21 avril 2020 – Mardi de la 2ème semaine de Pâques

Ac 4, 32-37;  Jn 3, 7-15

  

H O M É L I E

 

            Depuis hier nous lisons à l’Évangile le récit de la rencontre de Jésus avec Nicodème, dont nous entendrons la suite au cours des prochains jours. C’est dire l’importance de ce récit en ce temps pascal. 

            Le récit des Actes des Apôtres, que nous avons comme première lecture tout au long de cette semaine nous montre ce petit groupe d’Apôtres et de Disciples de Jésus, qui, lorsqu’ils furent remplis de l’Esprit Saint qui leur fut communiqué par Jésus après sa Résurrection, passèrent subitement d’une foi qui était tout aussi ambigüe que celle de Nicodème à une foi courageuse et totale.  Dans la lecture d’aujourd’hui nous les voyons mettre tout en commun avec un certain enthousiasme. La suite du récit nous montrera que ce ne fut pas toujours aussi facile et aussi absolu.

 

            Peu de temps avant la mort de Jésus, alors que celui-ci avait déjà annoncé sa passion, les Apôtres discutaient encore entre eux pour savoir lequel aurait la première place dans son royaume, lequel serait premier ministre, ministre des finances, ministre de ceci ou de cela (abbé, prieur, cellérier...).  Ils étaient encore tout centrés sur leurs désirs individuels.  Ils étaient un groupe d’individus qui suivaient Jésus avec une foi réelle, mais une foi encore ambigüe.  Ils voulaient se donner à Jésus, mais ne pas se perdre.  Ils recherchaient des honneurs et des intérêts personnels.  Maintenant, transformés par l’Esprit, ils sont devenus une véritable communauté, une véritable Église.  Ils n’ont pas peur de tout donner, de tout risquer pour le nom de Jésus. Après avoir été mis en prison pour avoir prêché le nom de Jésus, ils se remettront à le prêcher dès qu’ils seront mystérieusement délivrés de la prison durant la nuit.

Et le calendrier liturgique nous fait célébrer aujourd’hui la mémoire d’un grand moine de la fin du 11ème siècle, légèrement antérieur aux fondateurs de Cîteaux et pratiquement leur contemporain, saint Anselme.  Son parcours est symptomatique de l’universalité de l’Église de la grande période grégorienne : né à Aoste, au Piedmont, Anselme devint archevêque de Cantorbéry après avoir été moine au Bec en Normandie.  Nous connaissons tous la phrase latine qui caractérise son approche théologique et spirituelle : fides quaerens intellectum  (la foi cherchant la compréhension).  Le moine, comme tout chrétien, est d’abord un croyant, c’est-à-dire quelqu’un qui a mis sa foi dans le Christ ; mais un croyant qui veut connaître le Christ pleinement, qui veut donc le « comprendre », d’une compréhension ou d’une intellectio, qui implique aussi bien l’intelligence que le cœur. Les deux ne peuvent d’ailleurs être séparés, puisqu’il s’agit d’une intelligence du cœur.                    

           

           

Armand Veilleux