33e dimanche du Temps ordinaire

année B

Scourmont, 14 novembre 2021

Dn 12, 1-3 ; Ps 15 (16), 5.8, 9-10, 11

He 10, 11-14.18 - Mc 13, 24-32

Le retour du Christ

Le retour du Christ : tel est, me semble-t-il, le thème central, la clé de lecture de cet évangile : « Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire. » Voilà ce qui est annoncé.

 

Avant cette venue, il y aura une grande détresse, une tribulation, évoquée par saint Marc dans les versets qui précèdent cet évangile : il y aura d’abord des guerres ; les disciples de Jésus seront persécutés, beaucoup de personnes se feront passer pour le Messie ou pour des prophètes. Et puis, c’est le cosmos lui-même qui sera tout bouleversé. Les éléments qui le composent, qui avaient été si bien mis en ordre, selon le récit de la Création dans la Genèse, se trouveront désorganisés : soleil et lune ne donneront plus de lumière : ils seront comme morts ; la voûte céleste, formée par les étoiles, s’effondra. C’est comme si on retournait alors au chaos primitif. Et alors, à la suite de cet état de détresse, se montrera le Fils de l’homme, cet être céleste selon le prophète Daniel, envoyé par Dieu, qui s’identifiera avec la personne du Christ.

La mission principale de ce Messie sera de rassembler les élus, ceux qui ont été choisis de toute éternité par Dieu pour être ses enfants. Durant le temps de l’histoire que nous vivons, les élus sont dispersés ; ils ne vivent pas dans l’unité ; le Christ enverra ses anges pour en faire un seul peuple, le peuple des sauvés.

La question qui se pose alors à nous, lorsque nous prenons conscience de ce retour final de Jésus, lorsque nous disons dans le Credo par exemple : « Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts et son règne n’aura pas de fin », c’est : quand cela va-t-il se produire ? De même que la montée de la sève dans le figuier annonce l’arrivée de l’été, de même la détresse dont Marc a parlé précédemment annonce cette venue. Il n’est donc pas anormal, en un certain sens, que les chrétiens soient persécutés, que des gens prétendent être le messie pour sauver leurs semblables ; l’humanité doit en passer par là pour qu’un jour, le règne de Dieu puisse enfin advenir.

Est-il possible de préciser ce moment où le Christ reviendra pour tout récapituler en lui ? Là, Jésus est très clair : « Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père. » Cette parole nous renvoie à l’humanité de Jésus. Homme comme nous, il ne peut, comme tel, prédire l’avenir. Tous ceux qui prétendraient connaître cette « heure » se trompent donc. La seule chose dont nous sommes sûrs, c’est que nous vivons dans la période de l’attente, et nous devons en tirer les conséquences.

Quelle attitude adopter dans cette circonstance ? L’évangéliste le dit explicitement dans la suite de son texte : puisque vous ne connaissez pas le moment du retour du Christ, il faut être vigilant, il faut veiller. Car, si nous pouvons penser que cet événement pour toute l’humanité n’est pas pour demain – même si nous n’en savons rien –, le moment où notre vie terrestre personnelle prendra fin, lui, n’est pas si loin, quoi que nous puissions dire ou faire ; il ne faut pas se laisser surprendre ; il faut s’y préparer activement.

À ce sujet, nous nous souvenons de la parabole des dix vierges qui attendent la venue de l’époux en pleine nuit : cinq sont prévoyantes ; cinq sont insouciantes. Les prévoyantes sont accueillies dans la salle des noces ; pas les autres. Et donc finalement, pour nous, il s’agit, ni plus ni moins, de bien vivre notre vie chrétienne.

La meilleure préparation de la rencontre finale avec le Christ ressuscité, c’est de le rencontrer dès maintenant dans toute notre vie chrétienne : dans la prière bien sûr, dans la lecture spirituelle, mais aussi dans les relations avec les autres, et plus simplement et globalement dans l’accomplissement de nos tâches quotidiennes, même les plus humbles. Et au-delà de toutes nos activités, il s’agit de vivre en communion étroite avec le Christ tout au long des jours. Depuis notre baptême, il a établi sa demeure en nous. À nous de le reconnaître au plus profond de notre cœur. Alors, lorsqu’il viendra nous prendre, nous ne serons pas effrayés par le grand passage à effectuer, qui ne sera que l’aboutissement, l’accomplissement de ce que nous vivons déjà. Alors nous reconnaîtrons tout de suite celui qui viendra sur les nuées. Et nous nous laisserons entraîner dans la gloire éternelle du Père par celui qui mène « pour toujours à la perfection ceux qu’il sanctifie » (2e lecture).

Nous le savons, cette Eucharistie est comme une anticipation de ce retour du Christ – il vient là maintenant pour nous –, et la communion à son Corps et à son Sang est déjà comme une résurrection que nous sommes invités à vivre.

Telle est notre foi dans le retour du Christ : un avenir à espérer, à vivre, à aimer. Un avenir à espérer, qui donne sens à notre présent, à toute l’histoire de l’humanité ; un avenir à vivre déjà dans chaque instant de notre existence chrétienne ; un avenir à aimer puisque nous serons comblés par cette rencontre définitive avec notre bien-aimé Seigneur, Jésus, le Christ, notre Sauveur, notre frère et notre Dieu.