Homélie pour le 19e dimanche temps ordinaire

année A

Scourmont, 13 août 2023

1 R 19, 9a.11-13a ; Ps 84 (85), 9ab-10, 11-12, 13-14 ;
Rm 9, 1-5 ; Mt 14-22-33

 

 

 

Rencontrer le Seigneur dans la paix et le silence

 

1. Élie rencontre le Seigneur

Suivre et rencontrer le Seigneur : tel est le grand thème des lectures de ce dimanche. Le prophète Élie est remarquable dans ses rencontres avec le Seigneur. Ce n’est pas quelqu’un qui serait habitué à vivre dans la solitude ou le silence. Il avait fait assassiner 450 prophètes de Baal parce qu’ils ne partageaient pas sa foi. Maintenant qu’il est seul, le Seigneur veut bien se montrer à lui, mais il lui demande de vivre dans le silence. Élie est habitué à une ambiance particulière sur la terre : ouragan, tremblement de terre, feu…, mais le Seigneur n’est pas présent dans ce genre de bruit. Élie finit par assumer ce qu’on entend avec peine, une brise légère, et là, le Seigneur se rend présent. Le prophète peut vivre ainsi le contact avec le Seigneur, et c’est ce qui compte pour lui. C’est le seul but d’un tel miracle : rencontrer le Seigneur que l’on recherche et à qui on veut donner sa vie. Nous n’avons pas la personnalité du prophète Élie, mais pourtant, nous sommes unis au Seigneur comme lui. Nous voulons être proches de notre Dieu pour qu’il transforme notre vie. Ce récit du Premier Livre des rois est fondamental pour notre vie, car c’est ce que nous cherchons : rencontrer Dieu, vivre avec lui, pour faire de notre existence une participation avec sa vie divine.

2. Dans l’Évangile, rencontre avec le Seigneur.

Dans l’Évangile, Jésus, lui aussi, veut garder le contact avec le Seigneur. Il vient de nourrir une foule de 5000 hommes sans compter les femmes et les enfants. Et il demande aux disciples de quitter tout de suite ces lieux, lui-même s’occupant des foules. Une fois que tout le monde est parti, il gravit une montagne pour être à l’écart de tous, loin de tous, et se mettre à prier son Père. Cette attitude de Jésus peut nous servir d’exemple, de modèle à imiter dans notre vie quotidienne : nous établir dans le silence et nous mettre en lien avec Dieu lorsque nous avons vécu des moments difficiles. Il ne suffit pas de le dire ; il ne faut pas craindre de le mettre en pratique : vivre en lien explicite avec le Seigneur dans toutes circons­tances. Cette attitude de Jésus est à méditer : il est bien inséré dans son pays ; il est prêt à rencontrer tous ceux qui le veulent, mais sa vraie personnalité est ailleurs, bien plus profonde. Il veut être en communion avec ce qui donne à son être une autre dimension. Il ne suffit pas de se contenter de ce qui se voit, même si c’est important. La prière habite Jésus ; elle lui fait vivre la relation avec son Père. Jésus est discret, mais il ne cache pas ce qu’il est en vérité. Ceux qui ont des responsabilités importantes dans notre vie (politiques, économiques, ou autres…) prennent aussi des temps personnels, pour les relations avec la famille en particulier. Pour Jésus, sa famille, c’est fondamentalement son Père. Jésus trouve, dans cette rencontre, l’attitude qui convient pour sa situation personnelle, sans que cela paraisse forcément à l’extérieur.

3. Une attitude concrète

Évidemment, cela peut inspirer la vie de tout chrétien, toute vie spirituelle. En général, nous sommes très actifs : pour notre famille, notre travail, nos engagements, et bien d’autres choses encore. Certains sont très pris par leurs activités, leurs relations ; ils sont toujours occupés par ce qu’ils ont à faire ; ils ne trouvent pas de temps libre. Et pourtant, nous savons que c’est indispensable, qu’il nous faut du temps pour réaliser ce qui nous tient à cœur, ce qui nous touche au plus profond de notre être.

Dans ce contexte, l’attitude de Jésus est inattendue : il marche sur les flots de la mer, même si l’Évangile ne dit pas comment se réalise une telle situation. Jésus semble en possession de tout et il veut bien que Pierre vienne le trouver dans cette situation délicate. Mais Pierre ne peut pas vivre ce que Jésus a vécu ; il n’a pas assez de foi ; il doute du résultat. Notre projet de vie, d’existence ne dépend-il pas de notre foi ? C’est ce que Jésus reproche à Pierre : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »

Nous sommes renvoyés à cette attitude fondamentale de notre foi. Elle exclut tout doute dans ce qui nous est commandé. Pour vivre dans la paix, il ne nous reste qu’une seule attitude : avoir foi en Dieu : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu. »

Dans notre vie, tout ne nous donne pas accès à la relation avec Dieu. Nous sommes souvent très occupés par ce que nous devons faire, mais ce n’est pas suffisant. Nous devons toujours nous situer par rapport à ce que nous est demandé. Il s’agit de mettre au premier rang ce qui est essentiel dans notre vie, mais ce n’est pas si évident pour notre raison humaine. Nous devons remplir toute notre vie humaine : notre famille, notre communauté monastique, nos relations dans le travail. Tout cela est important, mais ce n’est pas essentiel dans notre vie chrétienne. Ce qui compte avant tout, c’est notre relation avec Dieu, mise en forme et exécutée dans notre existence. Et nous retrouvons alors ce qui est dit dans l’Ancien Testament : le Seigneur est présent dans le murmure de la brise légère.