Dimanche de la Trinité

année B

Scourmont, 30 juin 2021

Dn 4, 32-34.39-40 : Ps 32, 4-5, 6.9, 18-19, 20.22 ;

Rm 8, 14-17 ; Mt 28, 16-20

 

La Trinité se révèle en agissant en nous 

1. Entendre et écouter

« Est-il un peuple qui ait entendu comme toi la voix de Dieu parlant du milieu du feu, et qui soit resté en vie ? » Moïse adresse cette demande au peuple. Il ne dit pas « Avez-vous écouté le Seigneur ? » ; non, il demande : « Est-il un peuple qui ait entendu comme toi la voix de Dieu ? » C’est un moment essentiel dans le processus de la foi : entendre la voix de Dieu. Il me semble qu’il pourrait y avoir un malentendu à ce sujet. On dit facilement qu’il faut écouter le Seigneur, être à son écoute ; c’est vrai, bien sûr. Mais ce n’est pas parce que nous écoutons le Seigneur qu’il nous parle ; au contraire, souvent, il garde le silence. Mais il peut arriver, il arrive que le Seigneur parle sans que nous nous y attendions ; nous l’entendons alors nous parler. Ces moments peuvent être très brefs, mais aussi très forts. Il nous revient ensuite de reconnaître sa voix, d’écouter ce qu’il nous a dit, de le ruminer, de l’approfondir, et de le mettre en pratique, en particulier, par la foi.

 

2. Entendre et croire ; foi et renoncement

C’est la parole du Seigneur, entendue, qui fait naître la foi en nous. Le Père nous dit : « Voici mon fils », et nous disons « Amen ! » En même temps, il nous donne son Esprit pour que nous puissions entrer dans sa vie, nous plonger en Lui, être baptisés « au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ». Et nous ressortons du baptême fils de Dieu. Il ne nous reste plus, alors, qu’à nous comporter en fils de Dieu, seulement en fils de Dieu. Qu’est-ce à dire ? Je l’ai déjà répété souvent : le fils, c’est celui qui est engendré par un père, qui reçoit de son père son identité propre de fils. Si nous voulons être seulement fils de Dieu, si nous voulons pouvoir crier en vérité : « Abba ! c’est-à-dire : Père », il nous faut laisser, abandonner tout ce qui ne vient pas de ce Père, à commencer par notre volonté propre. En d’autres termes, il s’agit de nous convertir à Dieu. Moïse disait au peuple : « Tu garderas les décrets et les commandements du Seigneur que je te donne aujourd’hui. » Jésus disait à ses disciples : « Apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. » Voilà la seule justification d’une vie de renoncement, d’une vie ascétique : renoncer à tout ce qui n’est pas Dieu pour devenir seulement frère du Fils de Dieu, et, en lui, fils du Père, dans la communion de l’Esprit d’amour.

3. L’œuvre de l’Esprit

Tout ce travail, c’est, en effet, le fruit de l’Esprit saint : « C’est l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » Comment un être humain aurait-il pu imaginer, inventer une telle forme de vie ? Dieu nous demande de le rejoindre dans sa vie divine ; et comme elle est totalement inaccessible à nos forces humaines, il vient prendre notre nature, se mettre à nos côtés pour faire le travail avec nous. Pas sans nous, car il nous respecte trop, il respecte trop son image en nous pour nous imposer quelque chose. « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

4. Héritiers de Dieu

Et nous savons que tout ne s’achève pas sur cette terre : « Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si du moins nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire », selon les mots de saint Paul. C’est à entrer dans la gloire du Père que nous sommes appelés, et cela se fait tout simplement, si l’on peut dire, si l’on est devenu frère du Christ. Alors, on devient héritier avec lui du Royaume. On pourrait dire que, pour nous, la porte pour entrer dans la gloire, pour rejoindre la vie du Père, c’est le Christ. « Je suis la porte. Celui qui entrera par moi sera sauvé » (Jn 10, 9).

5. Une condition : la souffrance

Mais il y a une condition pour partager cet héritage du Christ : nous serons « … héritiers avec le Christ, si du moins nous souffrons avec lui… » La souffrance semble bien être le passage obligé pour partager la joie de Dieu. Jésus ne l’a pas évitée ; il a souffert jusqu’à la mort sur la croix. « Si quelqu’un veut venir à ma suite, … qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive… Qui perd sa vie à cause de moi la sauvera » (Mt 6, 23-24). Nous sommes appelés à partager la gloire divine en passant par la souffrance jusqu’à la mort avec le Christ. « Si nous souffrons avec lui, avec lui nous régnerons. » Ce n’est pas très réjouissant si nous considérons la souffrance en elle-même, mais si la souffrance est la condition pour être uni à Dieu, et si lui-même nous soutient dans l’épreuve, alors nous pouvons l’affronter.

6. La Trinité

Je n’ai pas encore prononcé le mot de Trinité, que nous fêtons en ce dimanche. J’ai simplement essayé de suivre les lectures que nous propose la liturgie. Lex orandi, lex credendi. Ce que nous enseigne la prière liturgique, c’est cela notre foi. En effet, la Trinité ne se révèle que lorsqu’elle se manifeste dans notre vie chrétienne. Nous pouvons réfléchir au Père, au Fils, à l’Esprit. Mais ce que nous dirons d’eux n’est finalement que déduction du rôle qu’ils jouent dans notre vie chrétienne, depuis les débuts de la foi et jusque dans la gloire éternelle.

Restons à l’écoute de Dieu, Père, Fils et Esprit, prêts à entendre ce qu’il peut nous dévoiler aujourd’hui, par cette liturgie, par les rencontres que nous aurons, par tout ce qu’il fera en nous au plus profond de notre cœur par son Esprit, qui nous fait dire, à la suite de Jésus : « Abba ! Père ! »