23 avril 2020 -- Homélie pour le jeudi de la 2ème semaine de Pâques

Ac 5, 27-33 ; Jean 3, 31-36.

Homélie

          Le récit des Actes des Apôtres que nous lisons ces jours-ci a quelque chose d’à la fois très profond et de quelque peu comique. Luc, qui est un excellent écrivain, sait transmettre un enseignement profond en utilisant un langage symbolique et poétique. Ici, il décrit dans un style presque enjoué les débuts de l’Église.

 

Les Apôtres, après avoir reçu l’Esprit Saint, entreprennent leur mission de prédicateurs de la Parole et de guérisseurs.  Le premier grand discours de Pierre après la Pentecôte provoque déjà de nombreuses conversions. Pierre, accompagné de Jean, entreprend presque tout de suite sa carrière de guérisseur en ordonnant à l’infirme qui se tenait à la porte du Temple de marcher. Il harangue alors la foule avec courage : « Le Prince de la Vie, vous l’avez fait mourir.  Dieu l’a ressuscité. Convertissez-vous ! ». Pierre et Jean sont alors mis en prison puis amenés devant le Grand Prêtre et le Sanhédrin, qui leur interdisent de parler et d’agir au nom de Jésus. Ce à quoi ils répondent avec candeur : « Selon vous, qu’est-ce qui est juste devant Dieu : de l’écouter, Lui, ou de vous écouter ».  Ils sont alors relâchés et se remettent à enseigner et à faire des miracles ; ce qui provoque une nouvelle arrestation.

Durant la nuit, comme nous l’avons vu dans la lecture d’hier, l’ange de Dieu ouvre la porte de la prison et les envoie prêcher : « Allez, annoncez au peuple toutes ces paroles de vie ». On les fait arrêter de nouveau et on leur interdit de parler de ce Jésus. Et Pierre de répondre : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ».  Et le récit de ces événements qui se déroulent avec une rapidité surprenante est émaillé de la description de la vie de la première communauté des croyants à Jérusalem, qui s’organise déjà. Et les dernières paroles du récit que nous venons de lire indique déjà que tout cela conduira les Apôtres à la mort, comme leur Maître.  Et ils en sont bien conscients.

          Comme lecture d’Évangile, nous avons eu ces derniers jours le récit de la rencontre de Jésus avec Nicodème. Ce récit, dans l’état actuel de l’Évangile de Jean, était suivi d’un témoignage de Jean le Baptiste sur Jésus en réponse à une demande de ses propres disciples. Jean y exprime sa joie d’être le précurseur du Messie. Et puis vient le texte que nous venons d’entendre et qui faisait immédiatement suite aux paroles de Jésus à Nicodème. Ce récit résume en quelques brèves phrases tout le mystère du Salut : Dieu le Père a envoyé son Fils. Le Fils, qui a reçu l’Esprit sans mesure, dit ce qu’il a entendu de son Père. Le Père aime le Fils et a tout remis entre ses mains.  La conclusion est d’une clarté qui fait presque trembler, soit de joie soit de crainte : Celui qui croit le Fils a la vie éternelle. (Il ne l’aura pas ; il l’a déjà). Celui qui refuse de croire (le verbe « refuser » est important) ne verra pas la vie» . Toutes les déclarations des Conciles et tous les volumes des théologiens n’ont rien ajouté à ces quelques paroles : Celui qui croit a la vie. Tout ce qu’on peut rajouter ne sera que les conséquences de ces affirmations.

Armand Veilleux