dans une nouvelle année liturgique. Au fil des semaines, elle nous conduira jusqu’à Noël. Puis nous suivrons le Seigneur dans les diverses étapes de sa vie publique, sa mort et sa résurrection. Nous nous rappelons que le mot Avent signifie avènement. L’Avent, c’est le temps de la venue du Seigneur. Nous chrétiens, nous pensons tous à Noël. Nous espérons pouvoir nous rassembler à l’église pour chanter la naissance du Messie. C’est un tournant absolument essentiel dans l’histoire de notre monde.

Le Cardinal Pierre-Étienne Eyt, ancien archevêque de Bordeaux, disait que nous ne sommes pas deux mille ans après Jésus Christ mais deux mille ans avec Jésus Christ. Son amour ne cesse de nous accompagner. C’est aujourd’hui que le Christ continue à venir dans notre vie. Et l’Évangile de ce dimanche nous annonce qu’il est aussi celui qui reviendra. En ce jour, nous recevons des appels à veiller et à préparer activement ce grand retour. Veiller dans l’attente du retour du Christ, c’est être prêt à l’accueillir lorsqu’il passe chaque jour.

Isaïe (63,16-64,7) nous annonce un message d’espérance. Il nous dit : « Maintenant, Seigneur, c’est toi notre père. Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes : nous sommes tous l’ouvrage de ta main » (Is 64,7). Il faut savoir qu’il s’adresse à un peuple humilié, écrasé et dispersé. Il lui fait comprendre que tous ces malheurs viennent de son éloignement du Seigneur. Il se trouve errant, hors des chemins de celui qui agit en sa faveur. Mais quand tout semble désespéré, il y a toujours des hommes et des femmes pour rallumer le feu sacré de l’espérance. Dieu n’abandonne pas son peuple. L’annonce de cette bonne nouvelle se trouve réalisée avec la venue de Jésus. Il se présente à nous comme « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6). Ce message nous rejoint dans les épreuves qui accablent les plus faibles. Dans un monde où le désespoir est plus mortel que jamais, nous sommes le peuple de l’espérance.

Celui qui nous fait tenir fermes c’est Jésus lui-même. C’est cette bonne nouvelle que nous annonce l’apôtre Paul. Il nous fait comprendre que l’espérance est pour lui « la mémoire de l’avenir ». Dieu qui nous a mis en route en éveillant la foi dans nos cœurs, nous fera tenir solidement jusqu’au bout. Notre persévérance, elle aussi, est un don de Dieu. Paul sait en effet avec certitude que notre avenir c’est le Christ glorieux. Au jour fixé par le Père, il nous introduira dans son Royaume. C’est ce grand retour du Christ que nous attendons dans la foi. Pour communier à la gloire de cette fête, saint Paul nous recommande d’être irréprochables. Nous sommes invités à vivre en communion permanente avec le Christ. Il est là, au cœur de nos vies pour nous accompagner et nous affermir dans la foi.

Dans l’Évangile, Jésus insiste très fortement sur cet appel à veiller ; « Prenez garde », nous dit-il. Cela ne signifie pas « Méfiez-vous ». Nous ne devons pas nous méfier de la venue du Seigneur qui sera la plus grande des joies. Le plus important c’est de contempler sa venue d’une manière nouvelle. Nous devons donc demander la guérison du regard pour pouvoir veiller comme le Seigneur nous demande de le faire. C’est l’amour que le Seigneur veut faire grandir en nous, un amour vigilant et attentif. Nous sommes comme le serviteur qui attend son maître en pleine nuit (Lc 12,43). Il est important que nous donnions le meilleur de nous-mêmes. Son projet doit être le nôtre. Nous sommes capables de Dieu, a écrit saint Augustin. Les hommes de notre monde ne s’intéresseront vraiment au Christ que s’il passionne ses disciples.

C’est pour cela qu’il est important de rester en éveil. Le Seigneur ne souhaite pas que nous nous laissions emporter par tous ces tourbillons qui risquent de nous disperser. Notre horizon, c’est celui de Pâques, c’est celui de la victoire du Christ sur la mort et le péché. Ce retour du Seigneur, nous le préparons comme une grande fête. Il nous faut absolument être prêt à l’accueillir lorsqu’il viendra.

On entend dire que le plus important à Noël, c’est de pouvoir se retrouver en famille. Oui, bien sûr, mais pour nous chrétiens, c’est tout autre chose. Noël, c’est d’abord Jésus qui est venu, qui vient et qui reviendra. Toutes les crèches sont là pour nous parler de cette venue. Elles nous rappellent que Dieu nous rejoint dans notre nuit. Il se fait « Emmanuel, Dieu avec nous » (Is 7,14). Avec lui, c’est la bonne nouvelle qui est annoncée à tous ceux et celles qui n’en peuvent plus de souffrir de l’exclusion et de la solitude.

Vivre le temps de l’Avent c’est accueillir le Sauveur qui vient faire naître en nous une grande espérance. Restons éveillés pour ne pas manquer ce grand rendez-vous. Sur ce chemin de l’Avent, le Seigneur est là. Il se fait notre compagnon de route et notre nourriture. Il est Celui qui nous annonce notre délivrance. C’est pour cette raison qu’il nous recommande de rester éveillés et de prier. Chaque matin est une retrouvaille avec Jésus Christ et son Évangile. On reprend la résolution d’être attentifs à Dieu, à notre tâche et aux personnes que nous allons rencontrer. Et surtout, ne lâchons jamais la prière. Elle nous garde éveillés pour ne pas manquer ce rendez-vous.

L’invitation à la vigilance, lancée par Jésus, est un appel adressé à « tous » (Mc 13,37), et donc à nous qui vivons à des siècles de distance et qui nous préparons à faire mémoire tant de sa venue dans la chair que de son retour en gloire à la fin des temps. Pourquoi être vigilant, si ce n’est parce que le retour du Christ à la fin des temps ou son irruption dans nos vies relèvent de l’inattendu : « Vous ne savez pas quand ce sera le moment » (Mc 13,33). Cette donnée est particulièrement chère à Marc. Dieu nous surprend toujours. Quant à l’enjeu : c’est une rencontre à ne pas manquer comme dans la parabole des dix jeunes filles invitées à des noces (Mt 25,1-13).

En tant que chrétiens, nous sommes tous « prêtres, prophètes et rois ». Et, au titre de cette fonction, Dieu nous a établis « veilleurs » (Ez 3,17). Notre mission est donc de discerner les signes des temps, de reconnaître la présence et l’action de Dieu dans notre histoire, de ne pas nous affoler lors de catastrophes telles celles évoquées par Marc. Voilà qui va de pair avec la quête incessante de Dieu, avec la prière, le silence intérieur pour entendre ce qu’il « dit aux Églises » (Ap 2,7). La venue de Dieu dans le monde est imminente, quoique imprévisible. Veiller, c’est prier pour être rempli de l’Esprit Saint et contribuer avec lui à l’avènement du Royaume. Déjà riches de l’Esprit à l’œuvre dans nos vies, nous célébrons l’Eucharistie dans l’action de grâce, sans cesser d’attendre la pleine révélation du Fils de Dieu.