11ième dim. Temps ord. C
Frères et Sœurs,
« HEUREUX L’HOMME »
Ainsi pourrait se résumer la liturgie de ce 11ième dimanche
du temps ordinaire.
«OUI ! HEUREUX L’HOMME
DONT LA FAUTE EST ENLEVÉE »
nous dit le psaume 31 que nous venons d’entendre.

 

Dans l’évangile de ce dimanche
qui nous met au diapason de la miséricorde divine
à l’égard de la misère humaine,

Jésus va donner, dans le menu détail,
une leçon à ce pharisien
qui – mais ne les mettons pas tous dans le même sac-
nous pensons au grand S. Paul,
bien qu’avant sa conversion
il était le redoutable ennemi des chrétiens.
mais aussi
le pharisien Simon qui vient trouver Jésus de nuit…
et encore d’autres.

Ayons à l’œil
le pharisien dont il est question dans l’évangile de ce jour
Celui-ci n’a pas observé les prescriptions
de l’accueil prescrites par la Loi…
alors que les pécheurs,
en l’occurrence,
cette femme reconnue comme une pécheresse,
n’en garde pas moins le sens de l’accueil
et quelle qualité d’accueil.

« SI CET HOMME – il s’agit de Jésus-
SI CET HOMME ÉTAIT UN PROPHÈTE,
dit le pharisien,
IL SAURAIT QUI EST CETTE FEMME QUI LE TOUCHE
ET CE QU’ELLE EST: UNE PÉCHERESSE. »
Le repli sur soi
en se comparant aux autres avec mépris
est bien ce qui caractérise le pharisaïsme.
Or,
Jésus est bien le prophète…
non le prophète du repli sur soi
mais LE PROPHÈTE DU DON par excellence,
DU DON DE DIEU : c’est la grâce qui,
par définition, est accordée gracieusement…
et donc sans mérite de la part de qui la reçoit.

De son côté,
l’intuition de la femme, dans l’évangile de ce dimanche,
son intuition ne la trompe pas.
Elle,
elle reconnait Jésus comme un PROPHÈTE.
Tout en se sachant être MISÈRE HUMAINE,
elle sait qu’elle est dans de bonnes mains.
Elle sait qu’elle se trouve devant celui
qui est l’incarnation de LA MISÉRICORDE DIVINE.

Simon le pharisien ne voit pas si loin…
ou plutôt,
il s’arrête, tout au plus, à la lettre de la Loi.
Ce pharisien qui voyait, d’abord, en Jésus un prophète
eu égard à son enseignement…
aux guérisons qu’il réalise…
mais il se reprend :
« SI CET HOMME ÉTAIT UN PROPHÈTE,…. »
pense-t-il de Jésus,
mais
ce pharisien replié sur son observance tatillonne de la loi,
ce pharisien ne voit pas que le véritable prophète est celui du Dieu dont la miséricorde est infinie…
Dieu est SENSIBLE à l’accueil des pécheurs,
des laissés-pour-compte,
des marginalisés…
ils ont tant de « PRIX AUX YEUX DE DIEU »
et donc, évidemment, aux yeux de son Envoyé :
JÉSUS, LE PROPHÈTE PAR EXCELLENCE.
Cela le pharisien ne le voit pas
alors que cette femme du fond de sa misère a bien perçu
qu’elle se trouve devant LE PROPHÈTE par excellence.

Dans la parabole du publicain et du pharisien
-il est bon d’y revenir souvent-
le pharisien se redresse en méprisant le publicain :
« MOI, JE NE SUIS PAS COMME CE PUBLICAIN…
MOI, JE…
MOI, JE…
Ce qu’il fait, ce pharisien,
Il est observant de la Loi
ce n’est pas mal…loin de là !
mais ce pharisien se conforme à la lettre de la Loi,
mais il en oublie l’esprit…
Là se vérifie le dicton que nous trouvons dans la 2ième lettre aux Corinthiens :
« LA LETTRE TUE,
C’EST L’ESPRIT QUI VIVIFIE,
C’EST L’ESPRIT QUI FAIT VIVRE. »
E t Jésus raconte une histoire
à l’adresse du pharisien qui reçoit Jésus.

Les plus belles histoires sont limpides,
faciles à comprendre…
-c’est probablement pour cela
que les petits en sont friands-
Mais les plus belles histoires peuvent aussi comporter une leçon.
La réponse à la question que Jésus pose au pharisien après l’histoire qu’il vient de lui raconter,
la réponse s’impose

et cette fois….le pharisien voit juste.

Dans l’histoire que nous venons d’entendre…
« DES DEUX DÉBITEURS
-demande Jésus à Simon le pharisien-
QUEL EST CELUI QUI AIMERA
DAVANTAGE SON CRÉANCIER ?
« MAIS C’EST CELUI À QUI LE CRÉANCIER A REMIS
DAVANTAGE. » dit le pharisien.
TU AS RAISON, LUI DIT JÉSUS.
« SE TOURNANT VERS LA FEMME,
Jésus dit à Simon le pharisien:
« TU VOIS CETTE FEMME ?
JE SUIS ENTRÉ DANS TA MAISON,
ET TU NE M’AS PAS RÉSERVÉ LE GESTE RITUEL D’ACCUEIL
EN ME VERSANT DE L’EAU SUR LES PIEDS. »
Geste si important chez les juifs pratiquants
or, les pharisiens ne sont-ils pas par excellence
les pratiquants de la Loi ?
« ELLE, dit Jésus,
ELLE A MOUILLÉ DE SES LARMES MES PIEDS
ET LES A ESSUYÉS…AVEC SES CHEVEUX.
Au fait, Simon,
« TU NE M’AS PAS EMBRASSÉ COMME C’EST LA
TRADITION… »
une tradition majeure pourtant…chez les sémites…
« ELLE, ELLE N’A PAS CESSÉ
D’EMBRASSER MES PIEDS. »

Un autre geste d’accueil,
loin d’être superflu chez les sémites .
« LE PARFUM SUR LA TÊTE !..
SIMON, JE L’ATTENDS TOUJOURS…CE PARFUM .
ELLE, ELLE M’A VERSÉ UN PARFUM PRÉCIEUX…
MÊME PAS SUR LA TÊTE… SUR MES PIEDS. »

Nous pouvons aisément supposer la tête que fit alors Simon le pharisien
qui n’avait jamais cru si bien faire
et n’a jamais si bien fait en invitant Jésus à sa table.

La morale de l’histoire,
là, ce pharisien ne s’y attendait pas
parce que tout simplement
cette morale était hors de propos pour ce pharisien.
Cette morale, nous l’avons entendue :
« SES PÉCHÉS, -Jésus précise-
SES NOMBREUX PÉCHÉS SONT PARDONNÉS,
PUISQU’ELLE A MONTRÉ BEAUCOUP D’ AMOUR. »

Le comportement bouleversant de cette femme
pulvérise les interdits
qui ont une valeur quasi sacrée
pour ceux qui sont plus attachés à la lettre
plutôt qu’à l’esprit de la Loi.
Le grand amour de cette femme n’a d’égal que l’immense respect qu’elle manifeste à l’égard du Christ
et plus précisément à l’égard des PIEDS DU CHRIST.

FRÈRES ET SŒURS,

s’il y a un mot pour caractériser Simon le pharisien
ce serait bien le mot : négatif.
Quiconque a le regard négatif
ne peut que juger négativement autrui
et du coup,
son cœur se replie sur lui-même.
Ce cœur a déjà les symptômes de la mort
car on ne construit rien sur le négatif.
On est dans une impasse.

Jésus, dans ce passage d’évangile,
manifeste que son regard sur autrui,
en l’occurrence sur cette pauvre femme,
est un regard positif.
Lui et lui seul, l’envoyé du Père.
Il pourrait juger mais il ne juge pas.
Il remet JUSTE À SA PLACE… devant Dieu
cette femme dont la vocation universelle
est de vivre en Enfant de Dieu.
Oui ! le regard de Jésus est miséricordieux ;

Son regard qui ouvre sur un avenir ;
un regard qui permet de repartir…
la joie retrouvée ,
la vraie joie spirituelle qui est propre à Dieu.

La joie retrouvée,
la femme dont il est question dans l’évangile
peut regarder l’avenir positivement.
car « TOUT EST POSSIBLE À CELUI QUI CROIT. »
dira Jésus dans l’évangile selon, S. Marc

Celui qui croit.
C’est bien le cas de cette femme dont le témoignage de sa foi a quelque chose de bouleversant.

Aussi Jésus dira à cette femme qui retrouve la liberté :
« TA FOI T’A SAUVÉE. VA EN PAIX ! »