31ième dimanche B

Frères et Sœurs,

La question de ce scribe
– on dirait aujourd’hui de ce secrétaire –
la question de cet homme n’est pas fortuite
car il y a dans l’observance juive 613 commandements
ou interdits qui n’ont pas, bien sûr, tous la même importance.

 

C’est donc parce que ce scribe,
contrairement aux pharisiens
qui essaient de coincer Jésus à la première occasion,
que cet homme
ayant entendu parler de Jésus comme étant un sage…
il vient trouver Jésus et lui pose cette question de bon aloi :
« QUEL EST LE PREMIER
DE TOUS LES COMMANDEMENTS ? »
Jésus jubile !
Il aurait pu dire :
« c’est une excellente question ! »

Jésus forcément de religion juive a devant lui un juif,
il lui répond avec finesse en lui citant
comme c’est souvent le cas
un passage de l’Ecriture tiré ici du livre du Deutéronome,
un des premiers livres de la Bible.
Ce passage est une perle dans l’Ancien testament
et que la liturgie de ce dimanche nous a proposé comme
première lecture.
Voici ce passage:
« ÉCOUTE, ISRAËL,
LE SEIGNEUR NOTRE DIEU EST L’UNIQUE SEIGNEUR.
TU AIMERAS LE SEIGNEUR TON DIEU
DE TOUT TON CŒUR,
DE TOUTE TON ÂME ET DE TOUTE LA FORCE. »

Voilà le premier commandement;
il est incontournable et Jésus ajoute :
« VOICI LE SECOND »
qui lui est tiré du livre du Lévitique ;
c’est aussi un des premiers livres de la Bible :
« VOICI LE SECOND COMMANDEMENT:
« TU AIMERAS TON PROCHAIN
COMME TOI- MÊME ! »
JÉSUS AJOUTE CETTE PRÉCISION :
« IL N’Y A PAS DE COMMANDEMENT PLUS GRAND QUE
CEUX-LÀ. »

LE SCRIBE RÉPOND À JÉSUS :
« FORT BIEN, MAÎTRE,
TU AS RAISON DE DIRE QUE DIEU EST L’UNIQUE
ET QU’IL N’Y EN A PAS D’AUTRES QUE LUI.
L’AIMER DE TOUT SON CŒUR,
DE TOUTE SON INTELLIGENCE,
DE TOUTE SA FORCE
ET AIMER SON PROCHAIN COMME SOI-MÊME,
VAUT MIEUX QUE TOUTES LES OFFRANDES ET TOUS LES SACRIFICES. »
JÉSUS VOYANT QU’IL AVAIT FAIT UNE REMARQUE JUDICIEUSE,
LUI DIT :
« TU N’ES PAS LOIN DU ROYAUME DE DIEU. »

Ce qui est remarquable et absolument nouveau
c’est que
JÉSUS UNIT CES DEUX COMMANDEMENTS…
POUR N’EN FAIRE QU’UN.

Pour Jésus ces deux commandements sont
comme les deux faces du plus grand commandement parmi les 613 que compte la loi juive.

Ce scribe qui n’est pas né de la dernière pluie
saisit bien la nouveauté exclusive
que Jésus apporte et qui peut se résumer en deux mots :
« TU AIMERAS ! »

Mais le message de Jésus
va beaucoup plus loin à propos du grand commandement de l’amour.
Lorsque dans l’évangile selon S. Jean,
Jésus dit à ses disciples :
« COMME LE PÈRE M’A AIMÉ, MOI AUSSI JE VOUS AU
AIMÉS…
Et Jésus ajoute :
« VOICI MON COMMANDEMENT :
AIMEZ-VOUS LES UNS LES AUTRES COMME JE VOUS AI AIMÉS. »
D’après un spécialiste en Ecriture sainte
traduire : « COMME LE PÈRE M’A AIMÉ… »
le mot « COMME » n’exprime pas
toute la densité qu’il y a dans ces paroles du Christ.
Plutôt que de dire
« COMME LE PÈRE M’A AIMÉ.. »
Il serait préférable de dire ;
« DE L’AMOUR QUE LE PÈRE M’A AIMÉ,
DE CET AMOUR-LÀ ….QUI VIENT DU PÈRE
MOI AUSSI JE VOUS AI AIMÉ. »
Et Jésus ajoute toujours en saint Jean:
« JE VOUS DONNE UN COMMANDEMENT NOUVEAU :
AIMEZ-VOUS LES UNS LES AUTRES
DE CET AMOUR QUI VIENT DU PÈRE
DONT JE VOUS AI AIMÉ. »

Ce qui revient à dire que Jésus nous enjoint à nous aimer non pas d’un amour humain si noble soit-il
mais de nous aimer de l’amour qui vient du Père.

Ainsi le cœur humain est tout simplement ce vase d’argile
qui contient un trésor…
un trésor qui n’a rien à voir avec les trésors d’ici-bas ;
un trésor, le trésor qui vient d’En haut
C’est le trésor par excellence….L’AMOUR…
l’amour qui est en Dieu
et plus précisément l’amour qui est Dieu.
« DIEU EST AMOUR» nous dit S. Jean.

Cet amour qui est en nous est le plus beau fruit de notre baptême.
Le baptême dans l’Esprit…
LE BAPTÊME DANS L’ESPRIT SAINT
QUI EST L’AUTRE NOM DE L’AMOUR.

C’est bien ce que décline Jean-Baptiste
lorsqu’on lui demande son identité :
« MOI JE VOUS BAPTISE DANS L’EAU
MAIS LUI VOUS BAPTISERA DANS L’ESPRIT SAINT. »

Lorsque Jésus dit a ses proches :
« ON VOUS RECONNAITRA POUR MES DISCIPLES
À LA FAÇON
DONT VOUS VOUS AIMEZ LES UNS LES AUTRES. »
de cet amour du Père à nul autre pareil…
comment le savoir ?
Peut-être l’image du comportement
du père dans la parabole de l’enfant prodigue.

Un Père dont l’amour nous a comblés
comme le disait S. Jean dans sa première lettre entendue le jour de la Toussaint :
« LE PÈRE A VOULU QUE NOUS SOYONS APPELÉS ENFANTS DE DIEU, ET NOUS LE SOMMES
- ajoute S. Jean qui continue -
« CE QUE NOUS SERONS
NE PARAÎT PAS ENCORE CLAIREMENT. »

En attendant ,
le Christ nous appelle à être ses disciples.
Et nous serons reconnus tels à la façon dont nous nous aimons les uns les autres…
Ce mot amour est un mot piégé ;
il peut désigner ce qu’il y a de plus beau…
et ce qu’il y a de plus vil.

Quand nous parlons de l’amour à la manière de Dieu,
il serait plus conforme de parler d’AMOUR AGAPÈ.

C’est l’amour désintéressé…
C’est l’ amour sans exclusive.
Bref,
un amour tel qu’il ne trouve plus son centre en soi-même mais un amour qui trouve son centre dans le Christ
et cet amour-là, c’est L’ESPRIT SAINT.
c’est L’AMOUR EN DIEU.

« MOI JE VOUS BAPTISE DANS L’EAU –disait Jean Baptiste-
MAIS LUI VOUS BAPTISERA
DANS L’ESPRIT SAINT. »

C’est lui L’ESPRIT SAINT
qui peut métamorphoser nos balbutiements affectifs
en véritable amour qui nous vient du Père.

C’est lui, L’ESPRIT SAINT qui renouvelle de fond en comble L’ÉGLISE POUR UNE NOUVELLE PENTECÔTE

Notre temps est le temps de l’espérance
Il en était largement question dans l’homélie de la Toussaint.

FRÈRES ET SŒURS,
Pour terminer je vous laisse cette réflexion que me faisait
un prêtre qui préparait,
le baptême du premier enfant d’un jeune couple.
Il y avait le papa, la maman et le grand père.

Le prêtre explique ce qu’est le baptême chrétien
et l’engagement des parents
tout en sauvegardant la liberté de l’enfant.
Bref,
le prêtre conclut en disant :
« ÊTRE CHRÉTIEN… C’EST AIMER! »

Pas seulement aimer ceux qui nous aiment,
Pas seulement aimer les gens avec qui nous n’avons pas de problèmes.
Aimer sans limites et le prêtre ajoute.. ;
aimer même ses ennemis.

Le grand père,
un brave homme, qui était là lors de cette préparation,
dit au prêtre :
« JE SUIS CHRÉTIEN BIEN SÛR
MAIS AIMER MES ENNEMIS… ÇA NON ! »

Mais c’est justement là
qu’on nous reconnaîtra comme chrétiens, répond le prêtre qui ajouta ce que dit Jésus en S. Luc :
« JE VOUS DIS, À VOUS QUI M’ÉCOUTEZ :
AIMEZ VOS ENNEMIS,
FAITES DU BIEN À CEUX QUI VOUS HAÏSSENT,
BÉNISSEZ CEUX QUI VOUS MAUDISSENT,
PRIEZ POUR CEUX QUI VOUS CALOMNIENT… »
Et Jésus, faisant toujours ce qu’il dit,
lorsqu’il est cloué sur la croix,
parmi ses dernières paroles,
dans des souffrances physiques, morales et spirituelles dont nous avons peine à réaliser
il dira et ce ne sont pas seulement des mots,
c’est son comportement :
« PÈRE, PARDONNE-LEUR ! »
et comme pour appuyer sa demande, Jésus ajoute :
« ILS NE SAVENT PAS CE QU’ILS FONT. »

On est VRAIMENT LIBRE
quand on PARDONNE VRAIMENT.

Mais Jésus dira aussi :
« CE QUI EST IMPOSSIBLE AUX HUMAINS…
il est vrai qu’il y a des pardons difficiles,
« CE QUI EST IMPOSSIBLE AUX HUMAINS -dit Jésus-
EST POSSIBLE À DIEU ! »
Et Jésus aura ces paroles qui devraient nous enthousiasmer :
« LE PÈRE NE DONNERAIT-IL PAS L’ESPRIT SAINT À QUI
LE DEMANDE ? »
On est vraiment libre quand on pardonne vraiment.
Mais il faut ALLER JUSQU’AU PARDON.

Jésus fut cet homme libre
de cette LIBERTÉ HUMAINE ET DIVINE
qui est aussi à notre portée…
d’autant plus que du Christ
nous allons à la communion nous en nourrir pour en vivre.