A SACRÉ-CŒUR MATTHIEU 11,25-30 (3)

Scourmont : 16.06.2023

« Personne ne connaît le Père sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler » (Mt 11,27).

Frères et sœurs, prenons-nous la mesure des implications d’une telle affirmation,/ dans notre monde qui se désintéresse chaque jour davantage du Christ des Évangiles/ pour se tourner vers les mille et une idoles de notre temps?

Dieu visite son peuple pour se révéler en se donnant à lui, et celui-ci se détourne de lui avec indifférence, lassitude et ennui. Bien plus, on lui ouvre un procès : pour d’aucuns, ce Jésus n’était en fait qu’un zélote qui a mal tourné et dont Paul a fait un fondateur de religion ; ou un Avatar annonçant l’entrée dans l’ère du Verseau…

Solitude infinie de Jésus : « Voici ce Cœur qui a tant aimé le monde, et qui ne reçoit en échange, qu’ingratitude et mépris ». Cette douce plainte du Cœur de Dieu recueillie par Sainte Marguerite-Marie Alacoque, résonne tout au long de l’histoire et nous atteint de plein fouet en ce début de troisième millénaire.

On attendait Dieu dans le faste, l’éclat, la gloire et la puissance ; il est venu dans la discrétion, l’humilité, la pauvreté, la petitesse et la douceur. « Le Verbe était dans le monde, et le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli » (Jn 1,10-11). Pourtant inlassablement il appelle : « Venez à moi, et moi je vous procurerai le repos » (Mt 11,28). Aucune colère devant nos abandons répétés, aucun ressentiment pour nos indifférences : tout simplement il nous propose son aide, nous invite au repos, nous exhorte à la confiance : « Devenez mes disciples et vous trouverez le repos » (Mt 11,29). Jésus, doux et humble de cœur, appelle à lui tous les petits : c’est à eux que le Père, dans sa bonté, veut révéler son Fils.

Qui peut comprendre une telle folie ? Ni « les sages ni les savants », mais les « tout-petits », car c’est à eux que le Père a révélé ce mystère. Mais comment faire pour devenir un « tout-petit » ? La réponse de Jésus est claire : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau » (Mt 11,28) : venir à lui tel que nous sommes. Nous demandons souvent pourquoi le Seigneur permet telle ou telle épreuve dont le poids nous étonne ; peut-être espère-t-il qu’à travers elle s’ouvrira pour nous un chemin de conversion libératrice,/ qui nous conduira à nous détourner des sirènes de ce monde/ pour nous tourner vers le Dieu humble et caché,/ qui n’attend qu’un geste de notre part pour faire de nous ses fils adoptifs et ses héritiers.

« Tout m’a été confié par mon Père » (Mt 11,27). Mais les hommes trouvent les dons de Dieu dérisoires. Pourtant, ce n’est pas nous qui avons eu l’initiative de l’amour, c’est Dieu qui nous a aimés le premier, en nous envoyant son Fils. Depuis que le Verbe s’est fait chair, l’Amour s’est fait Cœur ; bien plus : Dieu continue à nous dire son amour à chaque battement de son Cœur eucharistique dans tous les tabernacles du monde. Cet amour de Dieu se montre fidèle tout au long de l’histoire.

S’il est une urgence de justice, c’est bien de rendre à Dieu amour pour amour et de lui témoigner notre gratitude par nos « visites au Saint Sacrement » où il nous attend comme l’Époux attend l’Épouse. Pour l’en remercier, nous pouvons pratiquer l’heure sainte. L’heure sainte est une pratique consistant à réserver une heure à la prière pour rester en présence de Dieu. Que l’on prenne quelques minutes ou une heure pour un temps d’adoration, il est bon d’avoir ce verset biblique en tête lorsque l’on se trouve devant Jésus présent dans l’eucharistie : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20).

Et s’il est une urgence de la charité envers nos frères, n’est-ce pas d’intercéder auprès de notre Sauveur, pour tous les pécheurs que nous sommes qui méconnaissons le don de Dieu et refusons d’emprunter le chemin de la miséricorde ?

Mère Teresa a dit : « En 1963, nous faisions une heure sainte ensemble hebdomadaire mais ce fut seulement en 1973, lorsque nous avons commencé à faire notre heure sainte quotidienne que notre communauté a commencé à grandir et à prospérer ». Il en sera de même pour nous.

Pierre Teilhard de Chardin priait ainsi :

« Seigneur, enfermez-moi au plus profond des entrailles de votre Cœur. Et quand vous m’y tiendrez, brûlez-moi, purifiez-moi, enflammez-moi, sublimez-moi jusqu’à la satisfaction parfaite de vos goûts, jusqu’à la plus complète annihilation de moi-même. Amen ».