23 avril 2021 -- vendredi de la 3ème semaine de Pâques

Ac 9, 1-20 ; Jean 6, 52-59 

H O M É L I E 

          Lorsqu'on parle de conversion, nous pensons spontanément au passage d'une vie de péché à une vie de vertu.  Cela n'est cependant pas toujours le cas.  La conversion est quelque chose de plus profond.  Tout processus de croissance implique une conversion.  Dans le cas de Paul, la conversion a été une réorientation de son énergie. 

 

          Paul n'était pas un criminel.  Il n'était pas un pécheur.  Il était, au contraire, un homme très religieux.  Il était un fidèle de Jahweh, un strict observateur de la loi, membre de la plus stricte école du Judaïsme.  Et parce qu'il était si radicalement engagé à sa cause religieuse, il était prêt à persécuter, même à mettre à mort, au nom de Dieu, tous ceux qu'il considérait les ennemis de Jahweh. Son problème était de penser qu'il possédait la vérité, qu'il possédait Dieu.  Il n'y avait aucune faille dans ses certitudes, aucune hésitation dans son engagement, aucune ombre de doute dans ses décisions.  Il était certain de voir ce que les autres ne pouvaient pas voir. 

          À nous aussi la conversion se présente lorsque Dieu entre dans nos vies de façon inattendue; à un moment, dans une place et d'une manière que nous n'aurions jamais soupçonné.  Il nous rend aveugles – aveugles à l'égard de nos certitudes et de l'image que nous avons de nous-mêmes, de nos images de Dieu et des images que nous avons des autres.  Si nous sommes alors assez humbles pour dire:  "Qui es-tu, Maître?", Il se révèle à nous d'une nouvelle façon et nous devenons une personne nouvelle, et nous commençons à voir le Christ dans des personnes en qui nous ne le voyions pas auparavant.  Tout et tous acquièrent alors une nouvelle beauté. 

          Toute conversion commence par les yeux.  Lorsque nous voyons d'une façon différente, nous comprenons et nous aimons aussi d'une façon nouvelle.  

Armand Veilleux