26 juin 2025 – jeudi de 12ème semaine impaire
Gn 16, 1-12.15-16; Mt 27, 21-29
H O M É L I E
Nous avons aujourd’hui le grand finale du Sermon sur la Montagne, dont nous lisons des extraits depuis quelques semaines. Jésus nous dit que tout l’enseignement qu’il nous a donné dans tout ce qui est rapporté dans ce discours n’est pas quelque chose que nous devons simplement écouter pour y trouver de l’inspiration et nous laisser émouvoir. C’est quelque chose que nous devons mettre en pratique.
Dans le monde d’aujourd’hui, on considère qu’une personne a réussi sa vie, si elle a accompli beaucoup de choses. Et nous transposons facilement cette mentalité dans notre vie chrétienne. Nous voulons faire beaucoup de choses pour le monde, pour l’Église, pour la communauté ; sans nous rendre toujours compte que souvent nous cherchons simplement à nous réaliser nous-mêmes. Une attitude qu’on pourrait décrire comme « le don de soi sans souci de l’autre ». Même dans notre vie spirituelle, il y a beaucoup de choses que nous voulons réaliser. Bien sûr, nous voulons être saints, être parfaits, et bien sûr être humbles.
Dans l’enseignement de l’Évangile que nous venons de lire, Jésus nous ramène à la réalité. « Au dernier jour, dit-il, beaucoup diront : ‘Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé, en ton nom que nous avons expulsé les demons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ? ». Mais Jésus dira : « Je ne vous connais pas. » -- C’étaient pourtant des choses merveilleuses que ces personnes ont faites. Où a été l’erreur ? L’erreur a été que toute cette belle construction a été faite non pas sur le fondement solide de l’enseignement de Jésus dans le Sermon sur la Montagne et spécialement dans la section sur les Béatitudes, qui ouvrait ce Sermon.
Bienheureux les pauvres, qui sont miséricordieux, ceux qui ont un cœur pur, les ouvieres de la paix, ceux qui acceptent d’être persécutés. Ce ne sont pas les moyens de réussir sa vie généralement utilisés de nos jours par ceux qui cherchent la réussite dans le monde des affaires ou dans le monde politique, ou même dans le monde religieux.
Et nous savons tous comment, dans chacun de ces « mondes », les torrents et les vents peuvent s’abattre sans préavis et que les maisons peuvent facilement s’écrouler. Nous savons aussi que la demeure qui résiste à toutes ces tempêtes est celle que nous avons déjà dans le ciel, et qui est fondée sur la pauvreté du cœur, sur la bonté, la miséricorde, sur le travail pour la paix, la patience, le pardon.
Un grand homme d’affaire de notre temps, qui a mis sur pied l’une des grandes multinationales que nous connaissons, disait un jour que les chrétiens étaient une bande de perdants. Il le disait avec un certain mépris, mais, dans un certain sens il avait raison. Ceux qui seront à la fin les « gagnants » seront ceux qui auront accepté de se perdre, de perdre leur vie, non pour trouver autre chose. mais pour être trouvés par Dieu.
Armand Veilleux