A 15 MATTHIEU 13,01-23 (15)

Scourmont : 16.07.2023

       

Frères et sœurs, la Parole de Dieu de ce dimanche nous apporte un message d’espérance. Dans ce monde qui est le nôtre, nous en avons bien besoin. Nous avons tout d’abord écouté un extrait du livre d’Isaïe (55,10-11). Le prophète s’adresse à des croyants qui doutent parce qu’ils ne voient guère se réaliser les promesses entendues. Pour les Hébreux, tout va mal et ils commencent à désespérer. Ils ont été déportés en exil sur une terre étrangère. Alors le prophète leur apporte un message de consolation. Pour cela, il utilise une comparaison que tout le monde peut comprendre : « Quand la pluie et la neige abreuvent la terre, la semence ne peut que pousser et donner du pain à celui qui mange. De même la parole de Dieu ne lui revient pas sans produire du résultat. Elle accomplit toujours sa mission » (55,10-11). Elle fait ce que Dieu veut. La pluie que le Dieu créateur donne à la terre fait germer la semence, mais sa parole fait aussi germer un monde nouveau.

Il nous appartient d’être vraiment à l’écoute de cette parole et d’en tirer les conséquences. Si Dieu nous parle c’est pour notre bonheur. Il ne demande qu’à nous rejoindre, mais il ne va pas forcer notre porte car il respecte notre liberté. Le Christ se présente à nous comme le « Verbe » de Dieu, la Parole de Dieu. Son ministère est celui de la réconciliation. Le « Verbe fait chair » n’est pas retourné au Père « sans résultat », sans avoir accompli son ministère de réconciliation.

C’est aussi cette bonne nouvelle que nous annonce la lettre aux Romains (8,18-23). La Parole de Dieu vient changer le cœur de l’homme. Elle tend à reconstituer la création qui se désintègre sous l’effet du péché. Cette lettre nous dit que l’Évangile est puissance de Dieu pour le salut de tout croyant » (Rm 1,16). Il est très important que nous soyons convaincus de cette force vitale est présente dans la Parole de Dieu. Jésus se compare à une semence. Elle-même n’a rien de très impressionnant. Et pourtant, elle renferme une capacité de vie remarquable. Elle est capable de donner naissance à une grande plante malgré les obstacles qu’elle rencontre. De même, la Parole du Christ est une force vitale capable de changer le monde. Ce ne sont pas seulement les hommes qui sont appelés à renaître de l’eau et de l’Esprit. L’univers matériel connaît ce même enfantement douloureux pour participer à cette création renouvelée.

Dans l’Évangile, Jésus nous raconte la parabole du semeur. Ce récit, nous le connaissons bien parce que nous l’avons entendu plusieurs fois. Mais il ne faut surtout pas le lire comme une leçon d’agriculture. Cet Évangile nous parle d’abord de Dieu et de nous. Il s’agit d’un Dieu qui « sort » parce qu’il a choisi d’ensemencer la terre. Cette semence c’est sa Parole. Elle nous dit tout l’amour de Dieu pour le monde. Dieu la répand avec une générosité extraordinaire. Il cherche à rejoindre tous les hommes, sur tous les terrains, y compris ceux qui se trouvent dans les situations les plus désespérées. Son message de salut est proclamé pour le monde entier, même dans les endroits les plus insolites. N’oublions pas que les paroles de Jésus sont celles de la Vie éternelle.

Jésus nous parle de quatre terrains différents, le bord du chemin, le sol pierreux, le sol envahi par les mauvaises herbes et enfin la bonne terre. Ces terrains bons ou mauvais, c’est chacun de nous. D’un côté, nous avons l’homme au cœur dur. Il refuse la Parole de Dieu car elle ne l’intéresse pas : « La charité, le pardon, l’aumône, très peu pour lui. Il gagne sa vie honnêtement. Que les autres en fassent autant. La Vierge Marie, les anges, les saints, ce sont des fables ». Le deuxième terrain, c’est celui qui manque de profondeur. Il a accueilli la Parole avec joie, mais un jour, tout s’arrête : « La Parole de Dieu est vraiment merveilleuse. Jésus est super. L’entraide universelle, c’est formidable. Mais pour l’instant, il a autre chose à vivre : la vie est si courte ; repassez plus tard ».  Le troisième terrain, c’est celui qui est envahi par les mauvaises herbes. C’est celui où nous nous laissons envahir par les soucis de la vie et la séduction des richesses : « Pensez-vous que j’ai du temps à perdre avec la messe et les prières. J’ai d’autres urgences. J’ai ma famille à faire vivre. Je ne peux pas négliger ma carrière. J’ai un travail exigeant et j’ai aussi besoin de loisirs ». Nous avons là bien-sûr des pièges qui nous détournent de Dieu. Il n’est pas le premier servi, mais le dernier de nos soucis. Et encore : existe-t-il ?

Puis nous avons la bonne terre. Le grain peut y prendre racine et se développer. Cette terre, c’est l’homme qui reste ouvert à la Parole de Dieu. Il s’en nourrit chaque jour et il la met en pratique dans toute sa vie. Sur un terrain favorable, elle ne peut que produire du fruit. Ces fruits, ce sont la conversion, la transformation de toute une vie. Ce sont la charité, l’écoute, le pardon. C’est l’engagement auprès des gens les plus mal pris. C’est la justice, la solidarité, le soin du pauvre. C’est la prière, la foi, la spiritualité. Ils sont nombreux ceux et celles qui peuvent dire : « Il a changé ma vie ». Quand l’Esprit Saint est là, le résultat est extraordinaire.

À la suite du Christ, nous sommes envoyés pour être des semeurs de la bonne nouvelle et pour proposer l’Évangile aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui. Nous avons tendance à nous lamenter sur les églises vides alors que les supermarchés sont pleins. Être missionnaire c’est aller sur tous les terrains, vers les croyants mais surtout les non croyants et les mal croyants. Le Christ veut les sauver tous. À sa suite et avec lui, nous sommes envoyés pour semer à profusion. Il ne s’agit pas de faire croire mais de dire et de témoigner de la foi qui est en nous. Même si nous n’en voyons pas les résultats, rien ne peut empêcher la Parole de Dieu de produire du fruit à longue échéance. L’amour du Christ fournit à l’homme ce dont il a besoin pour porter de bons fruits.

Bref, les textes de la Parole de Dieu de ce jour évoquent tous la démesure. Dieu ne doute pas une seconde de la fécondité de sa Parole. La création gémit dans les douleurs de l’enfantement, mais la gloire de Dieu se révélera bientôt en elle. Quant au semeur de la parabole, il gaspille carrément la semence. Ni la nature des terrains ni les accidents qui pourraient menacer le grain ne le tracassent. Les oiseaux voraces, le sol pierreux, le soleil brûlant, les ronces, peu importe. Dégagé de tout souci de rendement, il sème à tout vent, le cœur libre. « Semez, semez, semble dire Jésus, il en germera toujours quelque chose ! » Fol optimisme, diront les sages trop sages. Mais dans son intrépide folie, les yeux fixés sur l’infinie générosité de son Père, Jésus exalte la joie des semailles.

Le Fils sait bien que l’amour court le risque d’être refusé, mais rien ne freine son élan. Il annonce le Royaume à tous, parce que le Père l’envoie vers tous les hommes sans exception. Il sait que l’Esprit habite la terre, toute la terre, et qu’en son temps, d’une manière que Dieu seul connaît, la terre donnera son fruit. Il suffit d’être patient.

Puis-je entendre cela ? Si j’écoute distraitement, même ce que j’aurai entendu me sera enlevé. Mais si j’écoute vraiment, j’entendrai bien plus que ce que mes oreilles ont capté.

Que la Vierge Marie nous apprenne, par son exemple, à accueillir la Parole de Dieu, à la garder, et à la faire fructifier en nous et chez les autres.