20ième dimanche A

Frères et Sœurs,

arrivé à cet endroit – dans l’évangile selon s. Matthieu-
Jésus éprouve le besoin de prendre
quelques distances avec la Galilée…
territoire difficile pour la mission, s’il en est.

 

Pour ce faire,
Jésus se retire, avec ses disciples
plus au nord…. dans la région de Tyr et de Sidon.

Survient une femme de cette région de Canaan.
Nous sommes donc en pleine région païenne.

Cette femme interpelle Jésus !

C’est déjà étonnant !
Car selon les règles de la bienséance en vigueur,
dans ces régions,
une femme ne s’adresse pas à un homme sur la voie publique..
Elle va, pourrait-on dire frapper à la bonne porte.

Ce qu’elle connaît de Jésus, c’est qu’il est fils de David.
De David ?
Mais c’est de la descendance de David
que le Messie est attendu.

Cette femme n’a rien grand-chose à perdre
et forte de son intuition qui va bien la servir,
« elle clame : « Seigneur, fils de David… »

Or, nous dit S. Paul :
« personne ne peut dire :
Jésus est Seigneur si ce n’est par l’Esprit Saint.
Quant aux premiers mots que prononce cette femme ils manifestent son humilité.

« AIE PITIÉ DE MOI DE MOI, SEIGNEUR, FILS DE DAVID !
MA FILLE EST TOURMENTÉE PAR UN DÉMON. »

Si Dieu résiste aux orgueilleux,
Il ne résiste pas à celui qui est humble.

Dans un cœur humble,
« Dieu peut faire de grandes choses. »

Nous venons de vivre la solennité de l’Assomption de Marie
qui redit cette vérité avec magnificence :
En effet, dans son Magnificat,
Marie chante :
« Le Seigneur a regardé avec bienveillance,
l’humilité de sa servante..
Le Puissant fit pour moi des merveilles,
Saint est son nom. »

Dans un cœur humble
Dieu peut faire de grandes choses,
Il peut faire des merveilles,

Dans ce chant marial extraordinaire, Marie chante :
« IL RENVERSE LES PUISSANTS DE LEURS TRÔNES,
IL ÉLÈVE LES HUMBLES. »
Revenons à la Cananéenne.
Elle se sait étrangère vis-à-vis du peuple de Dieu.

Elle doit bien savoir aussi,
peut-être inspirée par l’Esprit saint,
qu’en faisant appel à la miséricorde du « FILS DE DAVID »
Elle atteint aussi et du même coup :
Le cœur miséricordieux de Dieu.

Sa supplique est d’autant admirable – et donc recevable-
qu’elle demande, non pas pour elle, mais pour sa fille,
et ce qu’elle demande
seul l’homme qui vient de Dieu peut lui donner satisfaction :
« MA FILLE EST TOURMERNTÉE PAR UN DÉMON. »

Nous savions que Jésus, en marchant sur la mer,
a le pouvoir de maîtriser les éléments terrestre.
Par la DEMANDE DE CETTE FEMME,
Il ressort qu’il peut aussi conjurer le mal.

Il peut secourir de ce qui – ou plus exactement-
de celui qui divise en profondeur.
Celui qui divise : c’est le sens du mot : diable.
C’est lui qui sème la zizanie entre les personnes.
« MA FILLE EST TOURMENTÉE PAR UN DÉMON »
Cette femme
en bravant tous les tabous…dans son rôle d’intercesseur auprès de Jésus.
suscite l’admiration :
« AIE PITIÉ DE MOI…MA FILLE SOUFFRE. »

Cette maman
qui a le cœur bien accroché,
cette maman souffre de la souffrance de sa fille…

Comment ne pas penser
à ce mot célèbre de madame de Sévigné qui,
par le grand froid de décembre 1688
écrivait à sa fille :
« LA BISE DE GRIGNAN…
ME FAIT MAL À VOTRE POITRINE. »

Oui ! une maman souffre de la souffrance de son enfant.

En ce qui concerne la cananéenne,
premier étonnement- « JÉSUS NE LUI RÉPOND RIEN. »

Ce sont les disciples qui interviennent auprès de Jésus :
« DONNE –LUI SATISFACTION,
CAR ELLE NOUS POURSUIT DE SES CRIS. »

l’attitude de Jésus, à priori, à quelque chose d’étonnant
pour ne pas dire plus.
« JE N’AI ÉTÉ ENVOYÉ – dit il-
QU’AUX BREBIS PERDUES D’ISRAËL. »

C’est le Peuple de l’Alliance,
mais peuple de l’Alliance appelé à ouvrir
le royaume des cieux…à toutes les nations. »

Cette attitude de refus de Jésus, à priori,
fait contraste
avec la miséricorde qui est celle du Père des cieux
dont il veut être le témoin.

Beaucoup de textes vont dans ce sens :
En Mt. 7, Jésus lui-même dit :

« DEMANDEZ, ON VOUS DONNERA ;
CHERCHEZ ET VOUS TROUVEREZ ;
FRAPPEZ ET ON VOUS OUVRIRA. »
En effet, ajoute Jésus :
QUICONQUE DEMANDE REÇOIT,
QUI CHERCHE TROUVE,
À QUI FRAPPE, ON OUVRIRA. »
Il n’est pas impossible que Jésus veuille éprouver l’humilité chez cette femme du monde païen.

Or, n’oublions pas que L’HUMILITÉ est de même racine
que L’HUMUS…c.à.d. LE TERREAU.

L’HUMILITÉ
c’est le terreau sur lequel doit germer LA FOI.

Et si,
après l’incontournable humilité qui est fondamentale en vue de tout progrès spirituel,
oui ! si Jésus voulait tout simplement mais fermement
éprouver la foi de cette femme
qui, ne l’oublions pas n’est pas du peuple élu,
Elle n’est pas disposée a avoir en héritage
LA FOI DES ANCÊTRES.

Dans l’évangile de Marc, 11,
ne trouvons nous pas dans la bouche de Jésus :
« TOUT CE QUE VOUS DEMANDEREZ AVEC FOI
VOUS LE RECEVREZ. »
Demander avec foi !

Il n’est pas exagéré de parler d’épreuve de la foi.

Prenons l’exemple des épreuves sportives :
ce n’est pas par inadvertance que le terme épreuve
figure conjointement à tous les sports.
C’est ainsi que l’on parle couramment d’épreuves sportives

Peut-être,
Jésus veut-il mettre à l’épreuve la foi de cette femme afin de vérifier
SI ELLE VEUT VRAIMENT ATTEINDRE SON BUT c.à.d. l’accomplissement de sa requête.
Toujours est-il qu’en se prosternant devant Jésus,
la cananéenne lui dit :
« SEIGNEUR, VIENS À MON SECOURS. »

Or, Jésus dit – et nous avons là l’épreuve en vue de la foi-
« il n’est pas bien
de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens . »

Nous savons que les juifs traitaient les païens de « chiens »
Il est vrai qu’ici,
ce jugement à l’emporte-pièce,
Jésus l’adoucit en joignant au mot chien le qualificatif de « petit. »

Nous savons aussi –ô combien-
que les petits chiens ont leur place – toute leur place-
dans la maison.

Or, à la réflexion de Jésus :
« il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chien. »
La réponse de cette païenne est admirable.

Après l’épreuve de l’humilité c’est ici l’épreuve de la foi :

« c’est vrai , Seigneur, -dit la cananéenne-
mais justement,
LES PETITS CHIENS MANGENT LES MIETTES
QUI TOMBENT DE LA TABLE DE LEURS MAÎTRES. »

Quelle foi chez cette femme qui, a priori,
n’a aucun droit à mériter ce qui est le propre des croyants,
Jésus est dans l’admiration
en éprouvant la foi de la Cananéenne.
Aussi, Jésus répond à cette femme :
« FEMME, TA FOI EST GRANDE,
QUE TOUT SE FASSE POUR TOI COMME TU LE VEUX ! »
ET À CETTE HEURE MÊME SA FILLE FUT GUÉRIE. »

FRÈRES ET SŒURS,
Ce sont les derniers mots de Jésus à cette femme :
« QUE TOUT SE FASSE POUR TOI COMME TU VEUX ! »

On dit, à tort ou à raison:
« CE QUE FEMME VEUT DIEU LE VEUT ! »
Quoi qu’il en soit de cette expression quelque peu surfaite,
c’est bien le cas pour cette cananéenne
dans ce passage d’évangile que nous venons d’entendre.
Cette femme est dans
la mouvance de l’Esprit qui souffle où il veut ;

Laissons L’ESPRIT ÊTRE TOUJOURS À L’ŒUVRE EN NOUS
AFIN DE VOULOIR TOUJOURS CE QUE DIEU VEUT….
Alors…oui !
Mais alors seulement, à l’exemple de la Cananéenne,
Dieu voudra ce que nous voulons.