HOMÉLIE POUR LE 29e DIMANCHE ORDINAIRE - B

Scourmont, le 17 octobre 2021

Is 53, 10-11 – Ps 32, 4-5, 18-19, 20.22

He 4,14-16 – Mc 10, 35-45

 

 

Nous sommes sauvés en Jésus, grand-prêtre parfait

 

Nous sommes sauvés en Jésus, grand-prêtre parfait. La deuxième lecture de ce dimanche a été écrite spécialement pour nous aujourd’hui. Je vous propose de la reprendre ensemble, phrase par phrase.

 

En Jésus, le Fils de Dieu.

Jésus était, est un homme, un homme comme nous. Notre religion chrétienne est fondée sur un homme, Jésus. Reposer sur une seule personne pourrait représenter, pour elle, une certaine fragilité – si cette personne venait à défaillir, tout s’écroulerait ! –, mais en même temps quoi de plus fort pour manifester une proximité avec toute l’humanité. Jésus, homme comme nous, fait partie de notre humanité, et c’est lui l’objet de notre foi. Lorsque nous parlons de nos difficultés ou de nos problèmes, d’abus ou de déviations de toutes sortes, Jésus nous comprend : il est avec nous ; il ne nous abandonne pas.

Et en même temps, il n’est pas impuissant, puisque, homme, il est en même temps, Fils de Dieu. Cette double nature de Jésus, voilà bien un des mystères centraux de notre foi chrétienne, qui donne tout son sens à notre condition humaine, à condition de ne pas oublier ce qu’a défini le concile de Chalcédoine au milieu du ve siècle : notre Seigneur Jésus était « parfait en sa divinité, parfait aussi en son humanité, vrai Dieu et en même temps vrai homme, […] reconnu en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation, la différence des natures n'étant nullement supprimée à cause de l'union, la propriété de l'une et l'autre nature étant bien plutôt gardée. » Ce court extrait de la définition conciliaire est capital pour comprendre comment nous sommes sauvés par Jésus. Et c’est pour cela que le texte de la Lettre aux Hébreux continue :

Nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a traversé les cieux. Un grand-prêtre a une double fonction : représenter son peuple, et servir d’intermédiaire entre ce peuple et la divinité. Jésus est un grand-prêtre parfait : homme comme nous – mais homme parfait –, il est capable d’assumer toute l’humanité, toute notre humanité ; Dieu en perfection, Fils de Dieu, il est en même temps capable de servir d’intermédiaire entre l’homme créé et Dieu son Père, de mettre toute l’humanité en lien avec Dieu. On pourrait dire qu’il prend sur sa personne tout ce qui est à sauver dans l’humanité, et il le sauve effectivement. Alors la conclusion s’impose :

Tenons donc ferme l’affirmation de notre foi. La foi, c’est le lien ombilical que nous avons avec Dieu, ce qui nous maintient en vie, car il nous relie à la source de la vie. Tous les cahots, les fondrières ou les impasses de nos routes humaines n’y changeront rien : Dieu nous donne sa vie par son Fils. La foi nous maintient en vie ; la renier sous prétexte que le temps s’est soudain couvert de nuages menaçants ou que l’orage s’est levé sur nos têtes ne serait tout simplement pas raisonnable, car c’est alors que nous avons le plus besoin du salut de Dieu, obtenu par la foi.

À tout moment, souvenons-nous que nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. Que demander de plus ? Les épreuves que nous traversons, Jésus les traverse avec nous ; il ne nous abandonne pas, même si certains de ses fidèles font fausse route et peinent pour retrouver le bon chemin. Il cherche à tout rassembler sous sa houlette, selon le dessein éternel du Père (cf. Ep 1, 10). Ce n’est pas parce que le bateau est secoué par une mer agitée qu’il faut chercher à le quitter ; il convient au contraire de s’accrocher pour ne pas être jeté dans les eaux mortifères. Et c’est la foi qui nous donne cette force de rester accrochés à Dieu.

Alors, paradoxalement, c’est avec assurance que nous nous avancerons vers le Trône de la grâce, c’est-à-dire vers Dieu qui nous attend au port de l’éternité. Nous ne sommes pas parfaits, mais nous attendons de lui la miséricorde, le pardon de nos péchés. Nous devons poursuivre la route, espérant recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours. Car, seuls, nous ne pouvons rien. Devant la gravité et la multitude des problèmes qui se présentent à nous, avec raison, nous nous sentons tout à fait impuissants pour les affronter. Mais le Seigneur ne nous abandonne pas : il est toujours prêt à nous aider, à une seule condition : que nous soyons disposés à recevoir son aide, qui ne prend pas forcément la forme que nous attendons, mais qui est toujours efficace.

Et souvenons-nous : avant de penser à la conversion des autres, à la conversion des autres chrétiens, en particulier de ceux qui ont des responsabilités dans l’Église, veillons à ce que la nôtre progresse. Le progrès d’un membre du Corps, même le plus petit, fait progresser tout le Corps.

Réécoutons maintenant ensemble ce texte de la Lettre aux Hébreux :

en Jésus, le Fils de Dieu,

nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a traversé les cieux ;

tenons donc ferme l’affirmation de notre foi.

En effet, nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché.

Avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde

et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours.

Je n’ai rien dit de l’évangile ni de la première lecture. Mais le grand-prêtre qui a traversé les cieux, de la Lettre aux Hébreux, n’est-il pas ce Fils de l’homme dont parle l’évangile, celui qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude » ? Tout se tient dans notre foi chrétienne. Tenons ferme l’affirmation de notre foi et, quoi qu’il arrive, nous serons sauvés et nous entraînerons les autres vers le salut que le Seigneur offre à tous !