8ième dimanche A

Frères et Sœurs,

Dans le » Sermon sur la montagne »,
Jésus dit à ses disciples et à d’autres :
« PERSONNE NE PEUT SERVIR DEUX MAÎTRES »

 

à fortiori quand il est question de deux maîtres
qui sont en contradiction absolue.
On ne peut servir Dieu et l’Argent.

SERVIR DIEU ! revient à lui seul,
en langage strict : L’ ADORATION

SERVIR L’ ARGENT.
Dans le contexte qui nous intéresse ici,
L’Argent s’applique à Mammon à qui on vouait un culte.
L’Argent prend alors une majuscule
et est considéré comme une IDOLE.

Par contre, si l’argent reste ce qu’il doit être :un moyen,
il est un moyen d’échange dans le travail,
dans les affaires,
dans tout ce qui fait la vie en commun,
l’argent garde alors toute sa valeur
qui est une valeur relative et non une valeur absolue.
Grâce au moyen de l’argent
que de bien on peut faire à l’égard de tous ceux qui n’ont pas le nécessaire pour vivre décemment.
Dans une classe d’école primaire
se trouvait affiché au mur ce texte:
« servir quel honneur »

« SERVIR »
trouve une noblesse dans le contexte de l’Évangile.
Ce qui est une révolution à l’époque,
notamment dans l’Empire romain.

« SERVIR »
Jésus fut LE PARFAIT SERVITEUR.
Il va reprendre à son compte
le rôle du SERVITEUR SOUFFRANT
exprimé par le prophète Isaïe.

Jésus ira même jusqu’à dire :
« JE SUIS VENU POUR SERVIR
ET NON POUR ÊTRE SERVI.»
Jésus va jouer sur les mots « maître » et « serviteur »
jusqu’à les confondre.

« VOUS M’APPELEZ, MAÎTRE ET SEIGNEUR, dit Jésus
ET VOUS DITES BIEN CAR JE LE SUIS.

DÈS LORS SI JE VOUS AI LAVÉ LES PIEDS,
MOI, LE SEIGNEUR ET LE MAÎTRE.
VOUS DEVEZ VOUS AUSSI VOUS LAVER LES PIEDS
LES UNS LES AUTRES. »
Ne croyons pas que nous devons prendre au pied de la lettre
et de façon générale LE LAVEMENT DES PIEDS,
bien que ce soit un grand service qui est rendu aux malades et aux personnes handicapées.
Toutefois,
même si la liturgie nous le demande le Jeudi-Saint,
le lavement des pieds est là un geste symbolique.
L’important n’est pas pour nous LA LETTRE
mais L’ESPRIT de CE SERVICE,

Pour le dire plus précisément
« L’ESSENTIEL EST D’ÊTRE AU SERVICE LES UNS DES AUTRES. »

Ne disait-on pas des premiers chrétiens :
« VOYEZ COMME ILS S’AIMENT ! »

C’est tellement vrai que Jésus dira un jour à ses disciples :
« CE QUE VOUS AVEZ FAIT,
LE SERVICE QUE VOUS AVEZ RENDU
AU PLUS PETITS D’ENTRE LES MIENS,
C’EST À MOI QUE VOUS L’AVEZ FAIT. »

Pour souligner cette valeur éminemment chrétienne
qu’est l’attitude de service,
permettez-moi de vous rapporter un témoignage
qui pourrait être plus pertinent qu’une longue démonstration.

C’était le jour de l’an,
le supérieur d’une maison de formation dans la région de Tournai nous à rapporté le témoignage suivant.

Il faut dire que cette maison de formation
jouxtait la propriété dans laquelle se trouvait un manoir
un peu à l’écart de l’agglomération.

Notre supérieur, en ce début d’année,
se faisait un devoir, vu son temps disponible,
d’ aller saluer et présenter ses vœux
à la famille qui habitait ce château
dont la famille était particulièrement généreuse
pour cette institution d’Église.

Voilà donc notre directeur
qui va frapper à la porte du château.
Un valet en livrée vient ouvrir et prie monsieur le chanoine d’entrer en lui demandant de bien vouloir attendre
dans l’antichambre du salon dans lequel madame,
pour le moment, recevait quelqu’un.

Il attend…un quart d’heure, vingt minutes.
sans savoir depuis quand madame était occupée.

Notre supérieur se dit - c’est lui qui nous l’a raconté -:
« PEUT-ÊTRE AI-JE MAL CHOISI MON JOUR. »

Bref, après vingt cinq minutes,
la porte du salon s’ouvre et notre directeur voit madame accompagnant le gamin d’une grande famille pauvre
qui vivait dans le voisinage
et qui était venu,
à n’en pas douter souhaiter la bonne année comme c’était la coutume,en escomptant avoir une dringuelle
ou une galette sans plus.

Non seulement, ce gamin avait reçu certainement
ce pour quoi il était venu ;
il a même reçu ce à quoi il ne s’attendait vraiment pas :
Être reçu par Madame du château
dans son salon avec des fauteuils de grands styles
et surtout sur des tapis d’Extrême-Orient
sans parler des bibelots de grande classe.

Bref, ce gamin n’en demandait pas tant…
mais
pour cette dame de la noblesse, très cultivée,
toutes ses choses qui meublaient son appartement,
ne faisait pas le poids…
en présence de cet enfant
aux vêtements mouillés par la pluie
et aux godasses crottées de boue.

Pour cette dame, ses fauteuils, guéridons, tapis et autres objets… passeront
mais la vie de ce gamin
créé à l’image de Dieu, cette vie-là ne passera pas.

Jésus à la note juste
quand il nous donne simplement cette ligne de conduite
qui est un véritable bouleversement
dans l’usage des biens d’ici-bas.
Il dira :

 

« N’ATTACHEZ PAS VOTRE CŒUR
À CES BIENS… QUI PASSERONT,
MAIS ATTACHEZ-LE AUX BIENS QUI NE PASSERONT PAS»

En nous racontant ce fait
notre directeur de la maison de formation ajoute:

« CE JOUR-LÀ,
J’AI VRAIMENT COMPRIS CE QUE C’ÉTAIT :
« AVOIR UN CŒUR DE PAUVRE.»
C’est la PREMIÈRE BÉATITUDE dans le sermon sur la montagne. :

« BIENHEUREUX, VOUS LES PAUVRES DE CŒUR,
LE ROYAUME DE DIEU EST À VOUS. »

Jésus ira même jusqu’à dire :
« FAITES-VOUS UN TRÉSOR
MAIS UN TRÉSOR QUE LA ROUILLE N’ATTAQUE PAS,
UN TRÉSOR OÙ LES VERS NE RONGENT PAS.
FAITES-VOUS UN TRÉSOR DANS LE CIEL.
CE TRÉSOR-LÀ NE PASSERA PAS. »

Cette dame avait bien compris et elle pratiquait cette formule qui est tout un programme de vie :

« ON NE PEUT SERVIR DEUX MAÎTRES :
DIEU ET L’ARGENT….
SI L’ARGENT est un maître absolu il peut devenir, qu’on le
veuille ou non…un véritable tyran.

Dans l’attitude à avoir à l’égard de l’argent,
S. Vincent de Paul, bien inspiré dira :
« LES PAUVRES SONT NOS MAÎTRES. »
Les pauvres,
les vrais pauvres sont ceux qui ont un cœur de pauvres.

Cette dame ne servait pas l’Argent… avec tout ce qui peut s’en suivre.
Elle servait Dieu au sens fort du terme :
en accueillant cet enfant pauvre créé à l’image de Dieu.

Car écrit S. Jean dans sa 1ière épitre, 4,20 :
« CELUI QUI N’AIME PAS SON FRÈRE QU’IL VOIT
NE PEUT AIMER DIEU QU’IL NE VOIT PAS. »

Voilà un témoignage qui vaut,
non pas son pesant d’or
mais son pesant d’amour.

Pour le reste , dit Jésus,
«NE VOUS FAITES PAS TROP DE SOUCI,
d’une façon ou d’une autre, Dieu pourvoira à vos besoins.
« CHERCHEZ D’ABORD LE ROYAUME ET SA JUSTICE. »

LA JUSTICE DU ROYAUME C’EST, dira Jésus, DE VOUS AIMER LES UNS LES AUTRES
DE L’AMOUR DONT JE VOUS AI AIMÉ…
CET AMOUR …QUI VIENT DU PÈRE alors vous serez vraiment les enfants du Père des Cieux.

 

FRÈRES ET SŒURS,

par six fois
dans ce passage d’évangile Jésus nous dit :
« N’AYEZ PAS DE SOUCIS.»
Ce n’est pas une invitation à la paresse…
mais bien à s’en remettre dans les mains du Père.

Aussi, le travail garde tout son sens.
C’ est encore lui, Jésus, notre Maître,
Non pas notre maître à penser
mais notre Maître à aimer qui nous le dit :

« TOUT TRAVAIL MÉRITE SALAIRE. »
et S. Paul ajoute son grain de sel en écrivant:
« QUE CELUI QUI NE TRAVAILLE PAS NE MANGE PAS NON PLUS.»
Tout travail
s’il est fait en N’ Y METTANT PAS SON CŒUR, c’est une corvée. C’est le cas de l’esclave.

Tout travail, s’il est fait EN Y METTANT TOUT SON CŒUR
devient un service.

LE SERVICE, C’EST LE PROPRE DE L’HOMME LIBRE SAUVÉ EN JÉSUS CHRIST.
Puissions-nous être de ces personnes libres… pour aimer.
Alors, elle sera pour nous cette parole de S.Jean de la Croix :

« AU SOIR DE NOTRE VIE NOUS SERONS JUGÉ SUR L’AMOUR. »