Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l’Universannée C

Scourmont, 20 novembre 2022

2 S 5, 1-3 ; Ps 121 (122), 1-2, 3-4, 5-6

Col 1, 12-20 ; Lc 23, 35-43

 

Le Christ, notre Roi

 

1. Jésus, le roi des Juifs, sauve son peuple

« Le roi des Juifs ». L’inscription sur la croix de Jésus est claire : Jésus est le roi des Juifs. Même si elle a été placée là par dérision – comment un crucifié pourrait-il être reconnu comme roi ? Et quelle piètre image donnerait un peuple qui se réclamerait d’un tel roi ! –, mais ce qui est écrit est écrit, comme le dira Pilate aux Juifs (Jn 19, 22), et personne ne semble le contester. Le reproche que font à Jésus ses deux compagnons d’infortune, c’est précisément de pas pouvoir se montrer roi en se sauvant lui-même et en sauvant les autres : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » Durant sa vie terrestre, Jésus a sauvé beaucoup de personnes : il a opéré toutes sortes de miracles et de guérisons, et même des résurrections. Mais en ce moment, il semble tout à fait impuissant, pour lui-même et pour les autres. Or, l’une des choses que l’on attend d’un roi, c’est qu’il sauve son peuple, qu’il le protège de ses ennemis et lui donne de vivre dans la paix.

En fait, Jésus va bien sauver son peuple, mais pas de la façon que l’on attend. Il va sauver, non pas en anéantissant les ennemis, mais en les laissant triompher en apparence pour que lui-même, en traversant l’épreuve de la mort, en laissant son être humain connaître le tombeau, il soit en mesure de communiquer à tous une nouvelle vie, sa vie de ressuscité. C’est bien un salut que Jésus apporte au monde, mais pas n’importe quel salut. La gloire du Roi Jésus, c’est le triomphe de la croix. Jésus peut être dit « Roi de l’univers » parce que l’univers tout entier doit suivre son Roi jusque dans son mystère pascal. Comme le dit la préface de ce jour : « Tu as consacré d’une onction d’allégresse, ton Fils unique, Jésus Christ, notre Seigneur, comme prêtre éternel et Roi de l’univers. Pour accomplir les mystères de notre rédemption, il s’est offert lui-même sur l’autel de la croix. » Jésus est un vrai roi puisqu’il sauve son peuple, puisqu’il lui apporte un salut complet et définitif, au-delà de tout ce que les hommes pouvaient imaginer.

2. Jésus rassemble les siens

Le malfaiteur crucifié près de lui le pria : « “Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume.” Jésus lui déclara : “Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis.” » Jésus sur la Croix ne se contente pas de se sauver lui-même, il sauve les autres, à commencer par ce criminel, pour que tous viennent le rejoindre dans son royaume. Et c’est la deuxième grande fonction d’un roi : rassembler son peuple. Le Seigneur avait dit à David : « Tu seras le berger d’Israël mon peuple, tu seras le chef d’Israël. » Et David avait fait alliance avec toutes les tribus d’Israël. Après la résurrection de Lazare, le grand-prêtre Caïphe avait justement prophétisé « que Jésus allait mourir pour la nation ; et ce n’était pas seulement pour la nation, c’était afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11, 51-52). Entre tous ceux qui partagent le corps et le sang du Christ, une Alliance nouvelle est créée, qui en fait un seul peuple : « Ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle. » Jésus, dans le sacrifice de la Croix, renouvelé dans le sacrement de l’Eucharistie, rassemble tous ceux qui veulent partager sa vie, à commencer par les plus grands pécheurs. Tous ceux que le Christ sauve, il les prend avec lui dans sa gloire. Premier-né avant toute créature, il est aussi le premier-né d’entre les morts, afin que tous vivent dans la paix : c’est lui qui a fait « la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel ».

3. Suivre notre Roi, Jésus, pour être sauvés et rassemblés dans l’unité

La vie chrétienne est d’abord une démarche personnelle. C’est à chacun de nous de recevoir le salut qui nous est offert. Nous sommes déjà en route, depuis notre baptême, mais nous ne sommes pas encore  arrivés. C’est jour après jour que nous devons mener le combat pour ne pas être submergés par les forces du mal, pour nous laisser renouveler par l’Esprit de Jésus. Nous avons des moyens puissants à notre disposition : les sacrements, spécialement l’Eucharistie et la Pénitence, s’ils sont vécus avec ferveur ; la prière, la vie en intimité avec Jésus, ce feu que nous ne devons jamais laisser s’éteindre ; la lecture des Écritures et des Pères, pour comprendre ce que nous vivons et pour ne pas nous égarer. Comme le dit la prière après la communion : « Nous mettons notre gloire à obéir aux commandements du Christ Roi de l’univers. » Tous ces moyens, que nous connaissons bien, en maintenant vivante notre foi, en nous donnant de vivre dans la charité, nous préparent à entrer dans le royaume du Roi de l’univers.

Car chacun n’est pas sauvé seul : les habitants du Royaume sont innombrables. Nous ne les avons pas choisis, et pourtant, dès cette vie terrestre, nous devons apprendre à vivre en paix avec tous, spécialement les plus proches : notre communauté, notre famille, les autres chrétiens qui nous entourent, sans oublier les prêtres à notre service. Tous, nous sommes sauvés par le même Christ ; tous, nous appartenons au même Royaume. Comme le dit la prière sur les offrandes, que Jésus « lui-même accorde à tous les peuples les biens de l’unité et de la paix ». Jésus se veut le roi de tous, mais il ne peut le réaliser sans nous. Imaginons sa souffrance quand il voit ses sujets se déchirer, s’entretuer. Selon les mots de la Préface, Jésus doit remettre à son Père un « règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix ».

Que notre prière s’élargisse aux dimensions de notre monde qui a tellement besoin d’un tel Sauveur, d’un tel Roi : Jésus lui a donné le salut ; il fait tout pour le rassembler dans l’unité. Il compte seulement sur la collaboration de tous, de tous les chrétiens et de toutes les personnes de bonne volonté. Tous, ils formeront, dans l’Esprit, un peuple qui chantera sans fin ses louanges à la gloire du Père.