A PÂQUES 06 JEAN 14, 15-21 (12) Scourmont : 17.05.2020

Frères et sœurs, quand nous lisons le livre des Actes des apôtres, nous y découvrons comment la bonne nouvelle de l’Évangile s’est répandue. La croix du Christ a porté des fruits qui demeurent. Elle a donné de l’audace et de l’assurance aux disciples qui ont répandu la bonne nouvelle du Christ mort pour nos péchés mais ressuscité pour notre vie. Cela ne s’est pas passé sans persécution. Il y a eu la mort du diacre Étienne (Ac 7,54-8,1). Mais rien ni personne n’a pu arrêter la progression de la parole de Dieu. Le diacre Philippe est envoyé à Samarie, non pour s’y cacher, mais pour y prêcher (Ac 8,5-17). Tout cela, il l’accomplit en lien avec ceux qui lui ont confié cette mission. Ces derniers viendront de Jérusalem pour authentifier son apostolat.

 

Tout le monde sait que la Samarie est une région méprisée. Les juifs pieux évitaient de fréquenter les Samaritains et de leur parler. Ces derniers étaient considérés comme des infidèles au Dieu d’Israël. Mais touchés par la grâce, ils se convertissent et se font baptiser. C’est une Pentecôte pour les Samaritains. Nous devons rendre grâce pour les hauts faits de Dieu. À ses yeux, personne n’est irrécupérable. Comme Philippe, nous sommes envoyés pour accomplir des gestes qui guérissent, qui libèrent, qui relèvent et redonnent vie et espérance.

Dans la seconde lecture (1 Pi 3,15-18), c’est Saint Pierre qui s’adresse à des chrétiens qui se heurtent à la calomnie et à la persécution de la part de leurs adversaires. L’apôtre leur indique la ligne de conduite à tenir. Ils ne doivent jamais renoncer à témoigner de leur foi. Mais ils doivent réagir avec douceur contre les attaques en respectant leurs ennemis. Au moment où il écrit sa lettre, certains chrétiens ont renié leur foi car ils ont eu peur du danger. En écoutant ce message de Pierre, comment ne pas penser aux nombreux chrétiens d’aujourd’hui qui sont également persécutés à cause de l’Évangile ? C’est dans ce monde tel qu’il est que nous avons à témoigner de notre attachement au Christ, aussi bien par nos paroles que par notre vie droite. Et c’est pour remplir cette mission que le Seigneur nous envoie l’Esprit Saint.

C’est cette promesse que nous avons entendue de la part de Jésus au moment où il se prépare à « passer de ce monde à son Père » (Jn 13,1). S’adressant à ses disciples, il leur dit : « Je prierai le Père et il vous donnera un autre défenseur qui sera pour toujours avec vous » (Jn 14,16). La question de l’absence de Jésus est omniprésente en ce sixième dimanche de Pâques. C’est une des caractéristiques de l’Église qui chemine entre la résurrection du Christ et la parousie, entre le déjà-là du salut et le pas-encore de son plein accomplissement. Aux chrétiens de découvrir que le Christ se rend présent par l’Esprit. Ce défenseur, l’Évangile de Saint Jean l’appelle « le Paraclet ». Dans le monde juif le paraclet c’était le notable qui s’interposait entre le juge et l’accusé. C’était un homme au-dessus de tout soupçon qui était écouté et respecté ; il avait la possibilité de casser une condamnation et de faire libérer l’accusé sous sa responsabilité et au nom de sa propre réputation.

L’Esprit Saint est pour nous ce Paraclet, ce défenseur qui intervient quand nous somme mis en accusation au nom de notre foi. Nous le voyons, tous les jours l’Église est tournée en dérision dès qu’elle prend position contre des orientations qui sont contraires à l’Évangile du Christ. Mais l’Esprit Saint intervient pour nous conseiller, nous encourager, nous consoler et nous soutenir dans les moments difficiles de notre vie. Il nous pousse inlassablement au sursaut et à l’initiative libératrice. Il nous pousse à intérioriser le message du Christ, ce qui ne va pas sans combat.

L’apôtre Pierre nous dit que nous devons être toujours prêts à nous expliquer devant ceux qui nous demandent de rendre compte de l’espérance qui est la nôtre. Mais pour répondre à cet appel, nous avons besoin, nous aussi, de l’Esprit de Saint. Il est là, du côté de ceux qui sont attaqués à cause de leur foi en Jésus-Christ. Il intervient aussi quand nous sommes confrontés à nos propres faiblesses, quand nous disons : « Je ne suis pas capable », il nous dit : « Vas-y, ne crains pas, je suis avec toi » (Mt 28,20). 

Être disciple du Christ, c’est accueillir l’Esprit Saint, l’écouter, nous laisser guider par lui. Le missionnaire c’est celui qui est envoyé pour annoncer l’Évangile. Mais comme le diacre Philippe, il découvre que le Seigneur l’a précédé dans le cœur de ceux qui sont sur sa route.

Cette annonce du Royaume de Dieu doit être joyeuse. Il s’agit d’une bonne nouvelle : Dieu nous invite au « festin des noces » (Mt 22,2) ; c’est une invitation au bonheur et il faut que cela se voit dans notre vie pour que ce soit crédible. Nous ne sommes pas invités à un enterrement mais à des noces.

Ce dimanche nous sommes à quelques jours de la Pentecôte. Nous serons invités à accueillir l’Esprit Saint et à répondre à l’amour du Christ qui s’est donné pour le salut du monde. Prions-le pour qu’il nous transforme au plus profond de nous-mêmes, pour nous aider à vivre et à aimer comme lui et avec lui. Amen.