4ième dimanche du carême   A

 

Avec le récit de l’aveugle-né,

l’Evangile que nous venons d’entendre

nous parle de la cécité corporelle.

Mais cet évangile

nous parle aussi de la cécité spirituelle.

Cela nous ne le comprenons qu’à la fin de l’évangile avec l’aveuglement des pharisiens.

Ce passage d’évangile commence par une question des disciples :

« rabbi, pourquoi cet homme est-il né aveugle ?

Est-ce lui qui a péché ou bien ses parents ? »

Cette manière de voir les choses était courante

à l’époque.
C’était l’opinion, en  ce temps-là,

qui voulait qu’il exista un lien entre une infirmité

et le péché.

À cette question Jésus répond en balayant cette soi-disant croyance de façon inattendue :

« Ni lui, ni ses parents n’ont rien à voir

avec cette infirmité. 

Mais c’était pour que les œuvres de Dieu

Se manifestent en lui. »

Une infirmité ne résulte pas nécessairement

d’un péché.

Mais,

les infirmités physiques ou morales, ou spirituelles sont l’occasion pour Dieu de manifester sa bonté, sa miséricorde.

« Tant qu’il fait jour,

Autrement dit :« tant qu’il y a la lumière…

Jésus précise :

« je suis la lumière du monde. »

« Tant qu’il y a la lumière

il nous faut travailler

Aux œuvres de Celui qui m’a envoyé. »

Jésus ne dit pas : « il me faut travailler. »
Il emploie le pluriel :

« il nous faut travailler

aux œuvres de Celui qui m’a envoyé. »
il nous faut.. 

Jésus associe ses disciples et par-delà,

l’Eglise qu’il va fonder

et qui sera le Christ continué

et donc,

l’Eglise qui continue par le don de l’Esprit Saint, 

qui continue à nous fortifier dans le sens

de ce que Jésus dit dans notre passage d’évangile d’aujourd’hui :

« Il nous faut travailler aux œuvres de celui qui m’a envoyé. »

Et le Père qui l’a envoyé,

c’est le Père des miséricordes

dont nous en avons une belle illustration avec le père de l’enfant prodigue.

« Tant qu’il fait jour, » dit Jésus,

autrement dit,

« tant qu’il y a la lumière »

« je suis la lumière du monde. »

Et ce qui est propre à Jésus est devenu

le propre de l’Eglise.
C’est Jésus qui le dit dans l’évangile selon S. Matthieu 5,14  en parlant des chrétiens :     « vous êtes la lumière du monde. »

Pour nous conforter Jésus dira :

« celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres….

Non seulement il verra la lumière mais,

c’est Jésus qui parle :’

« Il sera la lumière du monde. »

S’il y  a la cécité physique,

C’est le cas pour notre aveugle-né,

Il y a une autre cécité,

et celle-là Jésus la dénonce.
Il n’y a pas plus aveugle

que celui qui ne veut pas voir.

Jésus vise là, en général, la classe des pharisiens.

Car, ce à quoi les pharisiens tiennent  tout particulièrement,

c’est de garder la main mise sur le peuple.

Que de prescriptions, que de commandements,

que d’interdits                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                        notamment le manque d’activité absolue le jour du sabbat.

Or,     

la guérison de l’aveugle-né se réalise le jour du

sabbat ; ce qui agace les pharisiens,

 nous le voyons bien dans ce passage d’évangile.

Ceux-ci, nous le voyons dans l’évangile d’aujourd’hui,

convoquent  les parents de l’aveugle-né.

« cet homme est bien votre fils. »

Nous avons entendu

la réponse prudente des parents :

« nous sommes certains que cet homme est bien notre fils

eT qu’il est né aveugle.                                                                                                      

mais Comment peut- il voir maintenant,                                                                                                                                                                                          

nous ne le savons pas ;

et qui lui a ouvert les yeux,

nous ne le savons pas non plus.

Interrogez-le,

il est assez grand,pour s’expliquer. »

Ses parents parlèrent ainsi parce qu’ils avaient peur des juifs.

Ceux-ci étaient déjà convenus d’exclure de la synagogue quiconque confesserait que Jésus est  le Christ. 

Ensuite, il y a tout ce dialogue

entre les pharisiens comme aveuglés

et cet homme aveugle de naissance

et qui maintenant guérit répond aux pharisiens qui lui font cette remarque :

« nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là,- sous- entendu- Jésus –

nous ne savons pas d’où il est. »

L’homme guérit leur répond :

« voilà bien ce qui est étonnant !

Vous ne savez pas d’où il est

et pourtant il m’a ouvert les yeux.

Dieu, nous le savons,

n’exauce pas les pécheurs,

mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce. 

Jamais encore on n’avait entendu dire que quelqu’un

ait ouvert les yeux à un aveugle de nais-sance.

Si lui n’était pas de Dieu,

il ne pourrait rien faire. »

Jésus ayant appris ce qui s’était passé retrouve

cet homme et lui dit :

« crois-tu au Fils de l’homme ? »

  Le Fils de l’homme,

c.-à-d. celui qui vient du ciel pour rassembler les hommes et les mener à Dieu.

Jésus en donnant à cet homme la guérison

des yeux du corps va disposer celui-ci

à voir en Jésus ce pourquoi Jésus est sur terre :

Donner aux humains de voir Dieu, non pas avec les yeux du corps

mais avec les yeux de la foi.

A la question de Jésus : 

« crois-tu au fils de l’homme ? »

Le miraculé répond : 

« et qui est-il, Seigneur,

pour que je crois en lui. »
La guérison de la vue corporelle

si essentielle soit-elle pour ce aveugle,

est pour Jésus

l’occasion de l’amener à une autre vision :

la vision de la foi :

« et qui est-il pour que je crois en lui ? »

Jésus lui dit : 

« tu le vois, Et c’est lui qui te parle. »

Il dit : 

«  je crois, Seigneur ! »

Et il se prosterna devant lui. »

Frères et  Sœurs,

Nous vivons ce temps de carême

qui est le temps favorable

pour nous désencombrer  intérieurement ;
pour nous décentrer de nous-même

afin de trouver notre centre dans le Christ.
Là est l’essentiel.

Nous fixer, nous greffer

indissolublement au Christ Jésus,

en ce temps troublé pour l’Eglise.

 À la question que Jésus nous pose à nous aussi, aujourd’hui :

« crois-tu au Fils de l’homme ? »

Puissions répondre du fond de notre cœur

comme l’aveugle-né : 

« je crois, Seigneur ! »